PLACE PUBLIQUE : Rennes fait partie des 9 premières métropoles labellisées « French Tech ». Votre réaction à cette annonce gouvernementale, mi-novembre, pour laquelle vous avez oeuvré directement, en tant qu’acteur incontournable du numérique en Bretagne ?
VINCENT MARCATTÉ : L’obtention de ce label était à la fois indispensable et naturelle à mes yeux, car Rennes est une terre pionnière des télécoms, qui s’est progressivement transformée en numérique, et même en digital, n’en déplaisent à nos amis québécois qui ont parfois quelques difficultés avec ce terme ! Mais moi, je l’aime bien, ce néologisme, car dans digital, il y a les doigts, qui traduisent aussi l’expérience de l’utilisateur, tactile, ce qui rend le numérique plus humain. Il était donc complètement évident pour moi que Rennes devienne une métropole French Tech. Un petit accompagnement a toutefois été nécessaire pour faire évoluer la perception de Rennes, souvent considérée encore comme une terre essentiellement technologique, et donc a priori moins favorable à l’esprit « start-up du Web ». Il était important, dans la candidature, de montrer que ces deux facettes ne s’opposent pas mais au contraire se renforcent. Les startup du Web ont besoin de la technologie, des plateformes sécurisées, de traitement de données massives (ce fameux Big Data), du cloud computing… Les deux facettes ont besoin l’une de l’autre pour donner le meilleur.
Un exemple concret de cette coopération ?
Voyez le succès du Hackaton, que le pôle Images & Réseaux a organisé mi-novembre à Rennes, et qui a réuni durant deux jours une cinquantaine de développeurs d’applications du Web. C’est un travail d’équipe, qui permet de creuser de nouvelles solutions, voire de déboucher sur des créations d’entreprises. Les huit équipes constituées à Rennes ont fait mieux que celles de Berlin et de Milan, en termes de résultats, avec des réalisations concrètes, à partir de briques technologiques de l’Internet du futur développées au niveau européen et mises à disposition par le pôle Images & Réseaux, seul accélérateur français parmi 16 retenus au niveau européen.
Pour revenir un instant à la candidature rennaise à la French Tech, on a tout de même senti une petite inquiétude durant l’été : et si Rennes ne figurait pas dans la première sélection…
C’est vrai, il y a eu un peu de fébrilité, mais c’est normal ! On se demandait combien de métropoles seraient acceptées au premier tour. Encore une fois, le fait que la French Tech privilégie l’aspect start-up du Web très orienté services pouvait jouer en notre défaveur. Mais en réalité, tous ces services numériques que nous utilisons au quotidien reposent sur des algorithmes complexes et des technologies très pointues. Notre défaut, c’est que nous avons une culture un peu trop « ingénieur ». Nous maîtrisons ces algorithmes et ces technologies, mais sans toujours nous poser la question de la valeur ajoutée, du modèle économique et de l’avantage client. Tout ce volet marketing et design est indispensable. De ce point de vue, le rapprochement avec Saint-Malo et les équipes du groupe Beaumanoir au sein du label French Tech Rennes est porteur de sens : il va permettre de travailler à la mise au point de solutions numériques innovantes dans le domaine du commerce de détail, par exemple.
Ce qui a frappé les observateurs, c’est aussi la capacité de mobilisation très forte des acteurs rennais du numérique. Comment l’expliquez-vous ?
À Rennes, il existe un écosystème riche, avec de nombreux acteurs qui se préoccupent d’innovation et de développement économique et qui savent mobiliser leurs réseaux. Ensuite, nous avons la Cantine numérique – la deuxième créée en France après celle de Paris – et je suis fier d’avoir personnellement été à l’origine de la Cantine de Rennes : nous avions besoin de ce lieu de rassemblement et d’échanges plus particulièrement ouvert aux entrepreneurs du Web. Enfin, nous sentons bien tous, en tant que citoyens, que nous devons reprendre le pouvoir, localement. Si nous attendons que les solutions viennent uniquement des politiques au niveau national, cela ne suffira pas ! Nous avons la volonté de prendre en main notre destin au niveau local. Chacun peut ainsi se mobiliser, non seulement pour lui, mais aussi pour le collectif. Nous avons tous envie que ce territoire rennais et breton soit valorisé et ait un avenir. Il y a une fierté du territoire et de la région, partagée par les acteurs du numérique. Et le monde digital invite chacun à devenir de plus en plus producteur. On le voit par exemple au niveau du pôle Images & Réseaux. Nous n’avions auparavant que des domaines d’actions stratégiques techniques. Désormais, nous en avons un nouveau : « utilisateur, producteur, collaboratif », qui traduit l’idée que chacun devient acteur, sur le terrain. Enfin, les réseaux sociaux, comme Twitter, ont facilité la mobilisation rapide à des moments clés.
