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Dossier
#11
RÉSUMÉ > Millions de trains, millions de vies, millions d’événements. Toute gare est un livre d’histoires. La ville et l’ailleurs s’y croisent, le dedans et le dehors s’y frottent. Butiner sur Internet parmi les 740 000 occurrences « gare de Rennes » du moteur de recherche Google, peut aider à construire un récit. Quelques brins de légende pour chanter ce lieu névralgique de l’histoire de la ville.

DREYFUS. En 1899, lors de la révision de la célèbre affaire Dreyfus jugée à Rennes, c’est le monde entier qui débarque en gare de Rennes. Malgré des appuis célèbres, comme celui de Jean Jaurès, Dreyfus est condamné à dix ans de prison, mais cette fois, avec « circonstances atténuantes ». Il est gracié quelques jours plus tard par le président de la République Émile Loubet.

LÉVRIER. – Lolo, type lévrier galgo Espagnol, de couleur bringée et de grande taille, s’est échappée à la gare de Rennes durant le covoiturage. Si vous la voyez, téléphoner au 062470… Merci à tous, elle n’a aucun repère. Elle est pucée n° 978 000 000 696 86 et ne porte plus de collier.

BRONZE. – Il y a plusieurs mois un immense chien sale jouant sur le parvis de la gare de Rennes, y coula un gigantesque bronze. Les passants s’écartèrent avec dégoût de cette énorme immondice – sauf les aveugles, bien entendu ! Combien de temps encore avant de nous en débarrasser. Monsieur le Maire, que fait la voirie ?

GALOPIN. – Il suffit parfois de louper le dernier train pour se retrouver nez à nez avec une ville. Au pied de son mur. Sans brosse à dents, ni chemise propre. Nous sommes samedi soir, bientôt 21 h, dans le quartier de la gare de Rennes. À l’hôtel Kyriad, la réceptionniste réfléchit, perplexe. « Tout au plus, lâche-t-elle, un bistrot, au bout de l’avenue. Cela s’appelle Le Galopin ».

RAVAGE. – Il y a longtemps, dans un café de la gare de Rennes, je lisais (…). Une femme est venue m’accoster et nous avons discuté pendant quelque temps de bouquins et j’en étais arrivé à la conclusion suivante : René Barjavel est un auteur que je dois absolument lire. (…) Je m’y suis enfin mis. (…) Ravage est tout simplement passionnant. Ce livre écrit en 1943 présente, de façon troublante, des pans entiers de notre quotidien moderne.

DÉMINAGE. – Des milliers de Rennais du quartier de la gare devront quitter leur logement, dimanche 24 octobre, de 9 h 30 à 14 h. Le périmètre de sécurité comprend la gare SNCF qui sera fermée quelques heures. Le déminage ne devrait pas poser de problème. Une bombe anglaise de 250 kg a été découverte le 30 septembre sur le chantier du futur établissement pour personnes âgées dépendantes, rue des Français-Libres.

ESPAGNOLS. – Ces migrants venaient de Bilbao et de Guernica. Ils avaient été accompagnés par un bateau anglais jusqu’à la Rochelle, puis conduits en convoi jusqu’à Rennes. On comptait alors environ deux cents émigrés, à l’arrivée en gare de Rennes. Tous sont décrits comme épuisés, affamés et assoiffés.

SEZNEC. – Et puis, nous avons le témoignage de Danguy des Déserts, le seul valable car spontané, il dira jusqu’à la fin de sa vie qu’il est certain d’avoir aperçu Pierre Quémeneur, ce 26 mai à 14 h 30 à la gare de Rennes… – Vous faites erreur, Me Danguy des Déserts a vu Pierre Quémeneur, le dimanche 27 mai 1923 alors qu’il rentrait de la première communion de son fils et qu’il se trouvait en gare de Rennes.

