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Contributions
#30
Les 33 jours rennais de Défense de la France
RÉSUMÉ > Défense de la France parut à Rennes le 8 août 1944, quatre jours après la libération de la ville. Ce quotidien du soir qui allait connaître 33 éditions jusqu’à la mi-septembre fut le premier journal clandestin de la Résistance à paraître au grand jour dans la France libérée. Défense de la France continua son chemin à Paris pour devenir France-Soir, journal populaire à forte audience. Pourquoi et comment ce titre s’installa-t-il à Rennes en dépit d’une certaine hostilité ? Quel fut le rôle du « libérateur » de la ville, Pierre Herbart, alias Le Vigan ? Suite et fin de l'enquête démarrée dans Place Publique # 29 sur la libération de Rennes et ses épisodes méconnus.

     Un beau jour de mai 1944, dans Rennes occupé, deux journalistes venus de Clermont- Ferrand passent devant l’imposant immeuble de L’Ouest-Éclair, rue du Pré-Botté. « Tu crois que nous entrerons un jour là-dedans ? » dit l’un. « Pourquoi pas ? » répond l’autre1. La prophétie se réalisera deux mois plus tard. Naguère journalistes au quotidien La Montagne, Maurice Felut et Henri Rochon sont à Rennes pour une mission précise : réaliser la première édition libre du journal clandestin Défense de la France. Quand ? Ils ne le savent pas mais, le Débarquement étant proche et la Libération probable, ils doivent être prêts au bon moment pour occuper l’imprimerie de L’Ouest-Éclair, ce journal condamné à disparaître car aux ordres de Vichy.

     Être le premier journal de la Résistance à paraître librement, ce coup d’éclat, presque un rêve, est décidé au printemps 1944 à Paris au sein du comité directeur du mouvement Défense de la France, qu’animent quatre étudiants de moins de trente ans : Philippe Viannay, Robert Salmon, Jean-Daniel Jurgensen et Patrice Blank. La première édition de leur journal clandestin a paru dès le 14 juillet 1941. Rocambolesque et risquée, cette aventure menée par des jeunes déménageant nuitamment dans le Paris occupé une presse Rotaprint d’appartements insonorisés en caves obscures, dont celle de la Sorbonne ! Ce sont des étudiantes qui diffusent en douce les exemplaires aux quatre coins du pays, faisant de Défense de la France le plus important journal de la Résistance. La diffusion des 48 numéros sortis entre 1941 et 1944 atteint des sommets : 450 000 exemplaires pour l’édition de janvier 1944 !
    Pourquoi choisir Rennes pour la première publication au grand jour de la feuille résistante ? Parce que le débarquement des Alliés aura lieu à l’Ouest et donc que Rennes sera la première grande ville libérée. Mais aussi parce que le chef-lieu d’Ille-et-Vilaine dispose d’une imprimerie importante, celle de L’Ouest-Éclair. En plus, « c’est en Bretagne que nos groupes MLN (Mouvement de libération nationale), pour la plupart d’origine Défense de la France étaient les plus forts », plaide Robert Salmon2.

     L’idée d’être le premier à publier un journal libre répond à une ambition politique. Pour les « mousquetaires » de Défense de la France, il s’agit de prendre de vitesse les autres organes de la Résistance. Salmon-Viannay- Jurgensen-Bank rêvent en effet que le Mouvement de libération nationale (MLN) créé en janvier 1944 et dont Défense de la France est la pièce maîtresse « devienne le grand parti issu de la Résistance destiné à régner sur la France libérée3 ».
    La bagarre est âpre, surtout que Défense de la France n’a pas été retenu pour faire partie du Conseil national de la Résistance de Jean Moulin, lequel réunit en gros la palette des partis politiques d’avant-guerre, y compris le Parti communiste. Défense de la France, ainsi que les autres adhérents du MLN (notamment Henri Frenay et d’Astier de la Vigerie) pensent au contraire qu’il faut reconstruire le monde d’après-guerre sur des bases nouvelles fondées sur des mouvements de Résistance non liés aux partis.

     De surcroît, le MLN est à la fois anticommuniste et plutôt anti-gaulliste. C'est le cas de Défense de la France dont les militants viennent d'horizons très divers et n'ont « souvent en commun que leur amour de la France et la honte de la défaite4 ». S’y ajoute une haine de la dictature, fondée sur une culture chrétienne5. Au départ, certains sont d’ailleurs pétainistes, il faudra attendre fin 1943 pour que DF se politise et se rallie à de Gaulle, mais « du bout des lèvres ».
    Avant même le CNR et son fameux programme, les dirigeants de Défense de la France (Viannay, Salmon et Jurgensen) ont élaboré leur propre plan de société pour temps de paix. Ils ont diffusé ce programme dans des « Cahiers de Défense de la France », manifestant ainsi dans une France résistante en proie aux rivalités, leur volonté de se mettre sur les rangs. L’« offensive » journalistique rennaise de l’été 44 entre dans cette logique. À Paris, Patrice Blank est chargé début 44 de définir le contenu du journal. Il recrute les deux journalistes chevronnés que sont Rochon et Felut. Quant à Pierre Herbart dit « Le Vigan », désigné « délégué général du MLN » en Bretagne, il sera chargé entre autres missions rennaises de veiller à la mise en route du nouveau quotidien.

