Je procède par séries. Pour ces dernières images, je suis partie de quelques personnes habitant en Hlm à qui j’ai demandé de me présenter quelqu’un d’autre, aussi en Hlm, et ainsi de suite…
Comment investit-on son logement social aujourd’hui? Est-ce un rempart vis-à-vis de l’extérieur? Les écrans s’y multiplient, cela veut-dire que les solitudes aussi se multiplient?… Si j’étais simplement curieuse, je pourrais difficilement dire à quelqu’un: je veux venir chez vous et je souhaite écouter l’histoire de votre vie… Mais l’appareil de photo est une sorte de passeport. Beaucoup de gens tiennent à ce qu’on s’intéresse à eux et ce moyen-là paraît raisonnable (Diane Arbus).
C’est le moment passé avec l’autre qui m’intéresse, l’intimité de l’échange. L’appareil est mon bloc-notes et conserve la trace de ce moment. Je suis toujours dans l’émotion avec les gens que je rencontre, c’est pour cela que je recherche constamment de la distance vis-à-vis du sujet. L’autre est précieux dans sa spécificité, alors j’en garde la trace. En fait, je suis une collectionneuse du quotidien.»
Née en 1960, Nelly Kerfanto vit à Rennes et travaille en Bretagne. Depuis vingt ans, elle photographie les gens chez eux, environ 500 familles à ce jour.
Elle a mis en place des balades photographiques avec des habitants de différents quartiers de Rennes pour le Centre d’information à l’urbanisme (Ciu) et travaille avec les scolaires dans le cadre des ressources éducatives de la ville de Rennes.
Mémoires d’Hlm paru en 1994 aux éditions Apogée et Murs-Murs de Femmes, avec les détenues du Centre Pénitentiaire, sont des publications issues de son travail. Elle a conçu la scénographie du Mipe 2012 (Le Mois international de la photographie éclectique).
Nelly Kerfanto fait partie également de l’équipe de l’association « Photo à l’Ouest » organisatrice du festival « L’image Publique » dont la prochaine édition se tient à Rennes et alentour du 9 octobre au 4 novembre 2012 (programme sur www.photoalouest.info)