À propos du pôle Images & Réseaux, vous venez d’être reconduit à sa tête jusqu’en 2018.
Effectivement ! J’ai découvert le pôle avant même sa création en 2005 : j’avais à l’époque contribué à la réflexion autour de la réalité virtuelle, il y a dix ans. J’ai succédé à la première présidente du pôle, Christiane Schwartz, en 2008 et j’entame donc mon troisième mandat.
Le pôle a beaucoup changé en dix ans !
C’est vrai, et on peut même se dire que le nom d’Images & Réseaux n’est plus vraiment adapté à la réalité du numérique ! On avait cherché autre chose il y a quelques années, mais c’est vrai que plus le temps passe, et plus on ressent une distorsion entre cette dénomination un peu réductrice et le grand pôle du numérique de l’Ouest qu’incarne désormais Images & Réseaux.
Le grand public a du mal à s’y retrouver entre le pôle et l’institut de recherche technologique B-com, dont vous êtes également le président. Comment s’articulent ces différentes structures ?
Le pôle Images & réseaux rayonne sur la Bretagne et les Pays de la Loire. Avec 250 adhérents, 292 projets labellisés depuis 9 ans, c’est 728 millions d’euros investis par des acteurs privés, l’État et les collectivités territoriales dans des projets de recherche et d’innovation. Le métier du pôle, c’est d’aller travailler avec chaque acteur du territoire et l’aider à identifier les ruptures, à trouver des partenaires, à monter et financer un projet d’innovation, et ensuite à mieux le vendre et le porter à l’international. Mais chacun reste chez soi ! Le pôle est avant tout un animateur territorial, un entremetteur, un coach.
L’IRT B-com, c’est autre chose ?
Totalement ! B-com est né au sein du pôle avec un nombre réduit d’acteurs industriels et académiques qui ont un niveau de maturité suffisant pour être capables de savoir très précisément où ils veulent aller, et qui peuvent mettre des moyens humains et financiers sur la table pour aller dans un campus, un lieu dédié pour co-innover ensemble. B-com va beaucoup plus loin en termes d’intégration que le pôle. On concentre des moyens et des thématiques et on crée un phare dans lequel on met des acteurs publics et privés de la recherche et de l’innovation. L’idée, c’est d’aller plus vite et plus loin, c’est citius, altius, fortius ! sur un nombre réduit de sujets à haute valeur ajoutée, c’est complémentaire du pôle.
B-com vient d’emménager dans un nouveau campus à Via Silva à Rennes, dans un bâtiment dédié. Comment se présente-t-il ?
Il y a deux ans, B-com ne comptait qu’un seul salarié, son directeur général Bertrand Guilbaud. Aujourd’hui, il compte près de 200 personnes : plus de 80 salariés qui ont un contrat de travail B-com, et plus d’une centaine de personnes mises à disposition par les membres. Et l’objectif, c’est que dans ce nouveau bâtiment de 5 500 m2, nous arrivions rapidement à 300 personnes. C’est un immeuble moderne, adapté aux sujets traités, autour des réseaux et des contenus du futur, ainsi que de la société numérique, avec pour l’heure un volet esanté. C’est un campus « à l’américaine », avec tous les équipements nécessaires pour bien travailler et prendre du plaisir au travail, pour que les talents aient envie de nous rejoindre.
Concrètement, sur quels sujets de recherche et développement planchent vos équipes ?
