<
>
Initiatives urbaines
#30
L’Archipel à Laillé, sport et culture en vis-à-vis
RÉSUMÉ > À Laillé, à proximité du centre bourg et des écoles, le complexe sportif et culturel L’Archipel prend le pari de faire vivre pratiques sportives, culturelles et festives. Un projet pensé avec les usagers, traduit par le cabinet Robert et Sur de Saint-Brieuc. Cet ensemble de grande qualité architecturale, inscrit dans une démarche environnementale, lauréat Eco-Faur, a reçu le Prix Architecture Bretagne 2013 dans la catégorie « Apprendre – se divertir ».

Un ensemble de salles pour un ensemble d’habitants

     Salle des fêtes aménagée dans un hangar agricole réhabilité, activités sportives dans des locaux vétustes… au fil du temps et avec l’arrivée de nouveaux habitants, les attentes des Lailléens en termes d’équipements se sont faites de plus en plus pressantes. « Au début de notre mandat, explique le maire Pascal Hervé, nous avons effectué le bilan de nos besoins. Nous étions face à une alternative : soit réaliser un complexe commun en mutualisant les espaces, soit construire de façon indépendante une salle culturelle et festive et une salle de sport ». Le maire et l’équipe municipale associent un programmiste à leur réflexion. Un comité de pilotage est organisé afin de lancer une vaste concertation auprès d’une dizaine d’associations de la commune, des habitants futurs usagers, des personnes-ressources, notamment un restaurateur pour le dimensionnement de la cuisine. « Cette démarche participative a fait émerger le souhait de l’Union sportive Laillé pétanque de construire un boulodrome couvert. Nous leur avons fait confiance et au final, c’est devenu un lieu de vie important pour les Lailléens, avec par exemple l’accueil d’activités périscolaires animées par les bénévoles », explique Anne Le Couriaud, adjointe à la vie associative, sportive et culturelle.
    L’emplacement retenu pour l’opération s’inscrit dans la ZAC du Chemin vert, à proximité du centre bourg et des écoles. Une situation géographique qui favorise les déplacements en mode doux. Afin de limiter la consommation d’espace, la mairie décide de bâtir un équipement unique pour les quatre usages retenus : la salle de sport dotée de gradins, la salle de gymnastique, la salle des fêtes et le boulodrome couvert. L’aménagement d’un parking unique, d’un vaste hall distributif en forme de véritable agora, de sanitaires communs et de locaux techniques mutualisés doit permettre de réaliser des économies de structure et de maintenance, mais aussi de marier les pratiques en favorisant les synergies entre vie sportive, culturelle et festive.

     Autre volonté des élus : mener une démarche exemplaire de développement durable avec une volonté de minimiser le volume des déblais ; récupérer l’eau de pluie ; réduire la consommation d’énergie par l’installation de panneaux solaires pour l’eau chaude sanitaire et de panneaux photovoltaïques pour la production d’électricité ; favoriser un ensoleillement maximum malgré la demande faite par les sportifs du « noir complet ».
    La désignation du maître d’oeuvre se fait sur concours, en 2009. Sur les quatre-vingts candidatures, le cabinet d’architecture Robert et Sur de Saint-Brieuc sort lauréat. « Il était le seul à proposer une salle à l’étage et l’intégration du bâtiment, en jouant sur le dénivelé, sans faire de mal au paysage », note le maire. En amont, l’équipe municipale visite les réalisations des équipes pressenties, afin de vérifier de visu la qualité des travaux réalisés. « Nous souhaitions une équipe solide et impliquée sur le projet », précise le maire qui ajoute : « Même si celle-ci était jeune, les architectes faisaient preuve d’une grande rigueur ». L’élue à la vie associative, sportive et culturelle souligne le professionnalisme de l’architecte Benoît Robert, en charge du projet : « Il était présent chaque mercredi avec ses exigences, se montrant très à l’écoute ».
    Avec les entreprises, dès le départ, est posé un contrat moral d’exemplarité tant au niveau de la qualité que des délais à respecter. Au final, l’enveloppe allouée a été respectée et les délais ont été tenus. Avec une part importante d’autofinancement et un taux d’endettement par habitant en augmentation, le choix de l’équipe municipale se veut prospectif. « C’est un ouvrage imposant qui semble massif et grandiose, et qui peut paraître surdimensionné pour une commune comme la nôtre, mais ce n’est pas le cas », affirme le maire qui pointe l’utilisation intense de cet équipement. « Cela crée des dynamiques nouvelles. Les entreprises locales par exemple ont proposé un forum à destination des habitants pour présenter leur métier. L’union des commerçants organise désormais un salon des vins. Nous avons aussi reçu une manifestation régionale de Taï-chi-chuan. »

