<
>
Contributions
#39
La Fondation Rennes 1 revisite les relations entre l’Université
et les entreprises
RÉSUMÉ > Depuis 2010, la Fondation Rennes 1 développe un programme innovant en direction des étudiants et des enseignants-chercheurs, en lien avec le monde économique. Forte de plus 200 membres, elle a mobilisé à ce jour 6,2 millions d’euros pour financer de nombreux projets, dont plusieurs chaires associant expertise universitaire et ouverture économique. Retour sur une aventure rennaise d'intelligence collective, originale à plus d’un titre.

     En 2008, la loi LRU a offert aux universités la possibilité de créer des fondations de façon très simple. Tout juste élu président de l’Université de Rennes 1, Guy Cathelineau a souhaité que l’établissement s’empare de cet outil. La Fondation Rennes 1 a été pensée dans l’objectif de créer un lieu d’échanges et de discussions entre le monde universitaire et le monde économique. Il a d’abord fallu convaincre en interne et c’est seulement après approbation de l’objet de la Fondation par le conseil d’administration de Rennes 1 en décembre 2009 que nous sommes allés rencontrer les entreprises. Avec une ambition : « rapprocher l’Université de Rennes 1 des entreprises pour favoriser l’innovation et le développement économique », à travers trois missions prioritaires : la valorisation de la recherche, le développement à l’international et l’insertion professionnelle des étudiants.  

     La Fondation Rennes 1 dont la devise est « Progresser, Innover, Entreprendre » a été créée en 2010 après l’engagement des 7 premiers membres fondateurs (Biotrial, Rennes Métropole, Triballat Noyal, Véolia, Crédit Mutuel Arkéa, Orange et Canon). La dotation initiale de 2,4 millions d’euros a permis de mettre en place des actions concrètes au bénéfice des enseignants-chercheurs et des étudiants. Les fondateurs ont rapidement été rejoints par de nouveaux membres : ils sont désormais plus de 200, qui ont porté le fonds de la Fondation à 6,2 millions d’euros. Un équilibre est trouvé entre les grands groupes, les PME et les TPE ainsi que les particuliers qui sont de plus en plus nombreux à soutenir cette initiative. L’ensemble de ces mécènes constitue un formidable réseau sur lequel l’établissement est fier de pouvoir s’appuyer. Des réflexions communes sont menées aussi bien en termes de recherche que sur les formations de demain.  

     En 5 ans, la Fondation Rennes 1 s’est clairement positionnée comme catalyseur entre les entreprises, les 35 laboratoires de recherche et les 29 000 étudiants de Rennes 1. Grâce à la volonté d’un dispositif gagnantgagnant, il a été possible d’une manière particulièrement souple, agile et réactive d’établir des relations de confiance entre les enseignants-chercheurs et les partenaires de la Fondation au bénéfice du plus grand nombre. Ainsi, nous avons multiplié par 6 le nombre de stages dans les entreprises de la Fondation la première année et plus de 140 accords de partenariat de recherche ont été signés avec les entreprises membres. La relation humaine est au cœur du dispositif : en se connaissant mieux, on a envie d’avancer ensemble car on partage les mêmes valeurs liées au développement du territoire. Aider les jeunes à développer leurs projets professionnels et être le plus en amont de l’innovation sont clairement les principales motivations de ces mécènes, considérés comme partenaires privilégiés de l’établissement.   

     Convaincu que les laboratoires de Rennes 1 abritent des « pépites », la Fondation Rennes 1 a, dès sa création, proposé les Rencontres de la recherche. Trois fois par an, les membres se voient présenter les travaux de recherche et découvrent ainsi des innovations susceptibles d’avoir des applications au sein de leur structure. Suite à ces rencontres, de nombreux partenariats ont été mis en place. Ainsi Sanden, entreprise japonaise basée à Tinténiac, a commencé pour 3 ans un projet collaboratif avec les mathématiciens pour la modélisation de compresseurs. Des entreprises de plus petite taille se sont aussi lancées dans ces partenariats : ABC Texture, NG Biotech, Eichrom, etc.

    Les chaires de recherche et de formation de la Fondation Rennes 1 représentent un outil ambitieux qui dynamise un sujet d’intérêt commun entre l’Université et les partenaires. L’économie et le management de l’innovation , l’environnement et l’innovation1 ainsi que l’habitat intelligent et innovation ont été les trois premières chaires créées. Elles permettent d’amplifier des recherches pluridisciplinaires menées dans plusieurs laboratoires de Rennes 1 ; les travaux sont diffusés en interne auprès des étudiants et en externe auprès du monde économique.

     Les Ateliers de l’innovation réunissent plusieurs fois par an les partenaires de la Fondation autour des thématiques des chaires et permettent l’enrichissement mutuel autour de ces sujets. Quatre nouvelles chaires devraient voir le jour en 2016 (RSE, transformation numérique et innovation, mobilité dans une ville durable-smart city, aliment de demain pour la santé, cancer et innovation). Viennent s’y ajouter les chaires d’entreprises qui correspondent à un nouveau modèle dont s’est emparé Cooper Standard en 2015. Ce montage innovant séduit les membres de la Fondation Rennes 1 puisque 7 nouvelles chaires d’entreprises sont actuellement en négociation.

     Pour encourager les universitaires à créer leurs entreprises, la Fondation Rennes 1 leur propose également de consacrer plus de temps à leur projet. Outre la mise en relation avec le réseau, la Fondation les décharge de leur enseignement. à ce jour, 17 projets particulièrement innovants ont été soutenus et sont adossés à la création de trois entreprises : Ionwatt, Diafir et SelenOptics.  

     L’insertion professionnelle des 29 000 étudiants inscrits à l’Université de Rennes 1 est un défi que la Fondation aide à relever grâce à la mise en place d’actions concrètes. Ainsi, 80 formations sont parrainées par les membres de la Fondation. Celle-ci accompagne tout étudiant ayant un projet en lien avec le monde économique. À l’image de Marie Guillerm, qui depuis son Master 1 est soutenue par la Fondation pour le développement de son application My Djogg. Une première campagne de financement participatif dynamisée par la Fondation lui a permis de lever 6 000 euros et Marie consacre ses stages à son projet. 800 étudiants ont ainsi été sensibilisés à l’entreprenariat grâce à la Fondation. De façon personnalisée et pratico-pratique, elle dé- montre aux jeunes que tout est possible et les encourage concrètement dans leurs projets.