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Dossier
#34
Roullier ancre sa recherche mondiale à Saint-Malo
RÉSUMÉ > Le groupe malouin spécialisé dans l’agrofourniture achève la construction de son centre mondial de recherche et développement, sur le port de commerce. Un maillon essentiel de sa stratégie de croissance internationale, qui devrait entraîner des créations d’emplois et renforcer la coopération avec d’autres laboratoires, notamment rennais.

     Certains emplacements ont valeur de symbole. En choisissant d’édifier son centre mondial de recherche et développement sur les quais du port de Saint-Malo, le groupe Roullier adresse un signal en forme de reconnaissance au territoire qui l’a vu naître il y a 55 ans. C’est là en effet que l’aventure de Daniel Roullier a démarré, dans le commerce des engrais et des produits phytosanitaires. Toujours contrôlé par la famille Roullier, le groupe éponyme est désormais présent dans 46 pays, et il affiche un chiffre d’affaires global de plus de 3 milliards d’euros, avec 7 000 collaborateurs.
    Le nouveau bâtiment, qui s’étend sur 8 000 mètres carrés, abritera de nombreux équipements de pointe, comme l’explique Jean-Claude Yvin, le directeur R & D de Timac Agro International, la filiale du groupe directement concernée par cet investissement (lire ci-contre). Parmi ces outils du futur : une serre de phénotypage. Derrière ce terme scientifique se cache le secret de la croissance végétale. L’identification du phénotype d’une plante permet de déterminer les fertilisants les mieux adaptés à son développement. « Notre serre de phénotypage sera doublement unique : tout d’abord, encore aucune entreprise privée n’avait jusqu’ici investi dans un tel équipement, mais elle a en outre été conçue sur-mesure pour répondre à des besoins spécifiques », explique-t-on chez Roullier. Entièrement robotisée, cette serre de 800 mètres carrés s’étend sur deux étages et sera dotée d’un carrousel automatisé, véhiculant 650 pots de plantes allant des postes d’analyse aux chambres de culture. Un outil qui devrait contribuer à la mise au point des fertilisants de demain. Tout en renforçant l’ancrage du groupe international dans son bastion malouin.

Questions à Jean-Claude Yvin, Directeur Recherche et Développement Timac Agro International

PLACE PUBLIQUE : Quel est le montant exact de l’investissement du futur centre de R & D du groupe Roullier ?
JEAN-CLAUDE YVIN :
Il s’établit à 27 millions d’euros, conformément à ce qui avait été indiqué lors de la pose de la première pierre du bâtiment en avril 2014. Nous confirmons également l’ouverture du centre en juillet 2015.

Quels seront les principaux champs de recherche qui y seront explorés ?
Les chercheurs travailleront sur les thématiques de nutrition végétale et animale. Les serres végétalisées (800 m²) et le phénotypage de plantes permettront de faire de la recherche agronomique. Le centre comprendra également les laboratoires de physique minérale, de microbiologie, de chromatographie, d’hygiène et d’échantillonnage. Enfin, il sera doté d’un laboratoire d’analyses physico-chimiques.

Le centre a-t-il vocation à accueillir des chercheurs internationaux et à s’ouvrir vers l’extérieur ?
Au sein du groupe Roullier, 2 000 attachés technicocommerciaux (ATC) sont d’ores et déjà à l’action dans 46 pays. Ils y rencontrent chaque jour 15 000 agriculteurs et éleveurs. Ces ATC ont toujours fait remonter les demandes de développement adaptées aux besoins de leurs clients. À partir de maintenant, le Centre mondial de R & D aura pour mission de rassembler et mutualiser ces demandes, de renforcer et de travailler en synergie au développement de solutions adaptées aux différents sols, différentes cultures et différents climats dans le monde entier. Les chercheurs internationaux apporteront des connaissances complémentaires extrêmement riches.

Combien de chercheurs y travailleront, avec quels profils ?
Le Centre Mondial de R & D accueillera 200 salariés travaillant d’une part sur des activités de recherche, d’analyse et de développement de produits et d’autre part sur des fonctions administratives. Leurs profils sont variés. On y croisera des ingénieurs agronomes, des vétérinaires, des chimistes, des biologistes, des laborantins, des techniciens spécialisés en nutrition animale ou végétale…

L’ouverture du centre malouin s’accompagnera-elle de créations de postes ?
Oui, il y aura 80 créations nettes d’emploi à l’ouverture

Quels liens comptez-vous développer avec les autres structures de recherche régionales, et notamment celles présentes à Rennes ?
Nous collaborons déjà avec des structures rennaises, par exemple avec l’Agrocampus pour des études sur la nutrition végétale et animale. Le groupe travaille aussi avec l’École supérieure de chimie de Rennes, et je siège à son conseil d’administration.

Des chercheurs issus de l’université ou de grandes écoles aurontils la possibilité de bénéficier des équipements de pointe de votre centre ?
Oui, le groupe a décidé d’ouvrir les portes du Centre de R & D et d’en faire une structure d’accueil de 1 à 6 mois pour des chercheurs qui viendront travailler en collaboration avec les équipes et chefs de projets sur place.