Aujourd’hui, neuf projets sont déjà lancés. B-com a déjà vendu un logiciel de tatouage vidéo à une société allemande. C’est un premier résultat concret. Huit brevets ont également été déposés. Nous avons également développé un player vidéo ultra-haute définition, qui a permis de nouer des partenariats internationaux pour un film créé par le réalisateur canadien Thibaut Duverneix. Il a utilisé ces nouvelles technologies de l’image et du son pour réaliser le film court expérimental Refuge. En parallèle, nous réfléchissons déjà à la phase 2, et au lancement de nouveaux projets, en intégrant d’autres partenaires, au-delà des des membres fondateurs et associés actuels de B-com.
Vous utilisiez à l’instant l’image du phare pour qualifier B-com. Que voulez-vous dire exactement ?
Comme un phare, B-com doit être visible, rayonner et attirer. Nous allons créer de l’emploi demain de trois manières : les PME qui sont dans l’IRT grandiront plus vite que les autres grâce à cet accélérateur d’innovations. Au sein de B-com, nous trouverons des profils de collaborateurs différents qui pourront aussi créer ensemble des start-up. Enfin, c’est parce que B-com dispose d’un campus attractif, qu’il va être en mesure d’attirer de nouvelles entreprises et de nouveaux talents. On s’en était bien aperçu au niveau du pôle : tout seul, il ne suffit pas à attirer. Avec B-com, nous avons en plus un campus à faire découvrir, et ça change tout !
Vous avez aussi piloté au cours des derniers mois l’un des 34 plans de la Nouvelle France Industrielle, consacré à la réalité augmentée. De quoi s’agit-il ?
Ces 34 plans ont été lancés par l’État et ils devaient être portés par des acteurs industriels pour que la feuille de route qui en découle fasse sens auprès des principaux intéressés. La quasi-totalité a été portée par des acteurs parisiens. Si j’ai été choisi, c’est aussi parce qu’avec le pôle et l’IRT, je connais bien les interlocuteurs dans les ministères. Ce sujet de la réalité augmentée me passionne depuis longtemps. J’ai donc été sollicité assez naturellement. Avant d’être directeur de l’Open innovation chez Orange labs, j’avais dirigé un laboratoire de recherche sur ces questions de nouvelles technologies d’images et de réalité augmentée et de nouveaux usages, ce qui me rendait légitime.
Comment faites-vous au quotidien pour concilier toutes ces fonctions différentes ?
Mes différents engagements concourent à un même objectif : faire en sorte que le digital contribue au développement économique, soit positif pour Orange, pour la France, la Bretagne et les Pays de la Loire, et Rennes. Toutes mes casquettes visent cet objectif unique, en permanence ! Cela me permet d’aligner les vecteurs afin que tout aille plus vite dans la même et bonne direction. Ensuite, je m’efforce d’avoir une grande rigueur intellectuelle et une grande honnêteté pour veiller à défendre les intérêts de la structure au nom de laquelle je m’exprime à un instant T. Je n’ai pas pour autant l’impression d’être schizophrène. Je suis zen, serein, j’essaie en tout cas de faire du mieux que je peux à chaque instant (accord toltèque n°4 !) et en faisant confiance à la vie, tout s’emboîte plus facilement.
Mais les journées n’ont que 24 heures pour tout le monde ! Vous dormez un peu ?
Heureusement ! Je suis même un gros dormeur ! J’ai besoin de faire du sport, d’avoir du temps pour ceux que j’aime, pour moi… Mais je suis bien entouré, je m’appuie sur des gens compétents, positifs, qui recherchent toujours l’intérêt commun. Je délègue beaucoup et j’aime faire confiance. Je suis là pour mettre en valeur leur travail, je dialogue pour trouver la meilleure solution et une fois qu’on s’est mis d’accord, on fonce ! J’ai une vision du management très bienveillante et humaniste, j’essaie toujours de dire merci, c’est un mot magique dans la relation humaine, on ne triche pas ! J’adore la relation humaine dans un climat de confiance, apaisé, serein et positif, sans aucun jugement. Je déteste un certain nombre d’aspects de notre culture judéo-chrétienne sur la notion de culpabilité. Pour tirer les gens vers le haut, il faut les encourager, leur dire que c’est bien ! J’essaie toujours d’aller dans cette voie plutôt que dans le choc frontal, qui n’a jamais permis d’avancer.
C’est une forme de philosophie de la vie…
Sans doute, je suis plus Gandhi que Napoléon ! Ce qui ne m’empêche de savoir où je veux aller et mettre l’énergie nécessaire pour faire avancer ce qui me tient à coeur.
