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Entretien
#36
Servane Escoffier,
une fille dans le vent
RÉSUMÉ > Issue d’une tribu de marins passionnés, la navigatrice malouine de 34 ans prépare de nouveaux projets après son forfait pour raisons médicales lors de la dernière Route du Rhum. À la barre de son entreprise BG Race aux côtés de son mari Louis Burton, cette jeune maman de deux enfants développe notamment un centre de sélection et d’entraînement pour la course au large à Saint-Malo. Et elle souhaite que la cité corsaire réussisse à concilier les activés du port de commerce avec celles de la plaisance, à la manière des projets urbains réussis dans les grands ports du nord de l’Europe.

PLACE PUBLIQUE : Avant de commencer cet entretien, impossible de ne pas évoquer avec vous la mémoire de Florence Arthaud, disparue tragiquement en mars dernier. Quels souvenirs gardezvous d’elle ?
SERVANE ESCOFFIER : Il m’est difficile de parler de Florence, car je la connaissais finalement assez peu. Même si mon premier souvenir d’elle remonte à l’enfance ! Lorsqu’elle a pris le départ de la Route du Rhum à Saint-Malo en 1990, il faisait un temps de chien. J’étais en famille sur un vieux gréement, j’avais neuf ans et je me disais que ces marins étaient vraiment fous de prendre la mer dans ces conditions ! Je me souviens de son arrivée triomphale en Guadeloupe. Mes parents avaient reçu des amis à la maison, on plaisantait sur la victoire d’une femme dans ce milieu très macho : « maintenant les hommes, vous passez en cuisine » ! Ensuite, je l’ai revue au moment du départ de la Route du Rhum 2010, nous avons réalisé des photos de presse ensemble. Elle dégageait un très fort sentiment de liberté. Mais la vie n’a pas permis que nous nous croisions davantage.

On vous avait quitté sur la mauvaise nouvelle de votre forfait au départ de la Route du Rhum 2014, pour raisons de santé. Aujourd’hui, comment allez-vous ?
De mieux en mieux, merci ! Je suis au bureau tous les jours, je navigue pour le plaisir et j’espère reprendre la compétition très bientôt.

Ce forfait fut une décision difficile à prendre, à quelques semaines de l’événement. Vous vous y attendiez ?
Pas du tout ! Ce fut tout à fait inattendu, nous étions en plein travail pour le départ de la course, mes partenaires historiques me suivaient, nous avions un beau projet, un beau bateau… Cela fait malheureusement partie de la vie d’un marin, même si sur le coup, c’est une nouvelle difficile à avaler. Mais je ne suis pas du style à me lamenter… J’ai eu la chance d’être énormément soutenue par mes proches et mes partenaires. Personne ne m’a tourné le dos, au contraire ! Il y a, à Saint-Malo, des entreprises très fidèles, certaines m’accompagnent depuis 2006. Nous avons été très honnêtes avec tous. Dès le verdict du médecin qui m’a annoncé mon hyperthyroïdie, je les ai informés. C’est mon père, Bob, qui a pris le départ à ma place, tandis que mon mari, Louis Burton, était lui aussi sur la ligne de départ !

Vous évoquez votre famille. À cette occasion, tout le monde a pu découvrir la force du clan Escoffier !
C’est vrai qu’on est une véritable tribu, peut-être plus qu’un clan ! Dans les moments importants, tout le monde est rassemblé et soudé. Il y a mon père, mes oncles, mes cousins, mon mari Louis avec lequel je travaille au sein de notre société de course au large BG Race… Nous sommes tous liés à la mer et à SaintMalo. Il y a aussi ma sœur, qui n’est pas professionnelle de la mer, mais elle nous aide à restaurer le bateau familial, un voilier classique – un magnifique plan Cornu de 14 mètres –, qui était le bateau de mes grands-parents et sur lequel elle a navigué à… trois semaines, et moi à trois mois ! Mon oncle Franck a fait une superbe course – le Triangle Atlantique –, à son bord, en 1975. Mais ce bateau, Bob IV (du nom de guerre du frère de mon grand-père) avait été revendu à la mort de mes grands-parents, et nous avons finalement réussi à le racheter aux enchères sur E-Bay il y a quelques années ! Mon père l’a restauré durant deux ans. Nous avons désormais la joie et la mission de le faire naviguer. C’est une tradition familiale qui nous réunit autour d’une passion commune.

