L’aspect extérieur n’a rien d’affriolant. Mais, avec la sévérité de son architecture d’entrepôt industriel, c’est comme une marque de fabrique que 40mcube offre au regard de l’avenue Sergent-Maginot. Le cubage chiffré de son titre semble confirmer cette intention technophile. Tout comme, avant d’entrer dans les lieux, la vue du jardin devenu parc de sculptures urbain où trône une stèle en béton armé signée Nicolas Milhé.
Depuis dix ans que la galerie existe, elle n’a cessé d’encourager à travailler les matériaux ou à intervenir sur les chantiers de construction. « Très vite, on s’est tourné vers l’espace public et avons incité à travailler sur l’urbanisme », indiquent Anne Langlois et Patrice Goasduff, deux « purs produits de Rennes 2 », qui ont créé cette structure associative aidée par la Ville.
La galerie a migré. Au début, c’était à l’entrée de la rue de l’Alma. En face du chantier du parking, près de la prison des femmes. « Le Québécois Yves Gendreau a travaillé sur le parking en y créant des constructions, se souvient Patrice Goasduff. Nous nous sommes toujours interrogés sur « Qu’est qu’un chantier ? » avec des oeuvres qui essaient de questionner les habitants ».
Depuis deux ans, 40mcube occupe l’ancien garage Volvo et « s’y trouve très bien ». Son travail? « Prospecter des artistes, à Rennes ou ailleurs. Des choix subjectifs assumés, avec toujours la volonté de montrer de l’art contemporain pointu, les nouveaux matériaux », même si ça peut être très perturbant pour le public. » Tous les médiums sont bons : vidéo, béton, ou « concrete canvas », ce textile qui se transforme en béton. « Finalement, nous sommes toujours entre recherche et art contemporain ».
Les artistes viennent en résidence, travaillent dans le sous-sol et souvent en équipe, comme actuellement Antoine Dorotte dont le travail débouchera sur une exposition en février 2012. À croire que les intuitions de 40mcube sont bonnes: « Les commissaires d’exposition regardent de très près ce que nous faisons. Il n’y a dans le pays que trois ou quatre structures de l’émergence telles que la nôtre. Depuis dix ans, nous avons proposé des artistes qui comptent désormais sur la scène nationale comme Milhé, Dorotte, Gendreau, Denicolaï, Moriceau… »
Ces créateurs, on a pu les retrouver en cette fin d’année 2011 pour l’exposition « RN137 ». Une présentation commune à Rennes et à Nantes – d’où le titre - réunissant 12 plasticiens des deux villes, pour montrer « la complémentarité des deux scènes artistiques », tout cela dans le cadre de la fameuse coopération Rennes-Nantes.
Et le public dans tout cela ? 12 000 visiteurs par an, affichent Anne Langlois et Patrice Goasduff. « On fait des démarches volontaristes pour inviter des constructeurs de chantiers ou des publics liés aux projets ». C’est le cas depuis 2003 pour la série d’expositions intitulée « Chantier public ». La galerie travaille aussi vers les scolaires, l’hôpital, les accueils de jour. Avec un budget annuel est de 120000 euros, elle finance notamment deux postes celui d’Anne Langlois et de Cyrille Guitard (Patrice Goasduff, lui, est bénévole). Le financement est public à 80 %, assuré par la Ville, la Région, la Drac et Art Norac.
40mcube ajoute une autre activité aux résidences et aux expositions : la galerie représente en effet les Nouveaux Commanditaires pour les départements du Finistère, du Morbihan et de l’Ille-et-Vilaine. C’est-à-dire qu’elle joue le rôle d’intermédiaire ou de conseiller entre les acquéreurs et les artistes, entre les institutions et l’art contemporain. « Une position idéale », souligne Patrice Goasduff.