     Peu après la mi-mai 44, Rochon et Felut débarquent donc dans la capitale bretonne en même temps qu’Herbart et son adjoint Cleirens. Rochon est accompagné de sa fiancée. Les deux journalistes logent en ville, mais les bombardements de début juin les font fuir. Ils se réfugient à quelques kilomètres, dans le village de Cesson où ils prennent pension à l’hôtel de Mme Marie. Là, « en attendant la Libération, ils passèrent leur temps à pêcher des truites », témoignera plus tard Francis Cleirens, pointant « l’égoïsme » de ces journalistes s’adonnant à la pêche « sans nullement se préoccuper de ce que devenaient leurs camarades restés à Rennes ». Un troisième journaliste professionnel parisien les rejoints : Robert Danger, originaire de la Mayenne.
    Enfin, un quatrième homme va intégrer la rédaction de Défense de la France : Maurice Delarue. Lui est Rennais et se destine à être professeur d’anglais. Rescapés de la rafle qui a décimé au printemps le réseau local de Défense de la France, il est devenu le principal appui d’Herbart-Le Vigan pour préparer l’insurrection de la ville. Ce dernier lui demande de faire partie de l’équipe des journalistes de DF.

     Le jeune Delarue connaît bien le journal dans sa version clandestine. À Rennes, c’est lui qui prospecte le milieu étudiant afin de recruter des distributeurs. Ainsi le 8 juin au matin, 2 000 numéros de DF sont diffusés dans la ville. Parfois, le journal a été imprimé sur place, aux Imprimeries Réunies d’Hervé Commereuc qui mourra en déportation. Avec l’activité de faux papiers, la distribution du journal est le point fort de Défense de la France à Rennes. La Libération est imminente mais l’édition au grand jour de DF à Rennes n’est pas gagnée. D’abord, il faut mettre la main sur L’Ouest-Éclair qui a cessé de paraître le 1er août. C’est chose faite le 3 août au soir, veille de l’entrée des Américains : « les locaux du journal passèrent entre nos mains sans coup férir », admet Herbart dans l’interview qu’il donnera ensuite. C’est un corps franc, constitué de FFI, qui investit ce soir-là l’immeuble de la rue du Pré-Botté. « L’ancien directeur de L’Ouest-Éclair (pro-Vichy) partit sans difficultés. La prise de possession fut donc facile. Les rédacteurs, les ouvriers restèrent et on put tout de suite faire paraître le journal », raconte Henri Rochon6. 

     Pas si vite ! Le lendemain, vendredi 4 août à 13 heures, rue du Pré-Botté, une autre passation de pouvoir se déroule autour d’un verre de champagne dans la salle des rotatives. Jean Marin, débarqué de Normandie, y intronise Paul Hutin comme directeur du journal qui devra succéder à L’Ouest-Éclair et qui s’appellera Ouest-France. Ce personnage n’était pas vraiment attendu par les Résistants. Ancien secrétaire général de L’Ouest-Éclair, il a démissionné et est entré en dissidence quelques années plus tôt. Il surgit au dernier moment et bénéficie de l’appui d’Henri Fréville, le délégué à l’information pour la Bretagne, dont il partage les mêmes vues politiques puisque tous deux feront partie du MRP7
     En même temps, Henri Fréville a donné son feu vert pour que Défense de la France paraisse. Président du Comité régional provisoire de presse, il raconte8 : « J’avais donné mon accord de principe à cette opération, environ trois semaines plus tôt, au cours d’une réunion qui s’était tenu rue de la Santé à Rennes dans un appartement d’un secrétaire de rédaction de L’Ouest-Éclair, Pasquier, et qui groupait outre Émile Cochet9, Jean Le Verger et moimême, Maurice Felut et Henri Rochon… »

