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Dossier
#07
La vie difficile
des objectifs chiffrés
RÉSUMÉ > Prendre son courage à deux mains et faire autrement car avec les méthodes habituelles on n’y arrive pas, c’était l’ambition de Rennes Métropole en lançant l’appel à équipes « BBC pour tous en 2012 ». Les équipes volontaires étaient intriguées, mais ne s’attendaient probablement pas à ce que l’acquisition d’une culture professionnelle nouvelle demande autant de temps et d’ouverture d’esprit.

    

Prendre son courage à deux mains et faire autrement car avec les méthodes habituelles on n’y arrive pas, c’était l’ambition de Rennes Métropole en lançant l’appel à équipes « BBC pour tous en 2012 ». Les équipes volontaires étaient intriguées, mais ne s’attendaient probablement pas à ce que l’acquisition d’une culture professionnelle nouvelle demande autant de temps et d’ouverture d’esprit.

     Nous n’avons pas beaucoup de recul sur les démarches de conception et de planification intégrées en France. Elles ont « poussé » sur d’autres terreaux culturels. Leur transfert est un test passionnant d’échanges interculturels. Les acteurs du territoire ont tenté de répondre à des questions de fond : en quoi une approche intégrée permet-elle d’optimiser les projets, en qualité et en coûts ? Quels sont les éléments de la méthode qui peuvent marcher dans le contexte rennais ? Quels sont les aspects de la démarche qui se heurtent à des incompréhensions culturelles ? Quelles sont les adaptations à envisager pour la Bretagne ?  
     Attachons-nous à l’expérience de l’une des neuf équipes participantes au processus PCI.
     Une implication exemplaire de tous les membres a créé des bonnes conditions pour faire émerger une intelligence et une créativité collectives. La négociation des objectifs chiffrés était particulièrement intéressante à observer. À part le niveau de performance thermique imposé, l’équipe était entièrement libre de se donner des objectifs de qualité et de performance dans les autres domaines. Elle les a discutés, négociés et votés lors de la première charrette.

     C’est à ce moment que le rapprochement avec une autre culture, celle de l’évaluation d’objectifs chiffrés, a commencé. En effet, le simple fait qu’il fallait chiffrer ces objectifs posait un problème considérable : comment chiffrer et concilier les objectifs de l’élu qui souhaite un développement durable pour sa commune, ceux du promoteur qui veut former et soutenir les entreprises locales et ceux de l’habitant qui insiste sur la qualité d’usage de son futur logement ?
     Face à la profusion des souhaits, des objectifs communs potentiels ont été regroupés par domaine : thermique, économique, environnemental, spatial et de confort. Un objectif par domaine a été collégialement désigné comme prioritaire. La difficulté a ensuite été de trouver un critère d’évaluation et de lui attribuer une valeur chiffrée (cf. tableau ci-dessus).
     Si cette réflexion sur la manière de vérifier les objectifs a, tout d’abord, pu apparaître comme une perte de temps pour beaucoup de membres de l’équipe, elle a, par la suite, été le fil rouge des décisions de validation. L’abandon ou l’assouplissement d’un objectif était décidé en commun et représentait un exercice appliqué de démocratie de base par lequel l’équipe s’auto-engageait.
     La traçabilité et le concret induits par les objectifs chiffrés ont influencé positivement l’ambiance de travail et la confiance à l’intérieur du groupe. Restera à vérifier quels seront les objectifs qui auront « survécu » jusqu’à la livraison du bâtiment. Cette vérification est indispensable pour crédibiliser une nouvelle méthode de conception !