À ce propos, j’ai lu quelque part que vous pratiquiez la méditation. Vous confirmez ?
Oui, c’est vrai. Je ne pratique pas assez, c’est parfois très fugitif, de l’ordre de quelques minutes, voire quelques secondes. Mais se réaligner sur soi-même, sur son souffle, se concentrer sur l’instant présent et laisser filer tout ce qu’il y a autour, c’est important pour moi… C’est un réflexe, même dans le train ou le métro, à mon bureau, c’est très facile !
Vous en parlez à vos collaborateurs ?
Je ne m’en cache pas si l’on m’en parle, la preuve ! Mais je ne fais pas de prosélytisme. J’ai moi-même suivi une formation à la MBSR (mindfulness based stress réduction), développée par l’américain Jon Kabat-Zinn, le père de la méditation en pleine conscience. Il a adapté la méditation bouddhiste aux Occidentaux que nous sommes. C’est une forme de méditation laïque ! Cela permet de faire baisser les tensions, du corps et de l’esprit.
Votre attitude, votre manière de vous exprimer laisse entrevoir une grande maîtrise, assez peu courante dans le monde de l’entreprise… C’est presque contagieux !
C’est sans doute du management par l’exemple ! Certains sont ouverts à cela, d’autres non, faute de développement personnel suffisant sans doute. Pour ma part, je lis énormément d’ouvrages sur ces questions.
L’autre versant de votre équilibre, c’est le sport.
Oui, je pratique le triathlon, qui consiste à enchaîner trois sports : natation, vélo et course à pied. Je le fais à mon niveau, pour le plaisir. Je pratique les distances olympiques : 1 500 mètres de natation, 40 km de vélo et 10 km à pied. Lorsque vous enchaînez tout cela, vous êtes content à l’arrivée ! J’adore aussi aller courir dans la nature. J’ai besoin de ce contact avec les éléments.
Pour un spécialiste des réalités virtuelles, vous êtes quand même très ancré dans le réel !
Pour pouvoir s’élever, il faut être bien ancré. Les grands arbres ont des racines solides qui leur permettent d’aller à la conquête du ciel. Si l’on n’est pas ancré dans la réalité, à l’écoute de la nature, si on n’est pas capable de s’émerveiller en contemplant un oiseau ou une feuille, on perd énormément de choses. C’est seulement là, en sachant où on en est dans notre vie terrestre incarnée, qu’on peut aller plus loin, y compris en utilisant le numérique pour le développement de la société ! Moi, je sais d’où je viens : mon arrière-grand-mère était écrivain public à Plestinles- Grèves, auprès des femmes de marins, et mon père a travaillé toute sa vie sur les paquebots de la French Line, depuis Le Havre où je suis né. C’est sans doute de là aussi que me vient mon goût de l’océan et des grands espaces.
Vous parlez de la nature. Et la ville, quel regard portez-vous sur elle ?
J’adore la nature et la ville. Je suis à l’aise dans la ville lorsqu’elle est aérée, propre, qu’elle fait de la place à la nature, où les habitants sont souriants, respectueux ! Ce qui m’importe, c’est moins le style architectural des bâtiments que l’énergie dégagée par la ville. J’étais récemment à Londres : quelle énergie et quelle harmonie !
Rennes, de ce point de vue, répond-elle à vos attentes ?
Rennes est une ville que j’aime, une ville à taille humaine où il y a beaucoup d’intelligence et de volonté que tout le monde trouve sa place. En ce moment, la ville bouge beaucoup, elle est en pleine mutation, en plein développement et c’est une excellente chose même si ponctuellement il y peut y avoir quelques inconvénients avec les travaux. Pour en revenir au numérique, je pense que le digital – et c’est l’un des aspects que nous avons encouragé dans le cadre du plan Réalité augmentée –, doit permettre de faire de Rennes un territoire d’expérimentation en croisant le modèle virtuel 3 D de la ville avec la ville réelle, pour enrichir ce réel de services nouveaux.
Concrètement, à quoi pensez-vous ?
