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Dossier
#38
Le « Rennes bashing » des Bas-Bretons
RÉSUMÉ > Rennes la mal-aimée ! On aime et on a toujours aimé, particulièrement en Basse-Bretagne, vilipender la capitale régionale. Trop étrangère, trop bourgeoise, trop parisienne, trop dominatrice. Bref, pas bretonne ou pas assez bretonne. Pour refermer ce dossier, avec humour, voici un petit florilège des fulminations anti-Rennes.

EMMERDEUSE > « Pour les Bretons, c’est plutôt Nantes la capitale que Rennes. Nantes, c’était la ville de l’industrie, du commerce, de l’aventure portuaire. Rennes c’est la ville des emmerdeurs ! L’Université, les juristes… » Jean-Jacques Goasdoué, cité par Ronan Le Coadic dans L’Identité bretonne (Éditions Terre de Brume/PUR, 1998).

ASSOUPIE > Rennes, « cette grosse bourgade, assoupie dans le ravissement de son jardin public et de son Parlement ». Rennes qui n’est “ qu’une gare sur le chemin de l’exil” vers Paris ou Le Havre. » Maurice Lucas, dans Ouest-France du 22 décembre 2014, à l’occasion de la sortie de son livre La Cornouaille politique 1870-1914, étude sur le berceau de la Bretagne républicaine, éditions Les Indes Savantes.

PARISIENNE > « J’estime (…) que, de Dinard au golfe du Morbihan en passant par Rennes, la Bretagne a été colonisée par les Parisiens. Pour moi, Rennes n’est plus une ville bretonne. Je ne la perçois pas comme le centre de la Bretagne. » Christian Gourcuff dans Ouest-France du 19 janvier 2013.

SNOB > « Ville à fuir, les Rennais sont très désagréables, menteurs, vantards, ville snobe par sa popularité de ville bourgeoise heu faux bourgeois. Beaucoup de punks, clochards, et de fous. Pour les étudiants c’est top car la plupart viennent du nord forcément c’est le top pour eux. Trou à rats. En gros une ville à ne jamais y vivre. Je suis à rennes depuis 4 mois les Rennais vous dévisagent. Je quitte au mois de mai et je n’y mettrais plus un pied. Les murs gris, plein de zup. »

Post signé « Marina » sur le site ville-ideale.com www.ville-ideale.com/rennes, 31 août 2015.

SUFFISANTE > « Je ne plaide pas pour un retour aux temps que j’ai bien connus des bougies et des lampes à pétrole et des cuisinières à charbon ! Je plaide pour que la ville moderne n’écrase pas de sa suffisance une certaine Bretagne qui, sans refuser le modernisme s’acharne à se souvenir de ses racines. » René Cloitre, dans la rubrique « Le Rennes des écrivains », Place Publique n° 27 janvier-février 2014.

POLICIÈRE > « Rennes n’est pas vraiment le cœur de la Bretagne parce qu’en 1793, Rennes était le quartier général de l’armée républicaine de la Révolution française » qui combattait les contre-révolutionnaires. « Et depuis, elle [la ville] est devenue et restée un tribunal, le chien policier qui surveille ces repaires de chiens sauvages. » Jack Kerouac, Satori à Paris, 1967.

INCOLORE > « Rennes, ville du rectorat et de la seule université bretonne d’alors, n’avait pour moi d’autre réalité que celle d’une sorte de métropole où l’on allait passer des oraux d’examen, ce que j’avais fait, et d’où l’on revenait en hâte par le premier train. […] Le nom de Rennes n’exerçait sur moi aucune attraction. Il m’agaçait même un peu comme une faible et incolore transposition de son correspondant breton, Roazhon. » Pierre Jakez Hélias, Le quêteur de mémoire, Plon, coll. Terre Humaine, 1990.

USURPATRICE > « Sachant que l’En Avant Guingamp a explosé le Stade Rennais samedi soir. Nous ne voulons plus que cette ville avec une équipe si pauvre qualitativement parlant reste le représentant officiel de la Bretagne, Guingamp mérite désormais ce titre. » Déclaration de Noël Le Graët, président de la Fédération française de football, au lendemain du match Rennes-Guinguamp en mai 2014.