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Initiatives urbaines
#19

Belle initiative d’éducation à la citoyenneté urbaine que celle entreprise par la Ville de Lyon, le Grand Lyon et l’agence d’urbanisme locale. Tous trois ont mis en place un dispositif permettant à chacun de bénéficier d’un cycle de formation en matière d’urbanisme. Des ateliers sont proposés par arrondissements aux différents acteurs, en vue de préparer la révision prochaine du plan local d’urbanisme et le projet d’aménagement et de développement durable. 150 personnes ont répondu présentes pour se familiariser avec les différents documents d’urbanisme, pour s’interroger sur la densité urbaine, la préservation du patrimoine ou encore la place du végétal en ville.

L’initiative lyonnaise apparaît bien loin de cette lubie du maire de Triberg, petite ville allemande typique et touristique de Forêt-Noire: Dans le nouveau plan de stationnement, le parking municipal verra désormais un symbole « mâle » ou « femelle » attribué à chaque emplacement du parking à étages flambant neuf de la ville, ceci en fonction de la difficulté à y garer une voiture. Les places les plus larges et les mieux éclairées sont pour les dames, alors que les emplacements difficiles d’accès (parce qu’il faut contourner un pilier de ciment, ou se coller à un mur et enjamber le changement de vitesse pour sortir du véhicule) sont réservés aux hommes. Plutôt que de discrimination, le maire préfère parler d’humour et de marketing…

Dans la quête insatiable de hauteur des villes, Milan présente un cas intéressant avec une intégration poussée de la nature dans la construction des tours. Le Bosco Verticale – deux immeubles de 112 et 76 mètres, dans le quartier Isola-Garibaldi – accueille ses premiers arbres, dans un projet plus général visant à implanter près d’un hectare de végétation sur les façades. 480 arbres de grande et de moyenne hauteur (de 6 à 9 mètres) ainsi que 250 espèces plus petites et des milliers de plantes fleuries vont garnir à terme les terrasses de ce programme de deux tours dessiné par l’agence d’architectes Stefano Borei et qui vise à être achevé fin 2013. Ces tours vouées à l’habitat ont pour objectif de recoloniser la ville par la végétation, permettant le développement de la faune locale. La végétation va permettre d’absorber le CO2 et protègera des importantes particules de poussière présentes dans l’atmosphère de la ville. Le Bosco Verticale s’inscrit dans le projet d’aménagement urbain BioMilano qui vise à apporter à la capitale économique italienne les espaces verts qui lui manquent avec la création d’une ceinture verte et d’immeubles végétalisés. Un pari manqué toutefois: celui de l’accessibilité sociale du programme: pour avoir la chance d’habiter dans une forêt en plein centre-ville, il faudra débourser entre 665 000 et 2 millions d’euros.

Mais ce coût d’accès aux tours de Milan reste 60 fois inférieur à celui des appartements du plus haut gratte-ciel d’Europe tout juste inauguré à Londres. La tour Shard conçue par Renzo Piano, achevé pour le début des Jeux olympiques, promet de devenir l’une des attractions de la capitale britannique. Située le long de London Bridge, sur les bords de la Tamise, longue de 310 mètres, elle s’amincit au fur et à mesure que l’on s’approche du sommet, une construction qui a coûté la coquette somme de 1,8 milliard d’euros financée à 80 % par quatre banques et fonds d’investissement de l’Émirat du Qatar.

Les nouvelles affectations de bâtiments anciens sont légion. Mais certains cas sortent de l’ordinaire ne serait-ce que par la célébrité du site. Première expérience récente, celle de la Samaritaine, à Paris, où l’on trouvera vraiment tout! Un an après l’ouverture de la maison du projet, rue de Rivoli, La Samaritaine a dévoilé les premiers plans des 96 logements sociaux qui s’installeront dans l’ancien grand magasin du 1er arrondissement de Paris. Fermé pour cause de vétusté en juillet 2005, ce haut lieu du commerce accueillera d’ici à 2014 des commerces, des bureaux, un hôtel de luxe et une crèche et donc du logement social. Suivant les grandes orientations du projet défini par les architectes japonais de l’agence Sanaa, lauréate du concours pour la transformation de l’ensemble, plusieurs architectes français ont été chargés d’opérations différentes dans le programme de ce projet qui apportera 250 nouveaux habitants dans l’arrondissement le moins peuplé de Paris.

