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Dossier
#34
Cité internationale : les chercheurs étrangers prennent de la hauteur
RÉSUMÉ > La cité internationale, en cours de construction à l’angle du boulevard de la Liberté et de l’esplanade Charles de Gaulle, accueillera début 2016 des étudiants et des chercheurs étrangers venus travailler dans les laboratoires rennais. Ce bâtiment emblématique à l’architecture audacieuse abritera également des équipements sportifs et les locaux de la future Université Bretagne-Loire.

     Impossible de rater cet imposant édifice qui s’élève désormais à l’emplacement de l’ancien restaurant universitaire du champ de Mars. Début 2016, les premiers occupants s’installeront dans la cité internationale Paul Ricoeur – elle porte le nom du célèbre philosophe qui fit ses premiers pas à Rennes1 –, un bâtiment emblématique destiné notamment à accueillir les chercheurs étrangers en résidence dans les laboratoires rennais.
    Pour l’heure, alors que les ouvriers s’affairent encore sur le chantier, la destination exacte de l’immeuble échappe sans doute encore à la plupart des Rennais. D’autant que la Cité internationale fera cohabiter en son sein plusieurs structures distinctes. Ainsi, on y trouvera des salles de sport municipales, une cafétéria et des logements pour les jeunes chercheurs et les doctorants étrangers, le Centre de mobilité internationale, sorte de guichet unique d’information et d’orientation pour les étudiants étrangers. Sans oublier les bureaux de l’Université européenne de Bretagne, qui sera transformée en Université Bretagne-Loire au 1er janvier 2016 à la faveur de son rapprochement avec l’Unam (Université Nantes Angers Le Mans). « La force symbolique du bâtiment dépasse sans doute un peu ses fonctions, et cette impression tient aussi à sa localisation en coeur de ville », reconnaît Dominique Le Tallec, directeur exécutif de l’UEB.
    Un tel ensemble immobilier, effectivement, ne passe pas inaperçu ! 32 mètres de hauteur, 9 étages, près de 8 000 mètres carrés… Le tout habillé dans une forme architecturale audacieuse : la cité internationale affirme sans complexe son statut de signal urbain.

     De par sa situation, la Cité internationale est appelée à jouer un rôle essentiel dans l’articulation du quartier. C’est d’ailleurs la mission que Nicolas Michelin, l’urbaniste de l’Esplanade Charles de Gaulle, avait assignée à ce dernier immeuble qui vient terminer l’aménagement du site. « Celui-ci s’inscrit dans un tissu urbain un peu dilaté, datant de la fin des années soixante, avec des objets architecturaux qui entraînent une rupture par rapport à l’urbanisme du centre historique. Il y avait donc un volet urbain important dans le cahier des charges : comment articuler le tissu urbain, le faire dialoguer ? », rappelle Michèle Le Loir, responsable du service Architecture et urbanisme de Rennes Métropole, qui assure la maîtrise d’ouvrage globale du projet. Le concours d’architecture lancé en 2010 précisait bien cette fonction « signal ». Toutefois, l’équipe lauréate, l’agence Hérault-Arnod (Grenoble, Paris) n’a pas souhaité inscrire les différentes fonctions du bâtiment dans des formes architecturales distinctes, mais elle a privilégié au contraire son ancrage dans le paysage, avec un imposant socle commun. « Chaque partie du programme trouve sa place, à bon escient, à l’intérieur du bâtiment », souligne Michèle Le Loir. Mais le chantier est particulièrement complexe, en raison du recours à une structure mixte en acier et en béton, avec un impressionnant porte-à-faux de 8 mètres dont la réalisation nécessite un savoir-faire particulier.

