Drôles de plages que celles arpentées l’été dernier par la photographe rennaise Céline Diais ! Plages urbaines, étalées au pied des tours, nichées à l’ombre d’anciennes friches industrielles, lovées sur la grand-place de la ville dans la touffeur d’un mois d’août sans perspective. Que nous disent ces plages artificielles qui s’emploient, le temps d’un été, à recréer loin des côtes une atmosphère balnéaire, jusque dans leurs alignements de cabines de bain multicolores ? Elles nous parlent de rêves d’ailleurs, d’envies d’embruns, de mouettes et de châteaux de sable. Les palmiers en pot, les filets de pêche, le paquebot échoué au bout du trottoir : dans cet exotisme de proximité, l’évasion se fait immobile. Mais tous les attributs de la transhumance estivale sont convoqués pour offrir un peu de rêve à ceux qui restent.
Ici, bien sûr, on ne voit pas la mer, mais on l’entendrait presque dans les rires des enfants et les rebonds des ballons. Et l’eau – celle de la pataugeoire, de la piscine ou du fleuve – n’est jamais loin pour rafraîchir les corps et inviter au voyage.
Au cours de son périple dans une dizaine de villes (dans le Nord et en région parisienne, notamment), Céline Diais a évité tout voyeurisme. Elle a choisi de travailler avec un appareil argentique (un reflex 6 x 6 Yashica mat 124 G), dont l’allure surannée lui a permis de gagner rapidement la confiance de ces « estivants-habitants ».
Ces plages urbaines, la photographe les voit avant tout comme « des espaces publics détournés et des lieux de joie ».
Ses photos dégagent une réelle poésie, douce et vaguement nostalgique. Il n’y manque vraiment que la mer.