     « Pour faire un bon projet, il faut une bonne question. Le travail réalisé en amont par la municipalité de Laillé était précis et les besoins bien identifiés ». Sans détour, l’architecte Benoît Robert souligne les relations constructives entretenues avec le maître d’ouvrage : rapports directs, réactivité, fermeté sur les objectifs attendus, efficacité du suivi et volonté de qualité partagée. Autant d’atouts pour mener à bien un programme singulier : rassembler dans une même structure plusieurs équipements. Une volonté fondatrice qui de fait induit une volumétrie imposante à l’échelle communale, avec un impact sur le site que le cabinet d’architecture sait valoriser en tirant habilement partie de la topographie.
    L’Archipel est accessible depuis un parvis public, grande galerie extérieure, qui permet d’inscrire le projet par rapport au bourg. Le boulodrome, indépendant, est situé dans l’aile ouest. À l’abri, côté rue, derrière une façade rythmée par les quatre sheds de la toiture, il s’ouvre sur un espace de jeu extérieur installé dans l’équerre de retour.

     Au centre du bâtiment, se situent le hall distributif et ses espaces communs mutualisés, offrant une vue plongeante depuis ce niveau d’accueil vers le plateau sportif. Cette arena est implantée un niveau plus bas pour assurer la hauteur nécessaire à la pratique du badminton. Un principe qui permet d’encastrer la salle de gymnastique, en mezzanine. Celle-ci bénéficie ainsi d’une double vue, à l’intérieur sur les activités de sport collectif et à l’extérieur, sur le paysage du bassin de Rennes. De telles transparences contribuent au traitement subtil de la lumière naturelle : « Nous souhaitions offrir une co-visibilité entre les différentes fonctions de la structure, en amenant uneforme de spectacle dès le hall d’entrée où on perçoit la présence des autres usagers et de leur pratique. La question sous-jacente est aussi celle de l’orientation. Dans un tel ensemble, on sait toujours se repérer dans l’espace ». Ainsi, la salle des fêtes Claude Nougaro qui peut être configurée en deux espaces distincts avec deux terrasses attenantes, est en connexion visuelle avec le parvis, à travers un patio.
    Autre point à noter : le grand soin apporté aux finitions. « Nous essayons toujours avec des moyens simples, car le budget est relativement mesuré, d’offrir des mises en oeuvre précises et de grande qualité. » Un travail spécifique a été mené sur les matières : le béton en soubassement et la vêture en bois rétifié et en polycarbonate ondulé entrent en dialogue. De plus, l’écriture architecturale de la façade arrière qui dans ce type de structure est bien souvent le parent pauvre fait l’objet d’une attention particulière et d’un souci d’intégration dans le paysage.

     « C’est le grand luxe ! C’est clair, très agréable, bien chauffé et doté de locaux adaptés pour ranger notre matériel. Les vestiaires sont fonctionnels et ceux qui le souhaitent après le cours de gym peuvent prendre une douche. » Le plus appréciable pour Véronique Audrain, présidente de la gymnastique volontaire qui compte désormais plus de trois cents adhérents et propose seize cours par semaine, c’est la convivialité que favorise la configuration des lieux. « Sur la mezzanine, pendant le cours de gym Pilates, on voit les basketteurs s’entraîner sur le plateau sportif. » Autre exemple : dans le hall devenu « Club House », il y a toujours un temps fort organisé par les uns et les autres. « Désormais les associations se croisent et se rencontrent. C’est plus facile pour s’arranger entre nous, sur les créneaux horaires par exemple ». Véronique Audrain affirme avec enthousiasme : « C’est devenu un petit coeur de Laillé où nous aimons nous retrouver. Il y a toujours du monde ».
    Le même constat est dressé par Michel Gautier, membre du bureau de l’US Laillé qui fédère neuf sections sportives et près de mille adhérents. Joueur de pétanque aguerri, le militant sportif affirme : « Nous avons triplé nos effectifs depuis la construction du boulodrome couvert ! » Premier point positif pour ce dernier : avoir avec un tel équipement augmenté la capacité de la pratique sportive sur la commune et son rayonnement en dehors des limites communales. « Avec l’arena bien conçue et aménagée grâce à l’appui de certaines fédérations sportives, nous pouvons désormais recevoir des compétitions et des tournois. Nous avons aussi l’avantage d’avoir tout sur place pour l’organisation de nos rencontres sportives ! » L’équipement répond à toutes les attentes des usagers. « Avoir été associé dès le début de la réflexion, au sein d’un comité de pilotage, et avoir suivi les réunions de chantier a permis de bien prendre en compte les usages. » Si au départ, associer sport et culture semblait être une gageure, cela tombe désormais sous le sens : « Le festival des Tombées de la nuit par exemple, nous a demandé d’organiser un tournoi de pétanque pendant que se déroulera le Défilé des élégants ». Rien de plus naturel…