Même type d’évolution pour un immeuble parisien post-haussmannien (fin 19e) rénové BBC et HQE. Afin de valoriser son immeuble et de le louer plus facilement, la société AG2R La Mondiale a choisi de procéder à une opération de rénovation poussée en plein 16e arrondissement parisien. L’ensemble est composé de deux immeubles en pierre de taille, construits en 1886. Le propriétaire a décidé de rendre la construction éligible à la certification HQE Rénovation et Exploitation, ce qui nécessite une démarche globale dans le bâtiment impliquant la chaufferie, la ventilation, les menuiseries, l’isolation, etc. Confié au cabinet d’architectes DGM & associés, le projet pourrait même bénéficier de la labellisation BBC-Effinergie Rénovation, grâce à quelques évolutions mineures par rapport aux objectifs initiaux. Les 14 cibles HQE ont été recherchées, y compris l’apport lumineux, l’incorporation d’un garage à vélos, l’installation de bornes de rechargement pour des véhicules électriques ou l’aménagement d’un jardin dans la cour intérieure.

Lancée en 2008, la consultation sur le Grand Paris n’a pas des émules qu’en France (Lille, Bordeaux, Reims…) En février, dix équipes internationales d’architectes-urbanistes ont été sélectionnées par la mairie de Moscou dans le cadre d’une consultation pour l’élaboration d’un avant-projet. L’enjeu: décongestionner une métropole au bord de l’implosion. La métropole russe s’est donc ouverte à l’expertise internationale et elle a justement recherché des architectes et des urbanistes de toutes origines pour la gigantesque expansion de Moscou prévue dans les toutes prochaines années. La démarche a été lancée à l’occasion du Moscow Urban Forum. La raison de cette réflexion est liée au fait que, plus grande ville d’Europe avec près de 11,5 millions d’habitants, la capitale russe s’apprête à doubler sa superficie afin de décongestionner le centre-ville. De nombreuses administrations vont ainsi déménager en périphérie, d’où l’exigence notamment d’un plan donnant pour les cinq prochaines années priorité aux transports en commun. Dans ce cadre le métro va connaître un développement rapide avec la construction de 30 stations sur les cinq prochaines années, pour un investissement de 12 milliards d’euros, tous ces travaux donnant lieu à des appels d’offre internationaux.

Aux Monts du Pilat, de l’éolien participatif !

L’énergie participative? C’est déjà du concret avec ce projet éolien participatif qui se profile dans une série de petites communes de la Loire. En concertation avec l’association Énergies Communes Renouvelables, le spécialiste des énergies renouvelables Aérowatt a été choisi par la Communauté de communes des Monts du Pilat (Loire) pour développer un projet éolien participatif. Ce programme est porté par l’entreprise mais aussi par les collectivités locales et les citoyens, participatif donc, la particularité du projet étant d’être la propriété d’une entreprise mais aussi des collectivités et des citoyens. Concrètement, une société de projet, détenue à 50 % par Aérowatt, sera créée pour développer, construire et exploiter un parc éolien. Les 50 % restant appartiendront aux collectivités et aux citoyens volontaires (habitants de la Communauté de communes des Monts du Pilat et adhérents d’Énergies Communes. L’objectif final est d’implanter une centrale éolienne. Si ces projets collaboratifs restent encore minoritaires, plusieurs ont déjà vu le jour comme dans la Creuse ou en Bretagne, à proximité de Vannes.

Des Parisiens à « énergie positive »!

