« La Maison Héléna est un concept, une offre locative qui répond aux besoins des aînés en proposant des appartements adaptés et des espaces communs de vie propices à une ambiance de solidarité et de convivialité. Un environnement favorable au bon vieillissement ! », affirme Béatrice Chancereul, présidente de l’association éponyme. Héléna signifie « Habitat Équipement Local dans un Environnement Nouveau pour les Aînés », un clin d’oeil au prénom de la mère de l’ancienne infirmière : « L’idée a germé à propos de mes parents. Au final, c’est devenu la réflexion associative de onze membres fondateurs soucieux de s’occuper de leur vieillissement, en restant acteurs de leur vie, décideurs et citoyens à part entière Rappelons que seulement 20 % des personnes de plus de 85 ans ont besoin d’une structure médicalisée, les autres souhaitent un maintien à domicile ».
Une fois créée l’association, en 2006, Espacil Habitat, bailleur social, se charge de développer ce projet d’habitat locatif adapté et intégré dans un environnement communal. La municipalité de Gévezé se porte candidate et choisit d’ouvrir, au sein de cette maison, un espace communal dédié aux aînés de la commune. Le Pôle des solidarités est animé par la coordinatrice, employée par l’association Héléna, qui assure l’accueil, l’écoute et l’orientation des locataires et des aînés de la commune. Forte de cette première expérience, l’association accompagne la construction d’une nouvelle « maison » à La Mézière. Par ailleurs, Béatrice Chancereul est désormais missionnée par Espacil Habitat pour développer ce nouveau concept qui répond aux attentes des anciens et des collectivités. « Une douzaine de projets sont en cours sur le département. Espacil Habitat assure la maîtrise d’ouvrage et la gestion locative. L’accompagnement à la vie sociale est confié soit à une association soit à une structure communale »
Marie Henry est octogénaire et originaire de Gévezé, à l’image de la majorité des vingt-quatre locataires. Elle est adhérente de l’association depuis le début du projet mené sur la commune. Femme dynamique, présidente du club des retraités, elle ouvre volontiers sa porte à ses voisins de palier qu’elle convie autour d’un verre. Avec Jeannine, Odette et Jean-Claude, elle nous livre avec enthousiasme ses impressions : « Je suis vraiment bien logée… c’est un palace ! On est chez soi, mais pas seul. On peut facilement se rencontrer les uns les autres. Par exemple dans la salle de convivialité, Christelle, la coordinatrice, nous accueille autour d’un café le mercredi ». Dans la coursive, les locataires du 2ème étage sortent volontiers un tapis pour faire leur gymnastique. Au rez-de-chaussée, dans la salle de bien-être, les vélos d’appartement font cercle commun. Amusée, Marie ajoute : « Même ma fleur a trouvé sa place… devant ma porte ». Chaque palier, en léger retrait privatif, s’anime d’une touche personnelle et se prolonge dans les parties communes spacieuses et lumineuses.
Les appartements s’ouvrent sur une pièce à vivre dotée d’une kitchenette. Depuis la chambre à coucher, une large porte coulissante permet de moduler la vision sur la pièce à vivre, en cas d’alitement prolongé. Jeannine souligne la fonctionnalité du logement avec de grands placards. « J’ai la chance d’avoir aussi un petit débarras ». Appartement coquet, la locataire n’a qu’un regret : « De mon balcon, je ne vois qu’un tas de bois ! ». Marie a plus de chance avec une vue dégagée sur le centre-bourg. Une proximité que salue Odette : « Auparavant, nous habitions une maison isolée avec un étage. Tout ici est à notre portée avec les commerces ». Pas de regrets non plus pour Jean-Claude : « On est chacun chez soi, indépendant, mais on sait se rendre de petits services ». Conclusion pour le plus jeune retraité de la maison : « Je n’ai vraiment pas à me plaindre, je suis entourée de femmes ! ».
Julien Guénéguès, architecte, a rejoint Thierry Dupeux et Hubert Philouze, associés de l’atelier d’architecture qui a récemment pris le nom de Rhizome. Fin 2013, l’agence obtenait le prix du public Architecture de Bretagne pour la Maison Héléna. Une récompense qui fait écho à l’essence même du projet : l’implication des usagers… « La grande richesse et l’originalité de ce projet, c’est de nous avoir associés dès la phase de programmation, avec une attente forte en termes de mixité sociale. En amont, nous avons pu mener des ateliers de parole avec les futurs locataires », commente Julien Guénéguès. Autre originalité : cette opération est couplée avec un autre collectif pour ne former qu’un seul ensemble architectural. « Dans un centre bourg très dense et à proximité de l’église et de la mairie, il nous fallait trouver la bonne échelle et la bonne implantation. Une liaison douce souligne l’ensemble et s’inscrit dans la topographie contraignante du site, avec à l’extrémité un accès de plain-pied et de l’autre, un promontoire ».
La Maison Héléna s’ouvre sur une vaste ruelle intérieure qui dessert les deux étages. Elle est recouverte d’une verrière qui permet de percevoir les changements de luminosité. « Nous voulions favoriser la vie sociale dans les parties communes, en surdimensionnant les coursives ». Véritable jardin d’hiver, au rez-de-chaussée, de larges bacs sont plantés de plantes dépolluantes qui à terme grimperont aux étages le long de structures de bois. « Chaque logement est desservi par une passerelle, une zone de pré-habitation qui permet de mettre un fauteuil par exemple. Nous avons optimisé la conception de chaque appartement pour faciliter leur évolution et soutenir le plus longtemps possible l’autonomie des locataires ».