Vous revendiquez tous cet ancrage malouin ?
En fait, même si nous ne sommes pas tous nés à SaintMalo, nous sommes plus Malouins que beaucoup ! On travaille et on crée des emplois ici, c’est important. Mes grands-parents étaient originaires de Cancale et de Morlaix. Enfant, je passais toutes mes vacances à Port-Mer. J’ai grandi en Normandie jusqu’à l’âge de sept ans. J’avais huit ans lorsque nous sommes arrivés à Saint-Malo. J’ai été à l’école Amélie-Fristel, puis au collège Choisy et au lycée Institution. J’ai appris à naviguer ici. Aujourd’hui, j’ai 34 ans, et je trouve ridicule – au risque de me fâcher avec certains – le chauvinisme de quelques-uns. Qui peut encore se revendiquer d’intra-muros aujourd’hui ? L’investissement des habitants pour leur ville n’a rien à voir avec leur ancienneté dans la cité !

Quels souvenirs conservez-vous de cette enfance malouine ?
J’ai eu une chance incroyable : enfant, mon terrain de jeu, c’était la plage du Pont ! J’ai pratiqué de nombreuses activités, pas seulement la voile, car j’en entendais trop parler à la maison ! Entre 7 et 13 ans, les bateaux, ce n’était pas trop mon truc ! Je faisais de l’équitation au club équestre de la Cravache, de la natation avec M. Lemarié, un professeur extra, du volley-ball au Volley-Club de Saint-Malo. J’étais très active, peut-être trop !

Mais l’appel du large se fera quand même sentir. À quelle occasion ?
Nous passions toutes nos vacances sur les bateaux, des vieux gréements. C’était un peu l’ambiance Caravane Pacouli : il y avait toujours du monde, plein d’enfants, on allait dormir sous tente sur les plages. Parallèlement, j’avais commencé les cours au club de voile le mercredi. Au début, je faisais cela comme une activité, puis comme un sport. J’ai commencé à disputer quelques compétitions en Classe 8. J’ai même pris option voile au bac ! Ensuite, j’ai choisi mes études en fonction des spots de navigation : j’ai fait une école de commerce à La Rochelle, des années passionnantes entrecoupées de stages dans le domaine de la voile et dans l’industrie, notamment dans l’écurie de course au large de Mark Turner et Ellen Mc Arthur, sur l’Île de Wight.

Et puis vous allez aussi naviguer avec votre père, lors de la Transat Jacques Vabre en 2003.
C’est vrai, j’ai fait un hold-up sur cette transat ! À l’époque, je suivais un double cursus à Plymouth et je rentrais régulièrement en ferry à Saint-Malo. Je savais que Bob allait faire la Jacques Vabre, mais il n’avait pas encore trouvé son co-skipper. J’avais tout manigancé, en demandant à ma directrice d’études un aménagement du temps pour participer à la course, et en apportant un petit pécule. Sans oublier les super copines qui m’aidaient à préparer les devoirs ! Du coup, mon père a finalement accepté de m’embarquer et nous avons terminé 12e de l’épreuve, j’avais 22 ans. C’est au retour que j’ai fait un stage chez Mark Turner. Durant un an, en 2004-2005, j’ai été assistante sur les projets des grandes courses. C’était à la fois passionnant et très formateur. Au retour, j’ai rédigé mon mémoire sur le sponsoring voile.

