À Rennes, la Clcv fête cette année ses soixante ans d’existence, tandis que la Cnl a fêté ses trente ans en 2009. L’une trouve son origine dans les associations populaires familiales des années cinquante, l’autre, au niveau national, dans les mouvements de femmes restées seules pendant la Première guerre mondiale. Elles s’étaient constituées en association pour se défendre face à des bailleurs peu scrupuleux. Depuis, chacune de ces associations est bien implantée dans le paysage locatif, notamment dans le parc social, avec une présence au sein des conseils d’administration des bailleurs sociaux.
« Nous avons un rôle de conseil, explique Nicolas Jaffray, délégué départemental de la Clcv. Nous accompagnons les locataires vers une solution à l’amiable en cas de litige. Dans le parc social nous n’allons pas vers l’action en justice. »
Les points noirs qui reviennent le plus souvent : un désaccord sur l’état des lieux, sur les régularisations des charges locatives ou une demande de réhabilitation du logement. « En ce moment, poursuit Nicolas Jaffray, on se bat pour l’installation des détecteurs de fumée. Pour que le texte ne passe pas en l’état, c’est-à-dire une installation à la charge du locataire. C’est un recul, jusqu’ici la sécurité était toujours à la charge du bailleur. »
Du côté de la Cnl, les problèmes récurrents sont les mêmes, mais Maguy Gaillard, présidente de la Fédération 35 insiste sur un point : le gel des loyers. « Ceux qui habitent en logement social ont un pouvoir d’achat qui baisse de plus en plus. On exige le gel des loyers et on sera très attentifs à ce qui va être annoncé au congrès de l’Union à Rennes. Il faut vraiment que de nouveaux moyens financiers soient donnés au logement social. » La Cnl milite également pour la suppression de la loi Molle et du parcours résidentiel du locataire. Un dispositif qui oblige les locataires de plus de soixante ans, dont les enfants ont quitté le foyer, à déménager vers un logement plus petit. Logement qui, selon l’association, serait plus cher, car souvent plus récent.
Enfin, les associations de défense de locataire ont fait de la réhabilitation des logements un enjeu crucial pour les années à venir. Avec l’obligation de réhabilitation des logements de plus de quarante ans notamment. Un enjeu qui, pour Maguy Gaillard, n’engage pas seulement la qualité du logement mais une politique globale de la ville. « Les logements les plus anciens accueillent les foyers les plus pauvres. Résultat, certains quartiers se paupérisent. C’est un cercle vicieux. » Si elle reconnaît une politique de mixité sociale très forte à Rennes, cette politique trouve ses limites dans cette équation. Avec pour seule solution d’avenir: la réhabilitation. « On est à un virage, assure la présidente de la Cnl. On est obligé de le faire et il pourrait aussi y avoir des déconstructions, s’il y a des reconstructions. »