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Dossier
#34
Rennes Atalante aide à faire germer les projets innovants
RÉSUMÉ > Depuis 1984, la technopole Rennes Atalante accompagne les entreprises innovantes de l’agglomération rennaise, et, depuis dix ans, de sa voisine malouine. Souvent présentée comme une « usine à start-up », elle agit aux côtés du monde universitaire et académique pour aider à la transformation des idées en projets, puis en produits. Si l’esprit des origines est toujours présent, les responsables de Rennes Atalante font évoluer leur processus d’accompagnement pour répondre aux nouvelles attentes des entreprises et des chercheurs. En lancant une démarche d’expérimentation territoriale pour accélérer l’innovation.

    30 ans et solide comme un rock ! Fin décembre 2014, c’est dans le cadre inattendu du festival des TransMusicales que Rennes Atalante a fêté le trentième anniversaire de la présence de la technopole à Rennes, et ses 10 ans à Saint-Malo. Un clin d’oeil à l’ADN de l’écosystème local qui, outre la créativité musicale, fonctionne aussi à l’innovation.
    Voilà trois décennies en effet que Rennes Atalante favorise le transfert de technologies issues de son tissu universitaire et ses centres de recherche. Initiée en 1984 par l’agglomération rennaise, la technopole est née sur un double concept : un site technopolitain, Rennes Atalante Beaulieu, bâti autour de son campus universitaire, et une équipe pour l’animer.
    Cette logique d’animation s’est étendue progressivement à 4 autres sites : Rennes Atalante Villejean autour des domaines de la santé, des technologies et des sciences du vivant, Rennes Atalante Champeaux à proximité de l’Agro-campus sur les thèmes de l’agroalimentaire et de l’environnement, Rennes Atalante Ker Lann, plus orientée mécatronique, mais avec des caractéristiques plus ouvertes (toujours associée à une concentration de grandes écoles sur le campus de Bruz). Sans oublier, il y a dix ans, Atalante Saint-Malo qui offre dans l’agglomération malouine un espace technopolitain de grande qualité ouvert à toutes les activités à fort contenu technologique.

     En parallèle de l’élargissement de cette offre, l’équipe de Rennes Atalante s’est étoffée pour offrir toujours plus de services aux entreprises, autour de ses deux métiers historiques : l’animation et la promotion de l’écosystème et l’accompagnement de la création de start-up. En 1999, Rennes Atalante a lancé Emergys, l’incubateur breton qui fédère les 7 technopoles de Bretagne. Cet incubateur est né en partenariat avec 23 partenaires académiques (universités, grandes écoles, organismes de recherche…). Aujourd’hui, considérés comme l’un des 4 meilleurs incubateurs de France en termes de création d’entreprises à fort potentiel de croissance, Emergys et Rennes Atalante sont devenus de véritables usines à start-up : il s’en crée 25 par an en moyenne, et même plus de 30 en 2014 ! Un flux envié par de nombreuses capitales régionales.
    Emergys accompagne ainsi chaque année une douzaine de nouveaux projets d’entreprises dont un tiers est issu des laboratoires et centres de recherche publics. L’un des challenges importants pour Rennes Atalante, c’est donc de réussir la mise en relation des porteurs de projets issus du domaine privé avec les laboratoires de recherche publics qui leur permettront de compléter leur apport technologique (mise au point scientifique, conception d’un nouvel outil, caractérisation de matériaux, création d’une brique logicielle…).
    La notoriété acquise de la technopole et le rayonnement des compétences réelles du territoire (par exemple, sa capacité à « fournir » des ingénieurs et des développeurs de haut niveau dans des domaines incluant les télécoms, les réseaux, la vidéo, la cybersécurité, le Big Data…) associés à une concentration exceptionnelle de start-up et de PME du numérique, contribuent à renouveler une attractivité génératrice de nombreux projets d’implantation. Les projets « endogènes » sont « nombreux, mais ils sont désormais rejoints par de nombreux projets « exogènes » qui ne trouvent pas ou plus sur d’autres territoires les conditions idéales à leur épanouissement.
    Face à cette attractivité accrue, Rennes Atalante doit désormais réformer son processus d’accompagnement afin de limiter le nombre de candidats entrants et concentrer ses moyens sur les meilleurs. Un signe qui ne trompe pas ! Rennes paie ainsi le prix de sa notoriété. À cet égard, le meilleur est à venir, dans le sillage de la récente labellisation French Tech obtenue haut la main fin 2014, et de la perspective de l’arrivée de la LGV mettant Paris à moins de 1 h 30 de Rennes et à 2h15 de Saint- Malo.
    Sans oublier l’ouverture du Centre des Congrès au Couvent des Jacobins en 2018, la création de la pépinière numérique, de la Cité Internationale Paul Ricoeur, de la 2e ligne de métro, de l’aménagement du quartier d’affaires EuroRennes autour de la gare... La destination Rennes/Saint-Malo va rapidement s’imposer comme une évidence pour tout investisseur, start-up ou décideur.