Un peu dans la même optique, cette initiative soutenue par la Ville de Paris, des « Familles à énergie positive » et qui voit des citoyens du 3e arrondissement parisien s’attaquer au réchauffement climatique. Le principe: un groupe de voisins ou d’amis se donne pour objectif de réduire de 8% par an sa consommation énergétique. Chaque participant doit transférer régulièrement sur un site ses consommations de gaz et d’électricité, qui calcule l’évolution par rapport à la même période l’année précédente. Soutenus par la mairie, ils ont mis en place un « atelier climat », puis chacun a établi le bilan carbone de son foyer sur le site www.coachcarbone.org, créé par l’Ademe et permettant de comparer ses résultats à la moyenne nationale. Ils se sont ensuite intégrés au projet « Familles à énergie positive », chaque membre essayant de réduire ses consommations énergétiques, avec plus ou moins de bonheur, en pratiquant des « éco-gestes »: utiliser un thermostat d’ambiance, couper l’eau de la douche quand on se savonne…

C’est désormais chose faite: Milan a instauré son péage urbain pour tous les véhicules. Maintenant, les Milanais doivent débourser 5 euros pour pouvoir franchir les portes du centre-ville en voiture. Dans la droite lignée de Londres, la capitale économique italienne, a donc lancé son péage urbain baptisé « Area C », qui vient remplacer le précédent système, mis en place en 2008, mais qui ne concernait que les véhicules les plus polluants. Entre 7h30 et 19h30, tous les automobilistes doivent désormais montrer patte blanche, excepté les conducteurs de véhicules hybrides ou électriques. La Ville de Milan espère réduire le trafic de 20 à 30 %, afin de réduire la pollution de l’air, notamment les particules fines, dont le taux est très souvent dépassé. La municipalité a déclaré vouloir réinvestir les gains de ce péage dans les transports en commun.

L’histoire des villes réserve parfois de drôles de surprise comme en Afrique avec cette ville fantôme bâtie par la Chine. Drôle de ville puisqu’à Nova Cidade de Kilamba, aucun appartement ou presque n’est habité. Des immeubles à perte de vue, des commerces, des écoles… dans des couleurs chatoyantes. Tous biens alignés, bien rangés. Le tableau est parfait! On se croirait presque dans le célèbre jeu vidéo Sim City, sauf qu’il n’y a aucun habitant. En cause: des appartements trop chers pour la population locale. Derrière ce projet ubuesque, un accord pétrolier entre l’Angola et une compagnie chinoise. Seulement voilà, il semblerait que le pacte ait tourné à l’avantage d’une des deux parties. Reste un problème et pas des moindres : cette ville flambant neuve, située en Angola, n’a pour l’instant que très peu d’habitants puisque sur les 2 800 appartements, seuls 220 ont trouvé acquéreurs alors que la ville a la capacité d’accueillir 500000 personnes. Pour quelle raison? Tout simplement, la classe moyenne n’existe pas dans le pays et personne n’est du coup intéressé par ce type de logement. Dans l’accord qui en est à l’origine entre l’Angola et l’entreprise d’État chinoise – construction d’une ville en échange de concessions pétrolières – il semble bien y avoir au final un perdant…

Et dans le registre de l’espionnage cette fois, on trouve la ville de Calais, qui vient d’être retenue pour le projet « Spyland », un centre de loisirs sur le thème de l’espionnage. Les promoteurs doivent encore réunir les 500 millions d’euros mais un accord de préférence a déjà été signé avec la société Noraparc, porteuse du projet de parc d’attraction, réservant les 45,1 hectares nécessaires à l’opération. Des pourparlers sont menés avec des groupes hôteliers pour deux hôtels d’une capacité totale 500 chambres destinés en basse saison à accueillir une clientèle de séminaires et tourisme d’affaires, à la clé 1200 emplois. Reste à trouver les investisseurs pour éviter… un autre projet fantôme.