Renouveler la ville est de plus en plus une question cruciale pour limiter l’extension urbaine. D’où l’idée de donner une nouvelle vie à d’anciens bâtiments. Ainsi, la transformation en hôtel quatre étoiles de l’ancien Palais de justice de Nantes, inoccupé depuis son transfert en 2000 dans le nouveau bâtiment réalisé par Jean Nouvel sur l’île de Nantes. Derrière ses façades conservées, le bâtiment du 19e siècle va laisser place à 142 chambres, un espace culturel de 300 m2, un spa-fitness… Toujours à Nantes, on cogite aussi sur l’usage des poubelles : une villa 100 % déchets, pour un hébergement écologique ! Ce projet fou a dû rassembler 4 500 boîtes de conserve, 50 m3 de papier, palettes, carton ou PVC. Le bâtiment sortira en octobre. Pourvu que les déchets ne soient pas trop biodégradables.... Même tendance mais d’une autre ampleur à Paris, avec la transformation des anciens bâtiments de l’hôpital Laennec. C’est un très grand projet visant à déployer des logements sociaux, des résidences pour seniors, un ensemble de bureaux mais surtout, au coeur du site, un aménagement des abords des anciens bâtiments de l’hospice des Incurables (17e–18e), le tout autour d’un immense nouveau jardin public.
Autre temps, autre lieux : à l’heure de l’exposition Dreamlands du Centre Pompidou sur les mondes magiques et effrayants des parcs à thème, la région Ile-de-France vient d’autoriser le lancement du projet Villages Nature, résultat d’un partenariat entre le groupe Pierre et Vacances et Euro Disney. C’est un tournant dans ces secteurs urbains où dominent les investissements privés qui se diversifient en lieux d’habitat. À 6 km d’Euro Disney, dans un parc de 520 ha, Villages Nature tente aussi de jouer la carte écologique et y met les moyens : avec le soutien du WWF et de Biorégional, cinq mille maisons et appartements de tourisme seront clairement orientés écologie, limitant l’étalement du domaine (sic), favorisant l’écomobilité (marche à pied, vélo, cheval...), le tout pour redynamiser la Région dans une période de crise. Les parcs à thème se portent d’ailleurs plutôt bien : le groupe américain Disney vient d’engager la réalisation d’un parc d’attraction à Shanghai, le troisième en Asie après ceux de Hong-Kong et Tokyo.
Au moment où les grands territoires ne cessent de s’imposer, quatre villes bretonnes (Brest, Lannion, Morlaix et Quimper) se sont unies pour réaliser un atlas stratégique. Leur collaboration n’est pas nouvelle. C’est l’achèvement d’un long travail de collaboration qui illustre l’intensité de leurs échanges : cet Atlas des fonctions métropolitaines de l’Ouest breton a été réalisé par l’Agence de développement et d’urbanisme du pays de Brest (Adeupa) ; résultat d’un travail d’un an, il est destiné aux élus des intercommunalités. Cette démarche prouve que la notion de métropolisation réticulaire est une réalité qui permet aussi de dépasser les tensions parfois persistantes, en insistant sur les particularités de chacune des villes : Brest est spécialisée dans le secteur de la mer et de la défense, Morlaix est un acteur régional important pour les transports… Une démarche similaire vient aussi d’être engagée par les agences d’urbanisme de l’espace Rhin-Rhône qui consignent leurs efforts dans une charte commune. Quatre agences sont concernées : Belfort, Besançon, Montbéliard et Mulhouse, se référant au Manifeste de Grenoble de 2005 qui soulignait l’importance des réseaux de mutualisation tout en reconnaissant leur nécessaire contribution à la connaissance de chaque territoire.