     Au-delà des sites technologiques, Rennes Atalante participe activement à l’animation des pépinières de Rennes Métropole – Gallium et Germanium – qui sont très demandées. En janvier 2105, le Biopôle a été inauguré pour accueillir les entreprises biotechnologiques (lire page 148). Cet outil spécifique destiné aux biotechnologies liées à la santé, à la nutrition, à la cosmétique ou à l’environnement est complété par la pépinière Bioagropolis à Fougères, spécialisée dans la santé animale. En 2017, la pépinière numérique de Rennes Métropole ouvrira sur l’extention de Via Silva Ouest, avec le même accompagnement.
    Depuis plusieurs années, l’écosystème de l’innovation s’est enrichi, avec la création des pôles de compétitivité qui apportent une capacité à monter des projets collaboratifs entre grands groupes, PME et laboratoires ; la SATT Ouest Valorisation qui permet la maturation des savoir-faire et des technologies issus du monde académique pour les transformer en projets d’activité économique, l’incubateur Emergys prenant le relais pour les transformer en entreprises ; l’IRT B-Com réunissant les compétences publiques et privées du territoire pour concevoir les innovations du futur... Ces « briques » complètent parfaitement le travail de longue haleine de Rennes Atalante et contribuent à renforcer la dimension internationale de la place rennaise.

     La mise en place de la French Tech, à laquelle Rennes Atalante participe très activement en tant que membre fondateur aux côtés de la Cantine numérique, renforce évidemment la dimension numérique de Rennes et de Saint-Malo. Une nouvelle ère est en train de naître sur ce territoire, portée par une communauté d’entrepreneurs très attachés à celui-ci et souhaitant défendre sa singularité. Ces acteurs en interaction permanente partagent en effet l’ambition d’une métropole technopolitaine internationale.
    C’est dans ce contexte très porteur que va être testée dès cette année l’Expérimentation territoriale, sorte de laboratoire à ciel ouvert permettant aux entreprises d’expérimenter en grandeur réelle leurs innovations de produits et de services dans les agglomérations rennaise et malouine. Elle permettra ainsi, par exemple, de tester un mobilier urbain intelligent, un nouvel outil de covoiturage, un réseau de bornes d’information interactives… Autant de produits qui seront mis au point, visités par des clients potentiels et évalués (auprès du grand public, d’usagers, de scolaires ou de publics cibles). L’Expérimentation territoriale sera un accélérateur d’innovation pour booster les entreprises vers leurs marchés, en prise directe avec l’écosystème qui les aura vu naître

« La variété des projets nécessite une adaptation permanente »

Michel Gad, Chargée de missions Entreprises à Rennes Atalante.

     « L’incubateur Emergys permet d’accompagner des projets issus ou en lien avec le monde académique. La majorité des projets innovants et technologiques présentés à l’incubation provient d’équipes issues du monde de l’entreprise. Elles recherchent des compétences complémentaires dans les laboratoires présents sur le territoire. Mon rôle est de mettre en relation ces porteurs de projets avec les centres de recherche ou les laboratoires pour compléter leur apport technologique. Ainsi, par exemple, Energiency, lauréat du Concours National à la Création d’Entreprises Innovantes du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, a été distingué à plus de 14 reprises pour son innovation. à l’origine, Rennes Atalante avait mis ce projet en relation avec l’Institut Mines-Télécom Bretagne, ce qui lui a permis de développer les algorithmes de traitement du signal nécessaires à son savoir-faire : la gestion de l’énergie pour les industries agroalimentaires ou logistiques multi-sites. L’entreprise IPBike, elle, a été mise en lien avec le laboratoire du Sport M2S à l’ENS Rennes, laboratoire unique en France, ce qui lui a permis de mettre au point, tester et valider sur des équipements uniques ses nouveaux concepts pour le cyclisme. Loke, autre projet malouin, a été mis en relation avec l’IUT de Saint-Brieuc et son département génie des matériaux, pour affiner la caractérisation des matériaux composant sa gamme d’équipements sportifs révolutionnaires pour planches à voile. La variété des domaines des projets accompagnés par Rennes Atalante nécessite une adaptation permanente et une connaissance approfondie des ressources des laboratoires et centres de recherche du monde académique régional. »

« La méthode de Rennes Atalante, c’est de travailler en réseau »

Raphaëlle Lebreton, Chargée de missions Biotechnologies, santé, agro et sciences du vivant à Rennes Atalante.

