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Contributions
#20
RÉSUMÉ > Suite de notre rubrique de flânerie subjective à travers les rues de Rennes. En se baladant, nez au vent, Gilles Cervera capte les détails. Des détails qui n’en sont peut-être pas…

Porte close ! Et à double tour s’il vous plaît. Le soir, le kiosquier fatigué, lorsqu’il fait tomber le rideau de fer, tire à son insu, par la grâce graffitienne l’humour noir des barreaux. Le kiosque en est-il deux fois plus fermé. Je reviendrai demain, ma gazette est bimensuelle, elle attendra sur sa pile…

Ni dans des lointains, ni à Vassivière ni au bord du Lac de Côme ! Mais un bien joli soir de juin à Rennes, au Parc des Bois. Les étudiants fêtent la fin de l’année, les lycéens leur fin de bac ou juste leur première épreuve passée. Un samedi soir à l’horizon des Gayeulles, calme et doux dans le couchant doré.

Autres témoins, et non des moindres, à cette bucolique pour le moins festive ! En plus de moi bien entendu qui broute les dernières lueurs, des lapins ébahis comme dans un conte à Daudet ! « Ce sont les lapins qui ont été étonnés »… de voir tous ces jeunes à peu de frais festoyer !

Corolle en ciment ou belle nacelle suspendue au ciel. Un château d’eau se construit. Derniers de nos châteaux : le castellum de Nîmes (Nemausus) ou celui de Carhaix (Vorgium) méritent toujours visite ! Mais à Condate, et pour le bien de tous, voici la dernière tour en construction! Non loin des buttes de Coësmes où déjà les Gallets retiennent nos réserves d’eau. Ici, dans le soir qui vient, cette trompette dont le pavillon s’avance a déjà belle allure et nous prévoit de l’eau aux robinets de ViaSilvia.

Nous ne comptons pas à Rennes le nombre d’églises. La ville est à proportion de la Bretagne où tellement de chapelles enfouies ou disséminées, ici ou là des trésors d’humilité. Certaines églises rennaises conservent évidemment leurs fonctions cultuelles. Mais d’autres sont déclassées qui témoignent comme la ville fut vouée à la foi. Saint Yves est devenu saint des saints touristique après avoir servi de magasin général à de la quincaille. Saint Etienne est une scène par moment, temple des mots. Certains ont rêvé d’abattre Saint Aubin, sa disgrâce est réputée ! Ou, carrément laïcisée, au sommet de la rue Lavoisier, un beau loft sous les charpentes (photo)! On doit y roupiller d’un sacré sommeil ! Y rêver sans tabou ! Et une église est à vendre, à Villejean ! Faudra-t-il une enquête de moralité sévère aux acquéreurs poten-ciels ?

Le kärcher ces temps-ci a moins mauvaise réputation. Le fluo disparaît en noir et blanc mais cet homme que je repère depuis le pont Laennec dessine au fur et à mesure qu’il tend le jet puissant de son eau un nouveau passage. Du noir au blanc !

Dernier concept des urbanistes ! Ou ultime avatar de mai 68 ! Mettre les pavés en cage1 ! On est au moins sûr et certain que pas un ne servira de projectile à quelque rebelle furibard. Ici, sur les berges de la Vilaine, des digues paysagées bordent la future promenade. Ou là, dans cette campagne d’Alma qui rentre en ville, les cailloux sont en cage ! Et sous les pavés, la plage !

De Maurepas à l’horizon à celui du Gast. L’avenir n’y est pas bouché puisque les habitants se mêlent de ce qui les regarde ! Entre poétique d’habitants et belle éthique d’élus, quel élan ? Entre les grilles de chantier, voilà ce qu’il reste d’un atelier vivant, vivace réclamant toujours plus d’écoute, davantage de partage et que ceux qui décident y vivent ou mieux, que ceux qui y vivent décident ! Faire une ville se fait avec tous les azimuts de la ville, d’en haut, du bas et par le travers ! La citoyenneté est un processus plus que compliqué. Prendre sa part est exigeant. Au Gast, ils sont exigeants !