La photographie permet à Catherine Duverger d’entretenir sa fascination pour l’architecture, la lumière et ses représentations, tenant à maintenir une tension entre la deuxième et la troisième dimension. 
      En sillonnant les zones pavillonnaires de la banlieue de Rennes, l’artiste a découvert le chantier d’un nouveau quartier entièrement en construction : celui de Saint-Gilles. Dans ces habitations en devenir, elle a mis en images les relations qui s’entretenaient entre le bâti et le paysage, tous deux fabriqués de toutes pièces. Sensible aux artifices architecturaux et aux ambiances lumineuses et spatiales, elle est à la fois interprète et spectatrice d’un site en chantier qui donne naissance en quelques semaines à plusieurs divisions pavillonnaires. Les espaces privés, nos futurs espaces de vie sont ainsi façonnés bien avant que l’on expérimente leurs appropriations. 
     Comment ces espaces en construction trouvent leur place dans ce qu’on appelle les terrains à bâtir, où le paysage est défiguré, remodelé ? La photographe a voulu montrer en une image commune, fusionnelle, au moyen de la surimpression, les interactions entre ces univers en mouvement. Elle opère un déplacement spatio-temporel visible en une seule et même image : deux lieux et deux moments sont présents dans un unique espace, celui de la photographie. 
     Elle emmène le regard à travers des rectangles lumineux à s’interroger sur la frontière extérieure et intérieure. Une tension et une vibration s’installent dans ces paysages en construction.