     « Quelle que soit l’origine de la demande, ma mission vise à faciliter les partenariats pertinents pour favoriser l’émergence de projets ou la valorisation des savoir-faire académiques. De nombreuses entreprises recherchent des ressources scientifiques. Je joue le rôle d’interface avec les réseaux constitués pour trouver le bon partenaire, par exemple au travers du Réseau des plateformes technologiques Biogenouest qui regroupe les compétences et des équipements spécifiques aux activités des sciences du vivant. L’université de Rennes 1, l’Inria et l’Inra apportent notamment une grande part de ces compétences. Un certain nombre de projets « exogènes » choisissent également Rennes et Saint-Malo dès lors qu’on leur a fait la démonstration des savoir-faire académiques présents. C’est le cas de Cherry Biotech qui a établi un partenariat avec l’Institut de Génétique et de Développement de Rennes (IGDR). Idem pour HCS Pharma dont l’environnement scientifique rennais a été déterminant. La méthode de Rennes Atalante, c’est de travailler en réseau, d’avoir la personne ressource en relation permanente. C’est le cas par exemple à Ouest Valorisation, ce qui nous permet très rapidement de mettre un porteur de projet en relation avec une compétence ou un équipement particulier. L’entreprise Lesaffre Ingrédients Services, récemment implantée sur le Biopôle de Rennes Métropole, qui recherchait des moyens spécifiques en microscopie, a ainsi pu en bénéficier. « Plug In Labs » est en ce domaine un vrai portail en ligne ergonomique facilitant l’identification de matériels et compétences de recherche. Au-delà, Rennes Atalante met en valeur systématiquement les talents académiques au travers de ses articles en ligne, très repris par la presse nationale et régionale, de ses Matinales dans lesquelles nous faisons intervenir les chercheurs et par tout événement partenarial qui permet de mettre en relation les entreprises et les chercheurs (rencontres B2B sur la cosmétique avec CBB-Capbiotek, journée sur la Toxicologie avec ID2Santé, journée Hôpital numérique avec le pôle Images & Réseaux, un atelierconférence sur les maladies du cerveau avec les équipes de recherche de Rennes 1 et du CHU, TechnoMarket avec Ouest Valorisation ou encore la bourse aux Technologies de l’Institut Mines-Telecom…). »

« Nous accompagnons les étudiants dans leur projet d’entreprise »

Sarah Bohuon, Chargée de missions Création d’entreprise à Rennes Atalante.

     « Depuis 15 ans, la technopole intervient pour favoriser l’émergence de start-up issues du monde étudiant. Auprès des ingénieurs et des docteurs, nous assurons de la sensibilisation et de la formation. En 2014, nous avons mené une dizaine d’opérations de ce type : par exemple, auprès de 100 étudiants de l’ESIR (École Supérieure d'Ingénieurs de Rennes) ou de 120 étudiants de l’École Doctorale Vie, Agro, Santé… Nous présentons les missions de la technopole et les méthodes de construction d’un projet d’entreprises. Depuis 2011, Rennes Atalante fait partie du réseau Pépite Bretagne, anciennement dénommé P2EB, où l’on sensibilise, forme et accompagne des projets d’étudiants créateurs. En 2014, le Concours National à la création d’entreprises innovantes du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, dénommé depuis i-Lab, a ouvert une nouvelle catégorie dédiée aux étudiants entrepreneurs pour laquelle nous sommes membres du jury au niveau régional et qui récompense les meilleurs projets de création d’entreprise étudiants. En 2014, trois des dix projets bretons ont été lauréats au niveau national et récompensés par une bourse de 5 000 euros. Nous participons également depuis 8 ans au challenge des Entrepreneuriales pour lequel Rennes Atalante accompagne des projets et organise des formations, appelées « Tools ». Nous intervenons également dans un autre challenge dédiée cette fois aux doctorants, les Doctoriales. Chaque année, sur une semaine, les doctorants sont formés à la création d’entreprise et mettent en place un projet fictif accompagnés par des professionnels. »