Pas toujours simple de se repérer dans le maquis des laboratoires publics de recherche ! C’est précisément pour aider les entreprises (et plus généralement tous ceux qui s’intéressent à la recherche scientifique) à mieux identifier les ressources présentes dans l’Ouest qu’a été conçu le site Plug in labs Ouest. Véritable moteur de recherche, il permet, à partir de simples mots-clés ou de domaines d’innovation prédéfinis, d’accéder à des fiches synthétiques de présentation des laboratoires, avec les contacts utiles, les domaines de recherche de chaque structure et les résultats obtenus.
Le site a été mis en ligne fin 2014. Il recense actuellement 123 laboratoires, dont une petite centaine a un lien direct avec Rennes. Dans les prochains mois, 330 équipes de recherche, 250 plateformes technologiques seront associées, et le contenu deviendra bilingue français-anglais, « pour se donner les chances d’émerger au niveau européen », explique Pascal Olivard, le président de l’Université européenne de Bretagne (UEB), au coeur du projet. Peu connue du grand public, l’UEB fédère depuis 2007 les établissements d’enseignement supérieur et de recherche bretons. Elle organise une coopération scientifique renforcée entre ses membres, approfondissant ainsi la tradition bretonne déjà effective dans de nombreuses opérations transversales mutualisées : écoles doctorales partagées, groupements d’intérêt scientifique, unités de recherche communes…
L’UEB poursuit l’objectif d’accroître le rayonnement international de la recherche et d’inscrire durablement la Bretagne comme région de la connaissance et de l’innovation. Pour l’atteindre, elle s’est dotée d’outils complémentaires aux outils nationaux et européens, pour conforter la structuration de ses unités de recherche en réseaux et accroître leur participation dans les programmes européens et internationaux. Le portail Plug in Labs Ouest est l’un des résultats de cette démarche.
En 2009, avec le soutien de la DIRRECTE Bretagne (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi de Bretagne) et de la Région Bretagne, l’UEB a développé un moteur de recherche répertoriant les compétences scientifiques des laboratoires du territoire, « Technosciences ». Progressivement, cette base de données s’est enrichie grâce au travail des directeurs de laboratoires qui se sont saisis d’une problématique partagée : comment renforcer leurs liens avec les entreprises ? Réciproquement, les acteurs du monde socio-économique souhaitent identifier facilement des partenaires potentiels. C’est donc assez naturellement que l’agence régionale de développement économique, Bretagne Développement Innovation (BDI), a choisi de croiser ses propres données avec celles de l’UEB. Autrement dit, faire converger les disciplines scientifiques de la recherche et les savoir-faire du monde économique et industriel. « Cette démarche de référencement nous a séduits. Cela permet de repérer des compétences porteuses pour les marchés d’avenir, dans des secteurs tels que les biotechnologies, les matériaux composites ou encore les énergies marines renouvelables », confirme Bertrand Piechaczyk, responsable du pôle ingénierie de BDI. L’agence a partagé avec l’UEB un « entrepôt de données de l’écosystème de l’innovation de Bretagne », la plateforme CRAFT, complétant ainsi le dispositif. Ce partenariat a été récompensé en 2013, dans le cadre des « Rencontres Universités Entreprises », rendezvous national annuel devenu incontournable. Le prix AEF des « Meilleures initiatives partagées » a permis d’assurer une promotion d’envergure pour le territoire à cette occasion. En effet, cet outil, unique en France « a suscité beaucoup d’intérêt de nombreux acteurs, notamment académiques, mais pas seulement » précise Pascal Olivard, président de l’UEB. Cette cartographie croisée a permis d’évaluer les défis pour l’innovation et la compétitivité par une connaissance partagée des compétences des entreprises et des laboratoires publics (unités, équipes de recherche et plateformes) en Bretagne. Tenant compte des attentes exprimées, les acteurs du projet se sont remis autour de la table en 2014 afin de faire évoluer le projet et l’améliorer.
Béatrice Viale, secrétaire générale de la Société d’accélération du transfert de technologie (SATT) Ouest Valorisation, a participé à ces échanges. « Pour nous, contribuer à cette démarche était une évidence. Notre métier vise avant tout à favoriser les relations entre les laboratoires de recherche et les entreprises, qu’elles soient régionales ou nationales, de favoriser l’innovation au sens large. Un outil permettant d’accroître la visibilité et l’attractivité du potentiel technologique des laboratoires ne pouvait que retenir notre attention ». Ainsi, aux compétences scientifiques ont été ajoutées les offres technologiques des laboratoires recensées par la SATT.
Cet apport a donc permis de réunir : compétences, expertises, offres de technologies, brevets et équipements scientifiques. L’enjeu fut ensuite de concevoir un outil dont le design et les fonctionnalités garantiraient un accès simplifié à ces données, un portail permettant aux entreprises de cartographier simplement les compétences scientifiques et technologiques du territoire, au service de leurs projets innovants.
En résumé : BDI dispose des données relatives à l’écosystème économique, l’UEB collecte les compétences scientifiques des laboratoires publics, Ouest Valorisation répertorie l’offre technologique de ces laboratoires.
L’indexation croisée de ces ressources plurisectorielles constitue une première en France. Le recensement des compétences s’appuie sur les relations de proximité qu’établissent BDI, l’UEB et Ouest Valorisation avec les acteurs de la recherche et de l’innovation de Bretagne. Le succès de ce projet repose sur la mobilisation des multiples contributeurs au sein des laboratoires et des entreprises. La conception de Plug in labs Ouest s’appuie en effet sur une méthode dite « agile ». « Les utilisateurs ont été placés au coeur de la réalisation du projet. Une version bêta a été testée auprès de chercheurs et de salariés de PME à l’occasion d’ateliers collectifs ou de suivi individualisé. Il s’agit de comprendre les processus de recherches des entreprises, en lien également avec des conseillers innovation. Nous poursuivons ces échanges pour adapter régulièrement l’outil », souligne Perrine Franca, qui pilote le projet au sein de l’UEB.
Pour guider les visiteurs, un accompagnement « pas à pas » est proposé à la première connexion. Il permet de comprendre facilement comment filtrer les résultats pour optimiser une recherche, créer son compte utilisateur et activer une veille personnalisée.
Selon les thèmes saisis, une liste présentant l’ensemble des équipes de recherche en rapport s’affiche en un clic. Chacune correspond à une fiche détaillant les activités de l’équipe : axes de recherche, compétences, domaines d’expertise, équipement, secteurs d’application, type de collaborations possibles… et surtout « contact », pour être mis en relation, « se connecter ».
Côté contributeurs, l’accès est également simplifié : une boîte à outils permet de suggérer des mises à jour, validées dans chaque établissement par un référent (responsable des relations entreprises ou chargé de valorisation). Objectif : assurer la fiabilité des données et gagner du temps.
Des retours d’usages, sur le fond et sur la forme, ont fourni des données essentielles pour adapter le site pluginlabs-ouest.fr. À peine mis en ligne, de nouveaux développements sont déjà prévus. La prochaine étape repose sur l’élargissement de son périmètre aux Pays de la Loire, dans le cadre de la mise en place de la ComUE Université Bretagne-Loire en 2016. Enfin, la marque « Plug in labs » a été déposée, une mesure de protection nécessaire car c’est « un dispositif qui fait école, il est très observé ailleurs », indique Béatrice Viale. Déjà, d’autres déclinaisons territoriales sont envisagées, notamment du côté de l’Ile-de-France.