     « Le bâtiment est légèrement déhanché. Il entretient un double rapport avec son environnement, en alignement avec le bâti côté boulevard de la Liberté, et largement ouvert côté esplanade. Il vient terminer la place et en même temps, il marque l’ouverture vers la ville historique », explique Yves Arnod, l’architecte du projet. La partie la plus élevée du bâtiment accueillera la résidence des chercheurs, offrant 79 chambres et studios de 18 à 25 mètres carrés, du 3e au 9e étage. « Elle offre une vue privilégiée sur Rennes, qui aidera peut-être les jeunes chercheurs en résidence à mieux se repérer dans la ville », confie l’architecte, qui a également prévu des ouvertures depuis les espaces de circulation dans les étages. Les façades est et ouest seront habillées d’ailettes verticales en aluminium verni afin d’assurer une protection solaire efficace. La façade nord, côté boulevard de la liberté, sera quant à elle traitée avec un verre blanc très transparent, derrière lequel prendront place des jardins d’hiver.
    Les utilisateurs, eux, ont hâte de prendre possession des lieux. Le Centre de mobilité internationale, très à l’étroit dans ses locaux actuels du boulevard Laennec qu’il partage avec l’Université européenne de Bretagne à laquelle il est rattaché, pourra accueillir les étudiants, doctorants et chercheurs étrangers, dans de meilleures conditions. Sa future implantation, à deux pas des services administratifs et des lieux d’accueil institutionnels (CAF, assurance-maladie, 4 bis, maison des associations, Champs libres…) facilitera les premiers contacts avec les services de la métropole rennaise.
    La présence d’équipements sportifs gérés par la ville de Rennes (un gymnase et deux salles de sport) permettra également aux habitants du quartier de fréquenter la Cité Internationale, dans une logique de brassage et de mixité d’usages. On retrouve bien ici la notion d’intersection chère aux concepteurs de la Cité internationale. Dans le même esprit, la cafétéria de 150 places, largement ouverte vers l’esplanade, ne sera pas exclusivement réservée aux étudiants : les Rennais nostalgiques y retrouveront peut-être le parfum de l’ancien « restau U » qui a marqué des générations d’étudiants à cette adresse !

     Du côté de l’Université européenne de Bretagne, on apprécie aussi la puissance évocatrice du lieu. Avec une situation un brin paradoxale, puisqu’en janvier 2016, l’UEB devrait avoir été remplacée par l’Université Bretagne Loire ! « Le paradoxe n’est qu’apparent. C’est vrai que la Cité internationale a été imaginée à un moment où on ne parlait pas encore de l’UBL. Cette communauté d’université et d’établissements (ComUE) est plus récente. La Cité ne pourra évidemment pas abriter tous les services de l’UBL, qui seront répartis sur six sites principaux. Mais on y trouvera bien le coeur de la ComUE », souligne Dominique Le Tallec, directeur exécutif de l’UEB. Il apprécie également la proximité immédiate de la future résidence des étudiants et des chercheurs étrangers. « C’est vraiment une nouveauté permise par la Cité internationale. Jusqu’ici, chaque établissement prenait en charge l’accueil et l’hébergement de ses chercheurs. À partir de 2016, ils bénéficieront d’une adresse commune clairement identifiée, très accessible, à deux pas de la gare et en plein centre-ville. Enfin, ces quelque 80 chambres correspondent à une offre bien supérieure au parc actuel ».
    Un avis partagé par Yvan Lagadeuc, vice-président de l’UEB en charge de la recherche, lui-même chercheur à Rennes 1. « Par son implantation au coeur de Rennes, la Cité va aider à positionner la recherche dans la ville en tant qu’acteur de la société et du débat public », se félicite-t-il. Autre point fort, à ses yeux : ce nouvel équipement, unique dans sa composition, va contribuer à attirer les chercheurs étrangers. « La diversité des parcours est toujours une richesse pour la recherche. Il n’y a rien de pire que de recruter des gens qui ont fait leur maternelle à Rennes ! », lâche, un brin provocateur, cet écologue qui a lui-même passé un an aux États-Unis pour poursuivre ses recherches au sein du célèbre MIT. Une ouverture internationale que n’aurait certainement pas reniée Paul Ricoeur, lui qui excellait à croiser les savoirs, les disciplines et les cultures.