Comment vous est venue l’idée de transformer votre passion en métier ?
Je n’ai jamais eu de plan de carrière. En 2005, à la fin de mes études, je fais le Tour de France à la voile avec une bande de copines. Je m’échappe pendant 24 heures avant le départ de la première étape pour acheter un bateau de 50 pieds à Mark Turner, car j’avais eu un accord oral de la part d’un sponsor potentiel pour participer à la Jacques Vabre 2005, mais finalement ce dernier se rétracte. Je me retrouve donc avec le bateau sur les bras et je fais alors le tour des banques pour trouver un financement. Au bout du neuvième refus, je fais un sit-in dans la dernière pour décrocher un rendez-vous ! Le banquier a fini par me recevoir en me disant en substance que si j’étais aussi accrocheuse sur l’eau que dans son bureau, ça pourrait peut-être marcher ! C’est comme cela que ça a commencé : la Jacques Vabre 2005, la Route du Rhum 2006 sur le 50 pieds. Mon premier sponsor, Vedettes de Bréhat – Cap marine, c’est l’entreprise où j’avais effectué mon premier job d’été ! Je termine 2e de la course. En 2007, je fais le tour du monde avec la Barcelona World Race. Je deviens alors la plus jeune femme à avoir couru cette course en double sans assistance et sans escale. On termine 5e !

Vous ne participez pas au Vendée Globe 2008.
Non, faute de sponsors, mais surtout parce que je sortais d’un rythme éprouvant, et je n’avais plus l’énergie nécessaire. En 2009, je navigue surtout en équipage, avec des sudistes, au Yacht-club de Monaco notamment. Je commence aussi à utiliser mes compétences acquises en école de commerce en réalisant une étude sur la partie sportive pour le Yacht-Club de Monaco. Et en 2010, je relance le projet Route du Rhum.

Mais là, vous changez de catégorie !
Oui, je m’inscris en classe Ultime, sur un multicoque de 74 pieds, autour du projet Saint-Malo 2015, avec des entreprises malouines, la ville de Saint-Malo et Saint-Malo Agglomération… C’est un succès sportif et médiatique, je termine 7e . Et c’est à la fin de cette route du Rhum que je rencontre Louis Burton.

Dans quelles circonstances ?
On s’est rencontré une première fois avant le départ de la course, car nous avons fait notre stage de « survie » ensemble. Nous nous recroisons ensuite début 2011, et il me propose de faire la Jacques Vabre avec lui. On commence à évoquer le sujet, mais finalement, nous n’avons pas fait la Transat, car notre premier enfant, Lino, est arrivé ! Sur un plan professionnel, nous nous sommes associés pour développer ensemble les activités de BG Race, dans sa dimension course au large. Et nous avons eu un deuxième enfant, Édith, qui est née en 2013.

Vous évoquez votre société, BG Race, installée sur le port de commerce de Saint-Malo. Quelles sont ses activités ?
Nous avons une écurie de course au large, avec le projet de Louis sur Bureau Vallée, (un monocoque, classe IMOCA), qui se poursuit pour l’instant jusqu’au prochain Vendée Globe en 2017 et qui réfléchit pour un projet gagnant en 2020. Nous avons aussi le projet Espoir, pour la détection et l’accompagnement des jeunes skippers. Enfin, nous sommes un chantier naval : nous construisons et entretenons des bateaux de course. Nous construisons notamment le Tizh 40, un plan Verdier, qui a terminé 4e de sa première Route du Rhum. Un autre est en construction, ainsi que des classes M7.50, une monotypie sur un plan Brétéché. Le chantier emploie 15 personnes actuellement. Nous accompagnons également des projets sur le plan de la communication et l’animation du réseau des sponsors.

Avec votre projet Espoir, vous souhaitez rivaliser avec les écuries situées en Bretagne-Sud, à Port-la-Forêt ou Lorient ?
L’idée, c’est clairement de participer au développement du nautisme à Saint-Malo. Nous avons monté ce projet Espoir en juillet 2013, en commençant avec Espoir pour un Rhum l’année dernière. Le principe est simple : c’est une sélection de jeunes entre 18 et 25 ans, licenciés d’un club de voile en Ille-et-Vilaine. Après une première sélection, nous en retenons 3 ou 4, puis finalement un seul par an. À l’issue, ces lauréats ont toute leur place au sein de BG Race. Nous les accompagnons pour monter leur projet de course, trouver des sponsors. Il s’agit d’identifier les talents locaux en leur donnant la possibilité de poursuivre ici, à Saint-Malo.

