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Dossier
#18
RÉSUMÉ > Lieu d’échange et d’expérimentation sur l’écologie et le développement durable, l’écocentre de la Ville de Rennes est installé à la Prévalaye, dans la ferme de la Taupinais restaurée avec des biomatériaux. Chaque jour les élèves des écoles primaires ou les enfants des centres de loisirs viennent s’initier aux écogestes et se familiariser, en voisins citadins, avec le milieu rural.

     Elmer, est la vedette du jour. Les appareils photos de la maîtresse et des mamans accompagnatrices crépitent. Les élèves de grande section, de CP/ CE1 de l’école Mauconseil ne se lassent pas de tailler la bavette au cochon mascotte. Maxime préfère s’extasier devant les chèvres: « Oh, Cabriole fait comme les chats quand elle se gratte! » Dans l’étable, les mains se font curieuses. Hélène, l’animatrice est ferme: « Méfiez-vous des cornes de chèvre! » Elle retient un bout de chou qui s’apprête à caresser le cheval de trait: « Vous devez le respectez, car il mange ». C’est lui qui, en tirant la carriole, a conduit les enfants jusqu’à la ferme de la Taupinais, en plein cœur de la Prévalaye.
     C’est un rituel obligé pour les 2 500 scolaires et les 2 500 usagers des centres de loisirs qui fréquentent chaque année l’écocentre. Une façon de quitter le temps des villes pour celui des champs, avant de faire connaissance avec dame nature. Et, la tâche n’est pas des moindres à en croire Andréa qui clame haut et fort : « Je n’aime pas les animaux. Ils me font peur! ». Avec deux vaches rustiques, des poules, des lapins et quelques chats… il lui faudra peu de temps pour s’habituer à ces nouveaux camarades. Et comme la Taupinais n’est pas une ferme pédagogique à l’instar de la ferme des Gayeulles, Hélène a prévu une activité jardinage.

     « Nous sommes un outil d’écocitoyenneté et de découverte de l’environnement ouvert gratuitement aux publics scolaire du CP jusqu’au CM2 et péri-scolaire des centres de loisirs, principalement rennais », explique Yves Marais, le responsable. Une structure municipale ouverte depuis 2003. « Concrètement, nous rencontrons les enseignants et les directeurs de centres de loisirs pour monter des projets ensemble ». Ici, pas de recettes toutes faites, mais un savoir faire et un partenariat partagés avec les principales associations d’éducation à l’environnement. Citons la Maison de la Consommation et de l’Environnement, Les Petits débrouillards, Eau et Rivières de Bretagne, La Feuille d’Érable, les Éclaireurs et Éclaireuses de France, la Ligue de Protection des oiseaux. Avec l’animateur de cette dernière, les élèves de l’école Pascal Lafaye, jumelles au cou, sont partis à la découverte des passereaux qui peuplent les prairies de la Prévalaye.
     « Nous répondons aux attentes des éducateurs. Les enseignants peuvent souhaiter aborder la question de l’eau, à partir de la découverte des milieux ou celle de la gestion de l’eau domestique, avec la découverte de la station d’épuration voisine par exemple ». Côté centres de loisirs, les rallyes-nature abordent, par le jeu, les écogestes et la découverte faunistique et floristique. Une façon d’apprendre à s’approprier le milieu naturel de façon respectueuse, mais aussi plus inventive que ce que proposent les jeux de plein-air normatifs des squares et parcs citadins.

Vingt projets scolaires suivis à l’année

     Depuis 2004, « l’éducation pour un développement durable » est inscrite dans les programmes scolaires. « Nous accueillons dans ce cadre, vingt projets scolaires par an, à raison de quatre séances d’une journée », explique Yves Marais. Confirmation de Lila qui explique à la maîtresse remplaçante comment, la dernière fois, elle a découvert les petites bêtes de la mare, « les pieds sans chaussettes et dans la gadoue! ». Un sacré souvenir… Hélène a pris la brouette et les outils. Les enfants l’escortent accompagnés par le chant du coq. Dans le jardin, après avoir haussé le ton pour calmer l’excitation latente, le silence obtenu, l’animatrice extirpe de sa boîte, les graines magiques : « des fèves, des petits pois… ».
     Les graines de maïs multicolores circulent de main en main. Avant d’organiser les groupes autour des carrés potagers, elle promet: « Pour ramener à l’école, je pensais à la courgette. Celle-ci est jaune et plus douce que la verte ». « Et du melon? », demande un connaisseur. « Ce n’est pas facile de le faire pousser à l’école », commente la maîtresse. Les enfants se répartissent les taches. Lila trace un sillon, avec un plantoir, pour mettre les graines comme lui a montré Hélène et les recouvre de terre. Maxime les arrose.
     « Ce qui est fait ici, inspire les écoles. Elles cultivent leurs carrés de jardin, mettent en place des composteurs, des récupérateurs d’eau et créent des aménagements pour la biodiversité, telles que des nichoirs pour abeilles solitaires… », confirme Yves Marais. L’attrait pour cet outil est grandissant et la fréquentation ne cesse d’augmenter.

     « 80 % de nos activités sont tournées vers les enfants ». Le reste du temps, les trois animateurs assurent des temps d’échange et de formation en direction des publics relais, des équipes pédagogiques, des animateurs socioculturels… Une façon d’essaimer les connaissances acquises en matière d’éducation à l’environnement.
     Par ailleurs, l’Écocentre met ses locaux à disposition des associations partenaires : « Autant il est simple pour nous de toucher les enfants, en espérant qu’ils seront des relais auprès de leurs parents, autant, toucher les adultes est moins évident. Ce sont les associations partenaires qui assurent le relais, en organisant des conférences, des rencontres et des sorties et sensibilisent ainsi le grand pupublic et un public familial sur les questions de l’eau, d’environnement, de consommation citoyenne… ». Par exemple, Bretagne Vivante propose Fréquence grenouille, la LPO, La nuit de la chouette, la société mycologique de Rennes, une sortie champignon…
     Ce sont autant de découvertes offertes aux Rennais, à conjuguer au temps présent de la ville, pour que la nature agrément ne soit plus considérée comme un simple tableau décoratif, mais bien comme un écosystème. Apprivoiser la microfaune permet de ne plus la craindre et de la respecter, identifier la flore permet même d’en découvrir les plaisirs gustatifs autant qu’olfactifs. Utopique?

     Avec un budget de fonctionnement de 190 000 euros, l’Écocentre de la Taupinais est subventionné par la Ville de Rennes, le conseil général, le conseil régional, et l’ADEME, agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. www.ecocentre.rennes.fr