Prenez l’urbanisme, par exemple : si on prévoit de construire un immeuble ou un équipement nouveau, on peut se projeter dans la réalité en utilisant l’image 3D de la construction future, à travers une tablette. Cela existe déjà, des entreprises rennaises comme Artefacto et Dassault Systèmes le développent. En matière de commerce, on peut imaginer demain que les boutiques proposeront à leurs clients des essayages virtuels, ou des vitrines adaptées à leurs goûts, à travers leur tablette, par exemple.
On n’est pas dans la science-fiction ?
Pas du tout, on y travaille déjà avec des résultats concrets. Autre exemple, à usage professionnel celui-là : avec une tablette, le technicien de la ville pourra « voir » les réseaux à travers le trottoir avant de creuser, pour éviter d’endommager une canalisation ou un câble souterrain. Dans tous les cas, l’important c’est que le citoyen, le consommateur soit d’accord avec ces propositions.
N’y a-t-il pas un risque de marchandisation de l’individu, qui se trouverait, via ses données, au coeur d’un système qui le dépasse ?
Lorsque le produit est gratuit, sur Internet, c’est souvent que le produit, c’est le consommateur lui-même ! Il faut redonner à l’utilisateur le pouvoir de la décision. On doit pouvoir refuser la publicité intrusive, mais peut-être alors faudra-t-il accepter de payer un peu pour accéder à un service dont nous aurons la clé ! Le grand enjeu, c’est de toujours être capable de proposer un Web ouvert. J’ai démarré ma carrière à Caen dans une équipe France Télécom au lancement du web. Notre philosophie, depuis toujours, c’est éviter la fragmentation, il faut lutter contre la volonté de certains acteurs de fermer tout cela.
Dans le dossier de ce numéro de Place Publique, nous nous intéressons à l’image et au cinéma. Le numérique y a toute sa place. Un bon point pour le territoire ?
Oui, et nous avons deux actualités qui le prouvent. La première, avec le pôle Images & Réseaux, et l’autre avec B-com, montrent l’avance de Rennes en la matière. Le premier projet d’Images & Réseaux qui s’appelle 4EVER, est piloté par les équipes rennaises d’Orange, avec Technicolor, Teamcast, l’INSA, l’IETR et d’autres partenaires. Il consiste à avancer sur l’Ultra Haute définition (images 4K), en cherchant à obtenir plus de contrastes et de luminosité, et en travaillant sur la fréquence de l’image, notamment pour celles en mouvement rapide. Ce projet a montré avec des écrans prototypes tout ce que ces différentes dimensions apportaient. Il s’agit de trouver le bon compromis. C’est une véritable rupture technologique. L’idée ultime, c’est que l’image soit d’une qualité telle qu’on oublie l’écran. Quant à l’autre exemple, c’est le film Refuge dont je parlais tout à l’heure, avec B-com. On s’intéresse ici à la dimension artistique et à l’appropriation de ces technologies par les réalisateurs, y compris celle d’un son très immersif.
On pourra découvrir ces innovations chez B-com ?
Elles y seront évidemment testées. Notre nouveau bâtiment abrite une salle de cinéma du futur dotée de ces équipements, qui sera opérationnelle cette année. L’idée, c’est de proposer à des spectateurs de nouvelles immersions audiovisuelles. Nous avons à Rennes tous les outils pour accompagner les entreprises, faire naître des start-up notamment dans la réalité augmentée. J’y tiens beaucoup personnellement, je souhaite que Rennes soit repérée comme un pôle d’excellence en la matière.
Vous parliez de santé numérique tout à l’heure. De quoi s’agit-il ?
La e-santé n’en est qu’à ses débuts. Il existe de grands potentiels. J’ai en tête l’exemple du projet B–com avec la société Voxygen, de Lannion, et le CHU de Rennes, qui permet d’enregistrer la voix de patients qui risquent de la perdre avant une opération chirurgicale, et de la leur restituer ensuite. Chez B-com, on travaille aussi avec des chirurgiens pour réduire le taux d’échec de la pose de prothèse de la hanche, qui atteint encore 13 %. Cela coûte 150 millions d’euros par an à la sécurité sociale, sans parler des souffrances des patients qui doivent être réopérés. Or, avec un très simple équipement dans les blocs opératoires, on est capable d’éliminer quasiment tout risque d’erreur en aidant le chirurgien à positionner la prothèse de manière optimale du premier coup. C’est cela aussi, la réalité augmentée !