     Pour autant, la partie n’est pas gagnée. Car voici qu’un haut personnage arrivé début août de Normandie met des bâtons dans les roues de DF. C’est le colonel Pierre de Chevigné, nommé par de Gaulle gouverneur militaire de la Bretagne libérée. Il a une sévère prise de bec avec Herbart qui, se présentant à lui, se voit répondre avec morgue : « La Résistance ? Connais pas10 ». S’opposant à la publication de Défense de la France à Rennes, Chevigné reçoit de la part d’Herbart cette réponse cinglante : « Si nous n’avons pas l’autorisation de paraître, nous nous en passerons. Vous savez, colonel, depuis quatre ans nous avons l’habitude » (de la clandestinité)11. Certains, comme Robert Salmon, pensent que Chevigné, futur député et ministre MRP, agissait ainsi « pour protéger les intérêts du journal local Ouest-France12 » . Mais il n’est pas le seul à se méfier de DF : selon certains témoins13, les Alliés eux aussi sont très réticents.
    Qu’importe, le dimanche 6 août, le président Fréville réunit pour la première fois son Comité régional de presse. Ce dernier approuve la création d’Ouest-France et entérine la parution simultanée de Défense de la France, lui accordant ce droit à titre exceptionnel « afin de rendre hommage à un des mouvements de Résistance qui a le plus positivement travaillé en Bretagne ».

     Les choses sont désormais en place. Le lendemain lundi 7 août, le premier Ouest-France paraît sur une feuille recto-verso. Puis le mardi 8 août après-midi, c’est au tour de Défense de la France de sortir son premier numéro (daté du 9 août car selon l’usage les journaux du soir portent la date du lendemain). Ce n° 1 au format cahier d’écolier et vendu 1,50 franc porte en titre principal : « La débâcle des armées allemandes sur le front de France ». Sa manchette porte la mention « quotidien du soir du MLN » et précise, obéissant aux consignes de Fréville, que l’adresse du quotidien est « provisoirement » rue du Pré-Botté.
    Le premier éditorial signé « D.F. » est dû à la plume de Pierre Herbart. On en retiendra une phrase assassine pour les autonomistes : le journal « a la joie de paraître en Bretagne, dans cette grande province française que des misérables et des fous s’étaient flattés d’arracher à l’unité nationale ». Et cette belle chute : la Résistance « veut refaire la France libre et heureuse, sans haine mais sans faiblesse (...) Ce qu’elle apporte, c’est la justice et non pas la vengeance. »

     Dans les bureaux de la rue du Pré-Botté, l’ambiance est agitée, témoigne Henri Rochon : « Défense de la France fut fabriqué pendant qu’un gros canon antiaérien tonnait tout près, ébranlant et cassant les vitres. L’électricité ne fonctionnait que par intermittence, ce qui rendait le travail difficile. » Robert Aron en rajoute, signalant que « la somptueuse maison de L’Ouest-Éclair » était alors « privée de la totalité de ses fenêtres et de la plus grande partie de ses cloisons vitrées ».
    Dans ces conditions, on se doute qu’il n’est pas confortable pour le personnel de Ouest-France de devoir partager le maigre stock de papier disponible avec un titre qui est de surcroît son concurrent direct. Mais on sait aussi que DF a des amis dans la place : outre Émile Cochet, grand résistant, deux sténographes-rédacteurs de L’Ouest-Éclair, François Limeul et René Batisse, sont des militants très actifs de Défense de la France.
    Jusqu’au 15 septembre, Défense de la France publiera 33 numéros mêlant informations locales, récit de l’avancée des troupes alliées et regard sur l’international. À partir du 22 août, date de parution du premier Défense de la France libre à Paris, le contenu rennais s’amenuise, se contentant de reprendre les articles de l’édition parisienne.

     Parmi les quatre journalistes - qui tous intégrèrent ensuite la rédaction de France-Soir –, le « vrai » rédacteur en chef est l’Auvergnat Maurice Felut. Un personnage truculent, « cheveu blanc et crépu, moustache noire ». Bon sens, esprit d’équité, modestie, caractérisent selon un de ses collègues14, cet ancien rédacteur en chef de La Montagne, homme de gauche, radical et anticlérical, organisateur des réseaux de Résistance en Auvergne. À son côté, le jeune Henri Rochon apparaît comme plutôt « effacé ». De Robert Danger, on ne sait rien. Quant au jeune Maurice Delarue, il fait ses premières armes avec fougue, n’hésitant pas à signer des papiers sur la Roumanie, la Bulgarie ou la Finlande ! Il avouera trente ans plus tard15 que pour ce faire il s’aidait « de journaux déjà publiés, d’un dictionnaire et de quelques souvenirs universitaires ». Malgré cette compétence relative, ce sont ces articles qui lui permirent de s’introduire au service étranger de France Soir avant d’en devenir le chef puis d’occuper le même poste au Monde !
    Et Pierre Herbart ? On le suppose veillant au grain, inspirant quelques idées et garantissant la ligne politique. Il publie cinq éditoriaux dont un signé « P.H. ». Surtout, il donne dans l’édition du mardi 15 août une longue interview démarrant en page une. Le journaliste présente Le Vigan comme le parfait « horloger » de la Libération de la ville avant que ce dernier ne raconte sa libération de Rennes et s’exprime sur l’avenir de la Résistance.