Comment financez-vous le projet ? Vous n’êtes pas seuls ?
Non, et c’est toute la force du projet, que nous avons monté de toutes pièces, en surmontant au départ un certain scepticisme, c’est vrai ! En 2014, 80 entreprises, réunies au sein du réseau Mer Entreprendre, ont apporté 2 000 euros HT chacune, ce qui leur a permis d’accéder à une aventure fédératrice pour un ticket d’entrée relativement modeste. De notre côté, nous animons des rencontres mensuelles thématiques avec elles. C’est une manière de faire du développement économique autrement, autour des valeurs de la voile. Saint-Malo Agglomération est prêt à nous accompagner durant quatre ans. Cette opération allie la jeunesse et le savoir-faire, c’est passionnant ! Nous avons désormais parmi nos partenaires 40 % d’entreprises rennaises, ce qui crée aussi des liens forts entre les deux territoires. Aujourd’hui, cet axe structurant Rennes-Saint-Malo prouve que l’un a besoin de l’autre. Nous devons nous rassembler. Ce qui est formidable, c’est que des entreprises qui sont parfois concurrentes sur le terrain se retrouvent au sein du réseau pour partager une passion commune.

Lors de la dernière Route du Rhum, c’est le Cancalais Gilles Lamiré qui a porté les couleurs de Rennes et Saint-Malo sur son trimaran et qui a terminé 3e de sa catégorie. Du coup, vos relations sont un peu compliquées ?
Non, nous nous connaissons depuis longtemps avec Gilles, d’ailleurs nos bateaux ont été « voisins de chantier » cet hiver ! Maintenant, c’est le jeu de la concurrence dans ce petit milieu, chacun avec sa personnalité.

On a d’ailleurs appris récemment que le bateau de Gilles Lamiré pourrait arborer le label « French Tech Rennes et Saint-Malo » lors des prochaines transats. Dans la voile aussi, le numérique a une place à prendre?
Évidemment ! Certains bateaux en course autour du monde ont même accès à Skype, on peut tweeter en plein océan ! Pouvoir recevoir des images des mers du Sud ou du milieu de l’Atlantique contribue au succès de la course au large auprès du grand public. Nous devons être des marins connectés !

Vous comptez prendre des initiatives dans ce domaine particulier ?
Nous venons d’accueillir un community manager au sein de BG Race, en stage pour commencer. Et ce poste pourrait être pérennisé si les résultats sont au rendez-vous.

Revenons aux Espoirs. Cette sélection des jeunes talents pourraitelle déboucher sur une sorte « d’école » ?
Pour l’instant, nous détectons des jeunes marins, et nous animons le réseau Mer Entreprendre. En 2014, Valentin Lemarchand, 23 ans, a été sélectionné. Il a terminé 11e de sa première Route du Rhum en Classe 40, face à une concurrence très relevée. Nous sommes en phase de sélection du second marin, dont le nom sera connu début juillet. Ils vont participer au Tour de Bretagne à la voile, qui part de Saint-Malo le 22 et 23 août. Il s’agit d’une course en double, pour se frotter aux figaristes. Fin octobre, ils seront sur la ligne de départ de la transat Jacques Vabre Le Havre-Itajai, au Brésil. Nous serons également présents au salon nautique de Paris en décembre pour présenter le projet. En 2016, 2017 et 2018, année de la prochaine Route du Rhum, nous poursuivrons la sélection de jeunes skippers.

En tant que navigatrice, vous avez l’habitude d’observer la ville depuis la mer. Quel regard portez-vous sur le littoral de la Côte d’Émeraude, auquel nous consacrons le dossier de ce numéro ?
C’est magique ! Je souhaite à chacun, quelle que soit la taille de son embarcation, de pouvoir naviguer à la hauteur du Grand Jardin et de découvrir Cézembre, Dinard et ses villas, les remparts de Saint-Malo, l’embouchure de la Rance ! Je crois que j’ai d’autant plus aimé naviguer dans cette baie et larguer les amarres que je savais que je rentrais ensuite au port de Saint-Malo. Il y a le commerce, la plaisance, les ferries… C’est une entrée magnifique, et tout cet environnement nous a été légué par l’histoire. C’est à nous, aujourd’hui, de prolonger l’aventure, pour faire en sorte que ce littoral soit protégé. Il faut être attentif aux choix réalisés.

