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Dossier
#15
Les Ateliers de Rennes, troisième édition
à l’automne 2012
RÉSUMÉ > La troisième Biennale de Rennes dénommée Les Ateliers de Rennes se déroulera de 15 septembre à 9 décembre 2012. Pour la prochaine manifestation, la commissaire d’exposition Anne Bonnin a choisi la figure du pionnier.

    Ce matin-là, Anne Bonnin se frotte les mains. Elle vient d’avoir l’assurance que « sa » biennale se déroulera dans deux lieux rennais majeurs: la salle d’exposition du tout nouveau Frac (Fonds régional d’art contemporain) à Beauregard et l’ancien Centre des télécommunications, avec sa célèbre tour antenne quai de la Prévalaye. « Cela me ravit que les Ateliers de Rennes prennent place dans des constructions d’époques et de conceptions différentes, en particulier dans ce bâtiment de Louis Arretche emblématique de l’architecture seventies, appelé aujourd’hui Newway Mabilais, et dans le futur bâtiment du Frac, conçu par Odile Decq, car j’ai pensé mon projet artistique en rapport avec l’architecture et l’environnement urbain. Quand je suis venue à Rennes pour préparer le concours de la Biennale 2012, j’ai regardé la ville actuelle, non pas le cœur ancien, mais un urbanisme mélangé qui s’est développé depuis les années 60 et compose un panorama architectural contemporain ».

     Entre le Frac de l’architecte Odile Decq, témoin de l’actuel, et la tour d’Arretche, témoin de l’architecture des années 70, la biennale va donc permettre « à travers l’art, de porter un regard à la fois sur une ville contemporaine et sur une architecture moderniste – non pas un modernisme héroïque mais tel qu’il a été mis en oeuvre dans les grands programmes de construction après la guerre en France et en Europe. » Ces nouveaux habits de la Biennale tranchent évidemment sur les deux premières éditions qui eurent pour écrin le vieux Couvent des Jacobins, aujourd’hui en attente de transformation en Centre des congrès.

     Créée en 2006, la Biennale a joué dès le départ un rôle de catalyseur des forces artistiques locales puisque les Ateliers de Rennes s’associèrent à de multiples partenaires (40mcube, Musée des Beaux-Arts, La Criée, etc.). Le public fut au rendez-vous: 50 000 visiteurs pour chacune des deux éditions en 2008 et 2010, dirigées par la commissaire Raphaëlle Jeune. Comme prévu, un nouvel appel d’offre a été lancé pour les deux prochaines éditions, appel remporté par Anne Bonnin.
     La grande originalité de la Biennale de Rennes est qu’elle est portée par une entreprise privée du secteur agroalimentaire: Norac, une holding forte de 3500 salariés avec à sa tête le rennais Bruno Caron, collectionneur d’art contemporain. Ce passionné fait le choix du mécénat mettant dans l’affaire plus d’un million d’euros soit 55 % du budget auxquels s’ajoutent environ 45 % d’argent public (Etat, Région, Ville). Et parce que Bruno Caron a la conviction que l’art et l’entreprise doivent faire bon ménage, la commissaire a répondu à l’appel d’offre en élargissant cette approche de l’art : « j’ai pris le terme « entreprise » au pied de la lettre », précise Anne Bonnin.
     Pour les deux précédentes éditions, certains artistes ont réalisés leurs oeuvres au sein d’entreprises de la région. Ce ne sera pas le cas cette année, même si le travail au sens artisanal, ouvrier, artistique sera évoqué. Ainsi, « une vingtaine d’oeuvres originales seront produites ». Pour trouver des artistes, Anne Bonnin a « sillonné l’Europe ». Des noms? Guillaume Leblon, Pierre Leguillon, Dove Allouche, Ian Kiaer, Marie Voignier, Katinka Bock. Pas impossible que deux oeuvres s’installent dans l’espace public. La commissaire rêve de quelque chose en rapport avec prairies Saint-Martin.

     Et le thème 2012? Quelques mots. À prendre comme des pistes : « c’est une figure de conquête, positive et négative, si l’on songe à sa violence. Une figure ambivalente qu’il s’agit de déplier dans ses aspects contradictoires. Au sens courant du terme, « pionnier » désigne un défricheur, un découvreur, un inventeur, quelqu’un qui élargit les limites d’un domaine de connaissance. Il s’agit de porter un regard sur une histoire de la modernité élargie, du pionnier américain au migrant post-colonial. La thématique propose un horizon d’interprétation à des pratiques actuelles dans leur diversité: oeuvres environnementales, sculptures, peintures, vidéo, utilisation de l’archive, etc. Le projet se déploie autour de plusieurs axes de recherche, tels que l’architecture, l’anthropologie, l’histoire individuelle et collective. »
     En cet automne, les choses s’esquissent mais sont loin d’être bouclées. La commissaire est enthousiaste. Elle prévoit de solliciter une cinquantaine d’artistes. Et il lui reste encore beaucoup à défricher d’ici au mois de septembre pour offrir aux Rennais leur troisième Biennale.