Le choix d’un contenu « populaire »

     L’écrivain Herbart est-il en phase avec le contenu rédactionnel de Défense de la France ? On peut en douter. Le journal imprimé à Rennes – avec « un tirage de 8 000 à 10 000 exemplaires16 » – était aussi un banc d’essai mis en oeuvre par la direction parisienne de Défense de la France pour tester ce que pourrait être une presse libre d’après-guerre. Or le plan rédactionnel élaboré à Paris par Patrice Blank (24 ans) a fait le choix, âprement discuté en interne, d’un journal d’information et non d’un journal d’opinion, politique ou militant ; d’un journal populaire et non d’un journal « élitiste ».
    Blank souhaite concilier en une « harmonieuse synthèse » les « nécessités d’une éducation nouvelle » et les « tendances de l’instinct populaire » 17. Éternel dilemme de la presse : faire un journal populaire qui se vend bien (à coups de faits divers et d’horoscopes) ou faire un journal qui élève le niveau de connaissance du citoyen au risque de l’élitisme et de la mévente.
    Viannay et Herbart, eux, défendent une presse résistante dont le contenu contribuerait à l’émergence d’une société nouvelle, alors que Salmon et Blank – qui finissent par l’emporter –, veulent un journal « grand public ». C’est pourquoi DF Rennes n’accorde que peu de place à la politique et au Mouvement de libération nationale. On y lit au contraire des récits, certes un peu lyriques mais relativement neutres, des avancées victorieuses des Alliés. Mieux, des rubriques « légères » et humoristiques, des choses vues dans le Rennes libéré, sont présentées sous le titre « Changement à vue » et surtout « S’il faut en rire ».

     Ce côté léger est justifié par Maurice Delarue : « Vous comprenez, le militantisme, on en avait par-dessus la tête. La presse de l’Occupation était une presse uniquement de propagande. Là, la propagande nouvelle c’était d’informer les gens (…) Et le côté anecdotique, ça faisait partie du soulagement » après quatre ans d’Occupation18.
    Cette option n’était pas « la tasse de thé » du raffiné Herbart. D’ailleurs, après-guerre, il ne soufflera mot de ce « laboratoire » rennais. Malgré tout, une fois rentré à Paris, il se serait bien vu, lui, rédacteur en chef national ou directeur du titre. Mais la tendance « populaire », voire « populiste », du journal est devenue irrémédiable et aboutit au recrutement de Pierre Lazareff. DF devint France Soir, au bout de quelques années les dirigeants historiques furent écartés puis oubliés. Quant à Herbart, « amer » et « désabusé »19, il quitte très vite le journal et part, dans le même immeuble du 100 rue Réaumur, éditorialiser au Combat de Camus, un titre à sa mesure.

     Revenons à Rennes. Le 24 août, Paris étant libérée, le journal aurait dû logiquement quitter la ville puisqu’un Défense de la France était enfin publié libre dans la capitale. Si DF a joué les prolongations, déclare Herbart dans son dernier éditorial du 15 septembre, c’est à cause de « l’accueil fait à DF dans cette ville ». Juste au moment du départ, il salue et remercie pour la première fois Ouest-France « qui a bien voulu mettre à notre disposition ses puissants moyens techniques et ses collaborateurs expérimentés nous permettant ainsi de surmonter toutes les difficultés matérielles ». Coup de chapeau à Ouest-France qui, « avec la toute nouvelle presse française, apporte un esprit nouveau et fait table rase des vieilles querelles partisanes ».
    En écho, le directeur de Ouest-France Paul Hutin rend la politesse dans son éditorial du 18 septembre20, saluant « DF et sa généreuse équipe » : « hommes jeunes venus peut-être d’horizons politiques différents, nous nous sommes rencontrés avec eux dans cette communauté fraternelle formée par les fils de la patrie souffrante. » Faut-il lire dernière ces compliments, un certain soulagement de voir DF quitter le paysage rennais ? Peut-être.

     En tout cas, l’heure est à la concorde. Dans le hall du Pré-Botté, en cette mi-septembre, une exposition présente les « unes » des journaux paraissant librement : L’Humanité, L’Aube, Le Populaire… Ces titres figurent « pour la première fois côte à côte » se réjouit Défense de la France, concluant : « Il y a vraiment quelque chose de changé ».
    Ainsi s’achève l’aventure de DF Rennes. Ni le journal ni le mouvement n’auront l’avenir espéré. C’est donc l’histoire d’un échec et d’un espoir brisé qui s’est amorcée en Bretagne. L’espoir d’imposer dans le pays une presse de qualité porteuse des idéaux de la Résistance. L’espoir aussi d’occuper une place centrale dans la vie politique de la France libérée. La puissance conjuguée du gaullisme, du communisme et du MRP eut raison des ambitions que nourrissaient Défense de la France et le Mouvement de libération nationale.