elles se racontent
en photos
Les clichés les décrivent : leur cellule, leur objet fétiche, un auto-portrait suggestif et un lieu extérieur de leur choix. « Moi, j’ai photographié mes tennis à côté de mes pantoufles, parce que je suis à la fois une sportive et un gros bébé », rigole une participante. « On a travaillé la netteté et le cadrage. On a appris à jouer avec les reflets et les ombres, ajoute sa voisine. Ce gros travail, on l’a fait nous-mêmes, du début à la fin. On a été obligées d’être patientes et d’apprendre à faire des choix, aussi. »
Lors de son dernier parloir, une jeune femme a montré la photo de sa cellule à sa mère et son fils : « Ils n’ont pas reconnu ce que c’était. Ma chambre est très zen, avec des rideaux comme des tentures asiatiques. Les gens n’imaginent pas que nos cellules sont décorées et qu’elles montrent notre personnalité. Qu’elles peuvent être pleines de vie et de couleurs. » L’atelier les a fait prendre l’air pour deux journées de permission. « Avec Richard, on en a fait des kilomètres à pied ! Dans les rues, dans les parcs... Au départ, on voulait tout photographier. J’ai choisi de garder la photo d’un oiseau. Je n’arrête pas d’y penser. » Un graffiti, un arbre tout nu ou un ciel nuageux en disent un peu plus sur ce qu’elles ont dans la tête. « Je me suis découvert une passion, un kif total, sourit rêveusement une apprentie photographe. Je sais ce qu’il me reste à faire dès que je sors. »