En période de crise, les villes redécouvrent les vertus des friches industrielles pour revisiter leur modèle urbain. En témoigne le projet « Saint So », quasiment au centre-ville de Lille. Ce site fait actuellement l'objet d’une vaste réflexion d’aménagement prolongeant les deux premiers actes majeurs de sa reconquête : la réouverture de la gare Saint-Sauveur (désormais lieu culturel d’exposition, de spectacle et de sport) et la création du parc Jean-Baptiste Lebas. Récemment, au terme d’un dialogue compétitif, les acteurs publics ont retenu les propositions de « plan-guide » de l’équipe de l’urbaniste danois Jean Gehl, fortement inspirées des villes nordiques. Le secteur Nord concentrerait l’effervescence de la vie festive et artistique du site. On y trouvera de petites unités de vie publique constituées d’espaces publics, de petits commerces et de lieux alternatifs et culturels. La partie Sud sera réservée à l’habitat, avec un maillage de rues et de petites places offrant des espaces propices à de véritables relations de voisinage, à échelle humaine. Élément phare de ce programme, le « cours », une promenade publique s’étendant comme une colonne vertébrale du parc Jean-Baptiste Lebas au futur Jardin de la Vallée. Ce plan-guide invite les habitants de manière ludique à réadapter, certes à la marge, la maquette du projet réalisée en Lego. Non loin de là, à Fives, dans les faubourgs de la ville, en plein coeur d’un tissu urbain déjà dense, les locaux de l’usine Fives Cail vont être transformés sous l’égide de Djamel Klouche, architecte du projet. Emblème d’une histoire industrielle désormais révolue, le site de 17 hectares proposera 1 000 logements, une piscine, un lycée hôtelier et un parc public de 5 hectares, tout en conservant certaines structures emblématiques de halles, à l’image de celles du projet de l’Île de Nantes.
Caen vient d’enterrer définitivement le tramway sur pneu pour le remplacer par un tram sur fer, suite au changement d’équipe municipale et aux déboires de l’équipement sur pneu ces deux dernières années. Le changement de matériel s’accompagne de la réalisation d’une ligne courte de tramway plutôt que d’un bus à haut niveau de service (BHNS), pour desservir le secteur de la Presqu’Île. La ligne arrivant dans ce grand projet-phare de l’agglomération sera donc prolongée lorsque les finances publiques le permettront. Autre mesure intéressante, la ville de Reims a décidé de proposer la première heure de parking gratuite dans tous ses équipements de stationnement souterrains. Objectif : donner envie aux habitants de revenir en centre-ville et favoriser son attractivité menacée par les équipements de périphérie, très compétitifs.
Autre secteur en pointe d’un urbanisme plus modeste, les parcs urbains. En région parisienne, le « Tégéval » est une coulée verte réservée aux piétons et aux vélos. Il devrait relier sur près de 20 kilomètres les villes de Créteil et Santeny, en traversant trois départements et huit communes. Principale originalité : il est systématiquement relié aux transports en commun tout au long de son parcours (RER A, réseau de bus, métro ligne 8 etc.). Derrière ce projet d’armature verte et de mobilité, les acteurs publics (notamment la Région Ile-de-France), souhaitent dépasser les effets de coupure induits par la réalisation des interconnexions des lignes à grande vitesse. À New York, sur les rives de l’Hudson, à l’emplacement des anciennes jetées des docks (jetées 54 et 56), le « Pier 55 » se dessine actuellement sous l’égide de l’architecte anglais Thomas Heatherwick, mêlant des salles de spectacles, des espaces dédiés aux arts avec des réserves aquatiques et des espaces végétaux en suspension au-dessus du fleuve, sur pilotis. Le nouveau parc du Heyritz, à Strasbourg, reprend lui aussi ce principe de jardins flottants et d’habitats pour la faune et la flore, pour doter la ville d’un bel espace vert, liant le quartier du Heyritz avec le nouvel hôpital civil. Le projet, tout juste lancé, prolonge une trame boisée déjà existante, faite de platanes centenaires et de masses boisées, accompagnée par de nouveaux chemins en terre battue ainsi qu’une passerelle traversant sur 300 mètres le bassin de l’hôpital et praticable à pied comme à vélo.
Au moment où la tour Signal est abandonnée à Paris, et où Euroméditerranée affiche une volonté de densification et de grande hauteur pour ses prochaines phases, le laboratoire pharmaceutique Roche fait construire à Bâle la plus haute tour de Suisse. Il en a confié la réalisation aux architectes… Herzog & de Meuron, tous deux auteurs du défunt projet parisien. Le programme de son futur centre de Recherche et Développement s’articulera autour de deux tours de 178 puis 205 mètres pour respectivement 42 et 50 étages, dépassant la Prime Tower de Zurich. Mais les conceptions changent : la firme a misé sur des exigences très poussées de développement durable, incluant dans son programme un retrait de l’usage de l’automobile, ne retenant quasiment aucune place de parking automobile à ses abords et développant en replacement pas loin de 1 500 places de vélo, mesure très impopulaire auprès de ses employés. Même démarche à Zurich, où le nouvel immeuble « SkyKey », siège de l’assureur Zurich Suisse vient d’ouvrir ses portes à ses 2 500 employés, après avoir obtenu la prestigieuse certification internationale de platine « LEED ».