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Dossier
#22
Sur scène « Le cri d’une femme » contre la violence
RÉSUMÉ > La violence faite aux femmes est le sujet d’un monologue théâtral intitulé Je te veux impeccable/ Le cri d’une femme. Un spectacle monté par la compagnie Quidam dans la région de Rennes. Le texte est écrit et mis en scène par Loïc Choneau pour une actrice seule en scène.

       L’auteur, Loïc Choneau, a écrit dans l’ombre portée du témoignage de Rachel. C’est de sa chair que ces mots sont extraits. L’auteur les a mis en ordre, en désordre aussi. Ce désordre total auquel, y compris la principale intéressée ne comprend rien.  
      Ça commence comme une bluette, ça se termine en enfer. L’enfermement des coups, des ecchymoses, celui des nuits sans dormir et des jours avec les yeux collés de larmes et de sang coagulé. Rachel a vécu ces violences comme une femme sur dix en France qui parfois en meurt (un tous les deux jours). Rachel est bien vivante, bien consciente qu’elle est en vie et si la pièce n’était qu’une didactique de sa reconstruction, elle n’aura pas été vaine. C’est le choix délibéré de Rachel de parler, de dire quelles ont été « ses chances de survie » pour que cette parole en ouvre d’autres.
     L’actrice Isabelle Séné incarne une survivante, une femme sidérée qui a d’abord aimé son mec comme dieu et qui en a voulu à dieu, l’appelant à la rescousse : M. le gendarme ou M. le Juge ou le psychologue. On les voit tous un peu désincarnés et lointains, dont les services sociaux qui bordent et contrôlent sans rien en prendre, mais comment s’y prendre ?
     Le texte est scandé par la parole de l’homme, celui dont les muscles s’apparentent à de la connerie et le machisme à un reliquat de testostérone. Les PV d’audience montrent que celui qui cogne comme une bête n’a rien compris non plus, lui qui voit une femme jamais assez impeccable. Digne de coups donc. Une petite fille naît de lui, et ce n’est pas non plus ce qui arrête sa sombre déroute. On passe du maternel « nous serons toujours tes deux parents » au cri absolu : « tu n’es plus le père de ma fille, tu es le poids de ma vie ».
     Rachel a quelque chose de sainte Blandine face à un seul lion où l’arène est un huis clos où s’installe, en fusion d’atomes, la folie.
     Voilà ce que donne à voir ce spectacle, est-ce que le mot convient ? À la fin, quand le public applaudit, que courageusement l’inspiratrice, Rachel, est montée sur la scène avec le metteur en scène, les mains ont claqué plus fort comme chez Jean-Luc Delarue et puis personne ne se lève. Pas sûr donc que le mot spectacle convienne.
     La salle Odette-Simoneau de Melesse a rempli en janvier sa jauge à deux reprises en janvier. Cette co-production Melesse-Maison de quartier de Villejean doit être recommandée. On sait la prévention parfois vaine mais on la sait indispensable. Ne serait-ce que pour Rachel. Cette jeune femme qui, par ses mots mis en scène, déploie ses ailes, les plus lourdes, dont chaque spectateur éprouve – sinon prend un peu de leur poids. Théâtre militant donc !