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Dossier
#05
Une ville doit
se réinventer
en permanence
RÉSUMÉ > Frank Magee préside Dublin Tourism, l’Office de tourisme de Dublin, depuis 1990. Il est l’un de ceux qui ont fait le succès du « tourisme à l’irlandaise ». Licencié en économie et titulaire d’une maîtrise de commerce, il avait commencé sa carrière dans la gestion hôtelière où il exerça pendant 12 ans. Il a rejoint ensuite, le Bureau du tourisme irlandais, Bord Failte, comme conseiller responsable des licences et des classifications d’hôtels. Puis il a contribué à monter une unité d’investissement pour administrer les débuts du Fonds européen de développement régional avant de rejoindre Dublin Tourisme en 1989.

PLACE PUBLIQUE > Qu’est ce qui attire les touristes en Irlande? 

FRANK MAGEE >
Toutes les études montrent que ce qui attire les touristes en Irlande, ce sont les gens et le paysage. D’un point de vue marketing, il est très difficile de communiquer sur les différences entre les gens. Nous sommes en général gentils et curieux. C’est cette curiosité qui s’exprime par de la gentillesse auprès des visiteurs. Grâce à notre histoire littéraire et à de grands écrivains comme Thomas Beckett, George Bernard Shaw, Yeats, O’Casey, Synge et Joyce à des écrivains plus contemporains comme Banville, O’Connor, Doyle and Binchey, notre pays est connu dans le monde entier. Nos ambassadeurs musicaux viennent compléter le tableau: U2, The Chieftans, Riverdance, Boyzone et Westlife, pour n’en nommer que quelques-uns. Dublin Tourism envisage cette année d’utiliser les pubs irlandais à l’étranger comme supports de communication pour les clients potentiels. 

PLACE PUBLIQUE > Vous avez participé à la rénovation du quartier de Temple Bar, menacé de démolition au début des années 80, et vous en avez fait le quartier « branché » de Dublin. Est-ce une expérience renouvelable ailleurs?

FRANK MAGEE >
Une ville doit continuellement se réinventer. Sur la rive nord de la Liffey, l’espace du marché de Smithfield est en train d’être repensé. Sur les quais, le Centre des services financiers internationaux est devenu un nouvel espace qui ressemble par beaucoup d’aspects à la Défense, à Paris. Il existe une salle conçue pour 12 000 personnes, un nouveau théâtre pour 2 000 personnes, le Georges Dock Theatre, un nouveau Palais des Congrès. De nombreux hôtels et beaucoup de compagnies financières internationales sont basés à cet endroit. L’espace autour de la gare de Heuston Station est un autre quartier en cours de rénovation. Temple Bar est dans une dynamique de transformation continue.

PLACE PUBLIQUE > Qu’avez-vous en commun avec Saint-Malo?

FRANK MAGEE >
Premièrement, nous avons la Celtic connection, les liens celtes. Saint-Malo est très proche de nous et la Bretagne est une des destinations touristiques les plus populaires pour les Irlandais. En tant qu’île, nous avons une histoire de culture maritime et de pêche. Saint- Malo est à l’extrémité de la France, Dublin à l’extrémité de l’Europe. Chez nous, il y a un respect profond de l’histoire de Saint-Malo et de tout ce que la ville a réalisé.

PLACE PUBLIQUE > Quand vous venez en Bretagne, voyezvous, en matière de tourisme, des insuffisances, des manques, ou au contraire quelque chose qu’il vous plairait d’importer en Irlande?

FRANK MAGEE >
Je suis très impressionné par le niveau de professionnalisme dans le domaine du tourisme en Bretagne. Pendant plus de 30 ans, j’y ai passé mes vacances d’été en famille. Il y a une grande authenticité des traditions, de l’architecture, des magasins qui proposent des produits de qualité propres à la région. Le nombre de restaurants offrant de bons fruits de mer est impressionnant. Cependant, les menus se ressemblent beaucoup, et mis à part les restaurants plus chics et chers, il y a peu de place pour l’originalité.

PLACE PUBLIQUE > À votre avis, que peut apporter à Dublin le réseau « Si tous les ports du monde…»? Dans quels domaines ses apports sont-ils les plus perceptibles (culture, économie, tourisme?)

FRANK MAGEE >
Au départ, le concept Si tous les Ports du Monde était novateur, et il était difficile de prédire comment les villes pourraient travailler les unes avec les autres. Dublin fut impressionnée par la détermination de Loïc Frémont à le mettre en oeuvre. Les ports sont des points de départ et d’arrivée. Si les habitants des ports travaillaient ensemble et se transmettaient des connaissances, le monde n’en serait que meilleur. Ainsi d’un point de vue culturel, tourisme et entreprise ont tout à gagner de cette collaboration, notamment en découvrant un meilleur savoir-faire et en échangeant sur la manière de résoudre différents problèmes.

PLACE PUBLIQUE > Un réseau est-il plus ou moins utile que les circuits de coopération traditionnels comme les syndicats professionnels ou les institutions internationales ?

FRANK MAGEE >
Je pense que le Réseau est très efficace. D’abord, il s’appuie sur des contacts personnels. Ensuite, il permet aux villes de cibler des domaines d’intérêt qui leur sont propres. Plutôt que de s’arrêter sur les différences, ce qui est la tendance en général dans les regroupements internationaux, il vaut mieux aborder les projets d’un point de vue commun, par thèmes d’intérêt convergents. Nous sommes impliqués dans de nombreuses associations internationales, mais Si tous les Ports du Monde est unique de ce point de vue.

PLACE PUBLIQUE > Quelles perspectives voyez-vous pour le Réseau? Quels objectifs faudrait-il lui donner ?

FRANK MAGEE >
Je suis toujours étonné par le remarquable travail réalisé ici. Le Réseau a attiré à lui un grand nombre de villes des quatre coins du monde. Pour Dublin, le défi est d’être à la hauteur de ces efforts.