La prolifération des expérimentations techniques de logements écologiques ne doit pas faire oublier les démarches visant à faire assurer au logement sa mission principale : un toit pour tous. Un tout récent rapport remis au secrétariat d’Etat au Logement souligne qu’il est important d’adapter le logements aux personnes âgées. Pas loin de douze pistes ont été esquissées à cette occasion, principalement d’ordre juridico-technique ou contractuelles. Une grille serait ainsi à proposer aux concepteurs du bâtiment, permettant d’identifier les conséquences du choix de l’autonomie (vieillir à domicile)… Les bailleurs sociaux (plus de 15 organismes HLM) ont suivi avec un exercice de prospective, Habitat 2022, visant à explorer l’avenir du logement social et à l’adapter aux nouveaux modes de vie : en ajustant par exemple, les parkings au nombre croissant d’achats sur Internet (besoin en zones de livraison). Dommage qu’aucune des deux démarches n’évoque des projets de diversification intergénérationnelle. D’où l’aspect stimulant de cette utopie à Montreuil, près de Paris, la maison des Babayagas, projet de maison de retraite autogérée, citoyenne, écologique qui devrait ouvrir en 2012, refusant vigoureusement la «technicisation » du contact et de l’échange humain. Histoire de rappeler que la ville, même âgée, ça bouge ! www.lamaisondesbabyagas.fr
Décidément, cela bouge vraiment du côté des gares, en France, avec une tendance très nette à en faire de nouveaux lieux urbains à part entière. Certes, avec l’inauguration toute récente de la première gare bioclimatique à Bellegarde-sur-Valserine dans l’Ain, ou d’une autre entièrement HQE à Achères-ville dans les Yvelines (avec panneaux solaires etc.), la SNCF réfléchissant aussi aux murs et barbelés végétaux pour protéger ses voies, on en est encore à des améliorations techniques et surtout marketing. Pourtant, d’autres pratiques beaucoup plus sérieuses se multiplient. Avec le covoiturage que la SNCF intègre à la quasi-totalité de son réseau d’Ilede- France, soit 347 gares sur 381. Outre une page Internet dédiée, la SNCF réserve des places au covoiturage à proximité des gares de la région et accorde des réductions sur les abonnements dans les parkings payants. Puis avec une diversification de l’offre des gares, visant à en réaliser de vrais lieux d’urbanité. On a entendu parler de l’ouverture de services médicaux, mais ce sont aussi des fruits et légumes locaux et de saison qui sont maintenant disponibles dans des gares : Cergy-le-Haut, Chelles- Gournay, Esbly, Gagny, Gretz-Armainvilliers... Une fois par semaine, dans 41 gares franciliennes ainsi qu’en Loire-Atlantique, on peut acheter ses fruits et légumes à des maraîchers et arboriculteurs locaux. Cette tendance à une urbanité des gares prend une tout autre échelle dans le cas d’Osmose qui fait beaucoup réfléchir au moment où Eurorennes démarre. Purement virtuelle, cette station de métro n’existe pas encore. Elle est liée à la consultation d’architecte lancée il y a un an par la RATP visant à penser la station de métro comme un théâtre à ciel ouvert, mettant l’accent sur la culture et le vivre-ensemble, unissant transport et vie urbaine en transplantant la mobilité au coeur de l’espace public.
Toute récente, l’étude publiée par Les Echos a fait largement parler d’elle, dévoilant une carte de l’attractivité des villes françaises assez différente de celles déjà publiées. Peut-être un peu limitée par sa méthodologie et les critères retenus, cette étude n’est pas moins importante pour souligner une réalité largement vérifiée par ailleurs : la place croissante prise par l’attente de service de proximité chez les urbains (Rennes et Nantes ne tirent pas vraiment leur épingle du jeu sur ce plan-là). Il faut dire que d’autres créneaux montants de la compétitivité s’affirment : ainsi, suite à l’annonce par les Nations unies de l’année internationale de la biodiversité, NatureParif, l’Agence régionale pour la nature et la biodiversité, organise un concours pour élire la « Capitale française de la biodiversité ». 80 villes sont maintenant en compétition, et la concurrence est très dure sur ce plan-là en particulier entre Lyon, Angers et Nantes. Une compétition dont la nature a sans doute de quoi se réjouir ! La biodiversité urbaine ne cesse de croître, avec parfois des effets mitigés : si Nantes se félicite du retour de la loutre, Berlin ferme certaines rues à cause de corneilles agressives : les attaques de volatiles contre les passants deviennent si fréquentes que les autorités déconseillent certains trottoirs !
La compétition des tours ne faiblit pas : si la plus haute tour sud américaine sera ouverte en 2012, à Santiago du Chili, elle est battue par Bombay qui va construire la plus haute tour résidentielle du monde : 442 m (117 étages).
Difficile d’échapper aux limites de la démocratie participative urbaine surtout lorsqu’elle concerne un projet de l’ampleur de la Diagonale Cerda (Avinguda Diagonal) traversant la ville de Barcelone. Le référendum consultatif lancé par le maire à la suite de son projet de réforme n’a pas été un grand succès : seuls 10 % des Barcelonais ont voté et 80 % se sont déclarés contre l’opération. La municipalité visait à transformer cet axe de 11 km imaginé par l’urbaniste Cerda, pour les 150 ans de sa naissance. C’est la première fois que les Barcelonais sont consultés sur un projet de réforme urbanistique majeur.
Dévorer la ville, en livre ! Succès croissant, pour le phénomène de bookcrossing dans toutes les villes du monde, consistant à déposer un livre n’importe où (dans un abribus, un lieu public...) pour permettre à d’autres personnes de le lire. Cette initiative des plus originales fonctionne depuis déjà longtemps, mais rencontre un engouement croissant grâce aux réseaux sociaux internet. Voilà une gigantesque bibliothèque urbaine à ciel ouvert et libre d’accès. Mieux encore que l’apéro Facebook, les fanatiques de ce doux sport urbain organisent des rassemblements de lecteur passionnés : qui a dit que lire était une activité solitaire ?