IMPOSTEUR. – Se faisant passer pour un contrôleur de la SNCF, un jeune homme de 22 ans a été arrêté à la gare de Rennes. Voulant voyager gratuitement, l’individu a volé il y a un mois de cela, un uniforme et le matériel de contrôleur à Angoulême. Dans l’après-midi du samedi 18 septembre, l’imposteur, en tenue de contrôleur vérifiait les titres de transports des voyageurs à bord d’un TGV Paris – Rennes. Le jeune homme a été démasqué par des voyageurs.

CÉLINE. – Gare de Rennes, mars 1918. Louis Destouches, un Parisien de 24 ans, débarque du train au milieu d’une drôle d’équipe. Beau gosse, il pavoise en uniforme d’officier américain dans une escouade de propagandistes « qualifiés ». Tous appartiennent à la Mission Rockefeller venue en France repousser le fléau de la tuberculose. En ce printemps 1918, l’accueil des Rennais est triomphal. De la gare à la mairie, la foule acclame les hygiénistes franco-américains.

DRUCKER. – Le TGV file vers la Bretagne. La gare de Rennes approche. L’eau noire du regard de Michel Drucker se trouble. Je sais pourquoi. (…). Michel Drucker est le fils d’Abraham Drucker, juif natif d’Autriche- Hongrie et de Lola Schafler, juive d’origine viennoise. À l’été 42, Abraham est arrêté. Sa mère, enceinte de Michel, se fait contrôler sur le quai de la gare de Rennes par un officier de la Gestapo. Intervient alors un voyageur qu’elle ne connaît pas, Pierre Le Lay (père de Patrick Le Lay), qui dans un allemand impeccable discute avec l’officier allemand et lui dit qu’il s’agit de son épouse, leur sauvant ainsi probablement la vie.

BOBET. – Le plus beau souvenir sportif de Jean Bobet est un titre de champion du monde aux Jeux mondiaux universitaires à Budapest en 1949. À son retour en France, il est attendu à la gare de Rennes par une délégation de son club et du journal Ouest-France. Photos, fleurs, embrassades, interviews. Son frère Louison, alors aux portes de la gloire, décide de faire coudre sur les manches de son maillot officiel – blanc, frappé d’un coq violet, couleur de l’Université – le galon arc-en-ciel, marque des champions du monde. La vie s’ouvre à lui.

BLOCKHAUS. – Aujourd’hui, près de la gare de Rennes, a été détruit en partie, le dernier vestige de la Seconde Guerre mondiale, un blockhaus datant de 1941. Cette destruction réalisée en plusieurs étapes doit permettre l’aménagement de la place de la gare et l’extension des bâtiments de la SNCF devant accueillir le TGV...

TRIOMPHE. – Les héros – vainqueurs de la Coupe de France de football – furent accueillis avec un enthousiasme incomparable. La ville de Rennes offrit à ses joueurs une fête digne de leur belle performance. René Cédolin, seul joueur rennais à avoir remporté les deux coupes de France : « Une véritable folie s’est emparée de la ville. Comment oublier l’arrivée en gare de Rennes? L’avenue Janvier était noire de monde et la place de la Mairie prise d’assaut par la foule... »

MALÉDICTION. – J’ai une malédiction avec la gare de Rennes... Je hais la gare de Rennes. Je maudis la gare de Rennes. J’exècre la gare de Rennes. Pendant trois ans, j’y ai effectué ma correspondance deux fois par semaine entre Saint-Malo et Paris, c’était à l’époque où le TGV n’offrait pas de liaison directe entre les deux villes. Calculez un peu... 40 semaines x 2 fois x 3 ans. (…) Que j’aime le train... mais que je hais la gare de Rennes.

ADORATION. – Ben moi, j’adore la gare de Rennes. Quand j’y suis, ça veut dire que je suis en vacances. Et j’aime bien les vacances. Sauf que la dernière fois, ma soeur a pleuré toutes les larmes de son corps en me disant au revoir. Mais j’aime quand même la gare de Rennes.