Il est peu fréquent qu’un projet d’aménagement urbain fasse d’emblée l’unanimité. Est-ce parce que cela fait déjà très longtemps qu’on en parle ? Toujours est-il que la mise en valeur des Portes Mordelaises trouve des alliés de tous horizons, à gauche comme à droite sur l’échiquier politique local rennais, comme sur les bancs de la presse, qui salue dans un bel ensemble ce parti pris à la fois patrimonial et convivial. Car, c’est l’une des caractéristiques du projet présenté en mars dernier et qui devrait être achevé à l’horizon 2020 : il propose à la fois une « mise en monumentalité » des murailles, grâce à la création de douves qui permettront de leur redonner de la verticalité, mais aussi et surtout une promenade urbaine dans un lieu jusqu’ici inaccessible aux Rennais.
« Il s’agit de la première enceinte de la ville, édifiée sur le point haut de la cité. En 2020, nous pourrons la redécouvrir, en offrant un cheminement piéton de la Place de Bretagne jusqu’à la place des Lices, en passant par les Portes Mordelaises ainsi remises en valeur », explique Sébastien Sémeril, premier adjoint en charge de l’urbanisme. Mais l’élu, qui considère le patrimoine comme un art vivant (lire l’entretien page 24), entend bien introduire de la vie au pied des vieilles pierres.
D’où l’idée de « retourner » les terrasses des établissements de la rue Nantaise côté murailles, pour transformer la promenade en lieu de convivialité. Le projet pourrait s’accompagner de la création d’une petite halle à l’extrémité sud, en bordure de la place de Bretagne, qui pourrait accueillir un équipement de quartier, de type ludothèque. Quant aux tours proprement dites des Portes Mordelaises, leur destination n’est pas encore déterminée à ce stade, même si « elles ont vocation à s’ouvrir un jour aux Rennais », confie Sébastien Sémeril.
Pour parvenir à reconquérir ce morceau de ville longtemps délaissé, les services municipaux ont procédé par étapes et ont su se montrer patients, par le biais d’acquisitions foncières successives en gré à gré. Seuls les propriétaires d’un immeuble représentant 5 % du volume total résistent encore, mais la ville a décidé d’engager une déclaration d’utilité publique pour parvenir à ses fins.
Au total, le budget de l’opération s’élève à 5,4 millions d’euros (hors acquisitions foncières), et à plus de 10 millions en intégrant celles-ci. Le prix à payer pour renouer avec un patrimoine longtemps occulté et renforcer la dimension historique du centre-ville, dans une logique piétonne accrue.