un bâtiment innovant
pour apprendre le large
Depuis la rue de la Croix Désilles, voiles dehors et bouchots dressés, se dessine sans équivoque le cheminement du piéton au cœur du nouveau lycée public maritime Florence Arthaud. Sur un terrain contraint, jouant le dénivelé et tenant à l’écart les flux de circulation automobile, cet ensemble architectural à double bâtiment, internat et externat, est salué pour sa conception novatrice. Comme dans tous les lycées, l’intercours est un moment privilégié pour prendre le pouls de l’équipage. La pause se vit dans l’atrium, au couvert d’une verrière. Une cour centrale autour de laquelle s’organise la vie lycéenne.
Valentin et Nelson sont en Bac pro « Cultures marines », futurs agents de maîtrise des entreprises aquacoles. « Ici, c’est très lumineux et le matériel de cours est de bonne qualité ». Ils apprécient le foyer des élèves, poumon de vie qui rayonne en cœur d’atrium : « C’est facile d’accès et proche des salles de cours, à l’étage, en passant par la passerelle ». Valentin avoue son étonnement devant un bâtiment en bois aussi grand. Hugo et Julien partagent leurs avis : « Avant, c’était galère de trouver une salle de cours libre. Maintenant on a de l’espace, mais dans le foyer des élèves, il fait trop chaud ». L’un d’eux s’interroge : « Je trouve que c’est trop grand. Avant, on avait plus de convivialité ». Son camarade le tempère : « Cela reviendra, car c’est un beau bâtiment ! ».
Comme les élèves, l’équipe pédagogique est en phase d’expérimentation explique Christian Perron, le directeur. « Au niveau acoustique, l’établissement est bien conçu. Le bruit ne se diffuse pas, y compris dans l’atrium, ce qui était notre crainte de départ. Se posait aussi la question de l’entretien de la verrière, mais l’architecte a créé des chemins de passage qui le facilite ». D’autres choix architecturaux demandent à être validés : « C’est un lycée expérimental en termes de construction avec des matériaux nouveaux.
Nous verrons à l’usage comment ils évolueront ». Par exemple : comment le sol en caoutchouc naturel réagira aux impacts des chaises ? Les peintures à l’eau pourrontelles se lessiver facilement ? Pour autant, le chef d’établissement plébiscite de tels choix : « Les risques sanitaires liés à l’émanation des composés organiques volatils, les fameux COV, sont fortement limités. Pour la santé des usagers, c’est mieux ! ».
Au-delà de l’impact environnemental, Yves Bouleuc, le sous-directeur, apprécie la dimension comportementale liée au nouveau bâtiment : « Autant certaines personnes ont été réticentes en découvrant le projet, s’interrogeant sur la grandeur du bâtiment, les circulations… autant les critiques sont rares, aujourd’hui. Les esprits ont évolué ». Lui-même ne cache pas son enthousiasme : « J’ai été professeur pendant plus de trente ans dans un bâtiment en parpaing. J’ai changé et de statut et de lieu de travail, ce n’est pour moi que du bonheur de travailler dans une telle construction. J’ai utilisé un terme, mais ne le répétez pas car il pourrait être mal interprété : c’est pharaonique ! Extrêmement lumineux avec de vrais espaces de travail. Je vais regretter de ne plus enseigner », s’amuse Yves Bouleuc qui suit le projet depuis 2011, en tant que professeur, puis en tant que directeur adjoint
Le projet du lycée public maritime de Saint-Malo est l’aboutissement d’une longue maturation, comme l’explique Christian Perron. En 2005, ce dernier prenait la direction de l’ancien lycée : « J’avais pour mission de réfléchir à un agrandissement ». Pour ce faire, le nouveau directeur fait valider par le conseil d’administration la mise en œuvre d’un projet d’établissement. « Nous avons défini les objectifs et les enjeux, réalisé un état des lieux de l’existant, posé un diagnostic et évalué les besoins ». En 2009, la Région Bretagne, en charge de la construction et de la rénovation des lycées sur son territoire, prend acte : les contraintes du site et la vétusté du bâtiment ne permettent pas d’envisager une restructuration. Pour garantir les meilleures conditions d’apprentissage des élèves, la construction d’un établissement s’impose, alors même que la Région Bretagne affirme sa stratégie maritime et souhaite envoyer un signal fort dans le domaine de la formation.
« De notre côté, explique le directeur, nous avons travaillé sur l’évolution de la carte scolaire et de la carte des formations, en particulier pour développer, à la demande des parents, des stratégies post-bac ». Une fois les orientations pédagogiques validées par l’État, le projet est lancé.