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Dossier
#34
Télécom Bretagne muscle son incubateur rennais
RÉSUMÉ > L’incubateur rennais de Télécom Bretagne va emménager d’ici à la fin de l’année dans un nouveau bâtiment, en cours de construction sur le campus de Beaulieu. Objectif : améliorer et développer les conditions d’accueil des projets d’entreprises souvent issues de la recherche. Avec, à la clé, des créations d’emplois.

     C’est un projet de recherche très sérieux au nom volontairement décalé : LoRa FABian n’a évidemment rien à voir avec la chanteuse au patronyme voisin ! Développé par une équipe de Télécom Bretagne, à Rennes, il a pour but de déployer une couverture radio dans le centre-ville, afin de faciliter l’expérimentation de nouveaux usages dans le domaine des objets communicants. D’où son nom en forme d’acronyme, qui fait à la fois référence aux bornes LoRa (pour long range, ou longue portée), conçues par la société rennaise Kerlink et au réseau des Fablabs, ces lieux d’apprentissage et de partage des connaissances numériques. D’une portée de 3 à 4 kilomètres, deux de ces bornes ont déjà été installées, l’une à Télécom Bretagne, l’autre dans les locaux du Fablab de l’École des Beaux-arts, rue Hoche. Une jeune start-up locale, Wi6Lab fournit des modules de connexion arduino (circuits imprimés en licence libre) qui permettent aux « makers » d’imaginer de nouveaux objets connectés, dans une logique de logiciel libre. « En offrant du matériel open source et en libérant les communications, on va produire de nouveaux trafics que l’on va devoir apprendre à gérer », s’enthousiasme Laurent Toutain, professeur au département Réseaux, sécurité et multimédia de Télécom Bretagne et porteur du projet LoRa FABian. En réduisant les coûts des communications, ce réseau devrait contribuer à accélérer le déploiement de nouveaux usages numériques, bien dans l’air du temps de la « ville intelligente » et du label « French Tech » décerné à la métropole rennaise par le gouvernement fin décembre.

     Cette initiative innovante reflète parfaitement les ambitions de Télécom Bretagne. Cette grande école d’ingénieurs, présente à Brest et à Rennes, se double d’un centre de recherche international à la pointe du numérique. Depuis 1998, plus de 140 entreprises ont été accompagnées dans le cadre d'un programme dédié, à travers deux incubateurs, l’un à Brest, où se trouve le siège de l’école, et l’autre à Rennes. Ce dernier s’apprête d’ailleurs à faire peau neuve, à la faveur de la construction d’un nouveau bâtiment de 600 mètres carrés, conçu par le cabinet d’architecture rennais Peoc'h Rubio, qui devrait être achevé à la fin de cette année. « Nous allons doubler la surface et la capacité d’accueil de l’incubateur, avec un bâtiment sur deux étages. Il pourra accueillir 20 projets simultanément, dont 5 en pré-incubation (la période qui consiste à transformer l’idée en projet). Ces derniers seront installés au rez-de-chaussée, il y aura une salle de réunion et un show room pour présenter les innovations », détaille Marianne Laurent, chargée de mission Innovation sur le site rennais de Télécom Bretagne, à Beaulieu. L’investissement s’élève à 1,3 million d’euros, avec un cofinancement des collectivités territoriales (Région, conseil général, Rennes Métropole), et de l’Institut Mines-Télécom. Objectif : encourager les échanges entre les étudiants, les chercheurs et les entrepreneurs. Et visiblement, le succès est au rendez-vous, avec 600 emplois créés au total à partir des entreprises incubées depuis l’origine par Télécom Bretagne, dont 350 à Rennes. Au fil des ans, certains de ces projets sont en effet devenus de véritables entreprises, à l’image d’Enensys, qui a fêté ses 10 ans en 2014, ou de Télécom Santé, par exemple.

     Cet outil particulièrement adapté pour transformer un projet de recherche en entreprise viable s’appuie sur un suivi rigoureux des créateurs. Ceux-ci bénéficient de l’apport méthodologique et scientifique des enseignants et des professionnels du réseau Télécom Bretagne. Le tiers environ de ces projets est d’ailleurs directement issu de l’école ou portés par des anciens élèves au sens large. Les 2/3 restants sont initiés par des salariés issus de grandes entreprises (Renesas, Technicolor, Orange…) qui décident souvent de se lancer dans l’aventure de la création suite à un essaimage… ou un plan social. « Le profil-type du créateur, c’est plutôt un homme de 35-40 ans, ingénieur ou ancien chercheur, qui décide de créer son activité », confirme Marianne Laurent. Contrairement à d’autres structures d’accompagnement présentes sur le territoire breton, l’incubateur de Télécom Bretagne est un incubateur thématique, avec un savoir-faire technologique important. Mais l’école ne travaille pas en vase clos et elle s’appuie sur sept structures partenariales de recherche en Bretagne pour développer la recherche dans le domaine des réseaux, du numérique et de ses usages. Son département Réseaux, sécurité et multimédia (RSM) développe ainsi des partenariats ciblés avec des centres de recherche, des industriels et des opérateurs de télécommunications français et européens. Il est également très impliqué au sein du pôle de compétitivité Images & Réseaux, et participe notamment au projet Mobimages, dont l’objectif vise à combiner les réseaux mobiles et les réseaux de diffusion.
    Enfin, parmi les sujets porteurs du moment, la cyber sécurité (ou défense électronique) occupe une place de choix. L’un des trois masters spécialisés de l’école est d’ailleurs consacré à ce nouveau secteur (en partenariat avec Supelec). Il s’agit, par exemple, d’imaginer les systèmes de contrôle et de détection d’intrusion sur les sites sensibles. Le futur incubateur pourrait bien accueillir un jour un nouvel acteur majeur de ce domaine en plein essor.