Avez-vous constaté une réelle dégradation de la situation ces dernières années ?
Hélas, oui ! En dix ans, la pollution s’est très fortement accrue. Lors de la dernière Route du Rhum, les bateaux se sont retrouvés bloqués au milieu de l’Atlantique dans une sorte de marée d’algues qu’il fallait dégager pour avancer ! Et ici, lorsque je me promène avec mes enfants sur la plage du Pont, je constate qu’il y a beaucoup moins de biodiversité que lorsque j’avais leur âge, il y a à peine trente ans ! Il y a moins d’étrilles, moins de coquillages… C’est un vrai motif de préoccupation.

Saint-Malo, du fait de sa notoriété, pourrait s’engager dans cette sensibilisation ?
C’est la troisième ville française la plus fréquentée sur les longs week-ends. De par son histoire et son aura, Saint-Malo peut jouer un rôle majeur dans cette sensibilisation du grand public. Nous sommes dépositaires d’un cadre de vie magnifie et fragile, cela nous engage.

Que faudrait-il faire, selon vous, pour améliorer encore la dimension maritime de la ville ?
Sans doute permettre à toutes les activités (pèche, commerce, plaisance…) de se développer et de vivre en bonne intelligence, sans exclusive ni rivalité. SaintMalo ne peut pas être seulement qu’un port de commerce ou qu’un port de plaisance. C’est complètement illusoire et dépassé de raisonner ainsi. La ligne à grande vitesse en 2017 va encore renforcer l’attractivité touristique de Saint-Malo. Les visiteurs doivent également être séduits par l’activité maritime singulière du port. Il faut que ce soit beau ! Les grands ports du nord de l’Europe ont su se développer de cette manière, en favorisant une cohabitation harmonieuse et réussie entre les différents usagers, professionnels, plaisanciers, touristes… Prenez l’exemple de Hambourg, qui est le troisième port de commerce européen : vous pouvez voir des voiliers évoluer au milieu des porte-containers ! La réhabilitation des docks du Havre est également exemplaire, avec une réelle mixité des activités.

Pour être concret, sur ce dossier sensible, quelle initiative appelez-vous de vos vœux ?
Au niveau de la plaisance, il faut continuer d’implanter des entreprises sur le pôle technique où nous nous trouvons, afin notamment d’attirer les Anglo-Saxons. Il faudrait aussi améliorer les bords de quais pour les rendre plus agréables à la circulation piétonne. Attention, ce n’est pas du tout antinomique avec le développement de l’activité du port de commerce, bien au contraire ! Cela permettrait de la valoriser.

Il s’agit clairement d’urbanisme portuaire. C’est une dimension à laquelle vous êtes sensible ?
Évidemment ! Une ville ne peut pas se développer sans économie. On ne peut pas se contenter d’une ville-musée, qui ne vivrait que trois mois par an. Ce n’est clairement pas la vocation de Saint-Malo. Les activités doivent donc être utiles, mais aujourd’hui, les architectes et les urbanistes sont capables de faire des aménagements qui allient beauté et efficacité. Prenez l’endroit où nous sommes installés, sur le quai de Terre-Neuve, dans des anciens hangars réhabilités : avouez quand même que cela a de la gueule !

Nous avons commencé cet entretien en évoquant Florence Arthaud. Pour conclure, quels sont vos modèles ?
Je n’ai pas un seul modèle, mais beaucoup de personnes m’ont aidé à me construire, à tel ou tel moment, pas forcément dans le milieu de la voile, d’ailleurs. Je me nourris de rencontres et de conseils. Récemment, j’ai rencontré le chef d’entreprise rennais Jean-Paul Legendre. J’ai été impressionnée par sa réussite, son engagement dans son parcours d’entrepreneur, tout cela en restant très accessible et humain. Dans mon domaine, j’ai été marquée par la ténacité d’Ellen Mc Arthur, par la disponibilité de Michel Desjoyaux, qui en 2010, m’a apporté énormément de conseils. Vivre aux côtés de Louis, qui développe sa passion de la voile avec un tel enthousiasme et de façon peut-être un peu décalée, c’est également formidable ! Toutes ces rencontres humaines et ces instants partagés me font avancer.