Bel exercice d’architecture minimaliste et sous contrainte, ce projet vu à Yokohama au Japon. « House in Hiyoshi », conçu par le studio d’architecture Eana propose de manière plutôt ingénieuse d’habiter dans un virage en épingle à cheveux, souvent synonyme de casse-tête pour les urbanistes. D’une surface au sol de 90m², cette résidence très vitrée parvient même à disposer en arête d’un micro-jardin de...3 m² !
Entre « parc urbains » et « écoquartiers », les standards internationaux de l’urbanisme s’exportent décidément plutôt bien. C’est ce qu’illustre d’abord ce projet à Moscou de réaménagement et de réhabilitation d’une vaste friche, où était situé autrefois l’hôtel soviétique Rossia, érigé dans les années 1960. Transformé en parc paysager, il bénéficiera d’une situation privilégiée, à deux pas de la Place Rouge et du Kremlin, sur les bords du fleuve. Le projet choisi devra valoriser cinq églises situées aux alentours de cet actuel terrain vague. Avec, en arrière-pensée, l’idée de faire revenir les Moscovites sur la Place Rouge, un lieu qu’ils fréquentent assez peu. Au final, le projet, dans lequel la mairie investit 237 millions d’euros, devrait faire émerger un endroit agréable et convivial. Début des travaux prévu en 2014 pour une ouverture en 2015-2016.
Lille met ses anciennes friches industrielles à l’heure des écoquartiers. Dans le cadre d’un partenariat abouti entre la métropole nordiste et le promoteur local Nacarat, le géant américain des services informatiques IBM va créer 700 emplois sur le site d’Euratechnologies, à l’emplacement d’anciennes usines textiles. Le projet va se déployer à proximité des bords de la Deûle, rivière canalisée et valorisée à cette occasion. Il proposera des crèches pour les salariés, mixant habitat patrimonial et nouveau programme de logements pour, à terme, accueillir près de 1600 habitants dans un environnement aux normes d’une ville durable (primauté des mobilités douces, bâtiments à haute performance environnementale...).
Une démarche similaire est suivie aux portes de Paris par Issy-les-Moulineaux. La ville des Hauts-de-Seine vient d’inaugurer l’écoquartier du Fort Numérique, au Fort d’Issy. Lancé l’année dernière sur ce site historique de la guerre franco-prussienne de 1870, il accueille une école en paille, une nouvelle piscine, un centre commercial d’un nouveau genre, « la conciergerie - ensemble de services de proximité destinés en priorité aux familles - ainsi qu’un programme mixte de logements et de commerces dans les anciennes casemates. Hyperconnectés, ces bâtiments « intelligents » sont desservis par un réseau de fibres optiques. Cerise sur le gâteau, les habitants pourront aussi bénéficier des aménités du grand verger central de 4 hectares de pommiers, de cerisiers et pruniers, autour duquel le projet a été déployé. Les concepteurs n’ont toutefois pas précisé comment se dérouleront les cueillettes !
À New-York, il est désormais possible de recharger son téléphone grâce au… soleil ! Le géant américain des télécoms AT&T a disséminé 25 bornes de stockage fonctionnant à l’énergie solaire dans cinq arrondissements de Big Apple. Baptisée Streetcharge, cette expérimentation découle des suites de l’Ouragan Sandy, alors que de nombreux américains privés de courant à domicile affluaient vers les lieux publics pour trouver de quoi recharger leurs appareils mobiles. AT&T s’est donc associé à l’un des leaders de l’énergie solaire, Goal Zero, ainsi qu’à une société basée à Brooklyn, Pensa, missionnée pour concevoir le design des fameuses bornes. Outre leur aspect technique assez novateur, ces bornes « numériques » investissent l’espace public en recréant de micro-lieux propices à la rencontre et à l’échange entre plusieurs personnes étrangères, réunies par leur soif de mobilité.
Cette vague numérique atteint les côtes françaises, avec l’arrivée du premier boulevard « connecté » à Nice, censé permettre de mieux gérer les services urbains. Avec l’aide du spécialiste mondial des réseaux Cisco, la capitale de la Côte d’Azur vient en effet de se doter d’un réseau expérimental de 200 capteurs interconnectés le long du boulevard Victor-Hugo, grande artère arborée du centre-ville. La municipalité va ainsi pouvoir utiliser et croiser des informations en temps réel sur la mobilité et le stationnement, l’éclairage public, la propreté urbaine et la qualité de l’air. En ajustant en temps réel la luminosité des réverbères en fonction des besoins, il est par exemple possible de réduire de 30% la facture d’électricité d’une collectivité. De même, la ville peut adapter les tournées de ses camions-bennes en fonction du remplissage effectif des containers à papier ou verre, de l’état du trafic, de la pollution de l’air... Et, pour couronner le tout, les informations seront consultables via internet sur smartphone, sur tablette ou encore sur des bornes interactives installées sur le boulevard, désormais pourvues en wifi public gratuit. Nul doute que les citoyens sauront se passionner pour suivre avec attention le niveau de remplissage des containers et autres vide-ordures. Vive l’open data !
Après les périphériques dédiés aux vélos, voici les tunnels dédiés aux « circulations douces » dans la « ville apaisée ». Notons en passant le succès de ces euphémismes politiquement corrects, érotisant et neutralisant les efforts liés à ces types de déplacements physiques, ainsi que les aspérités urbaines. Circuler sans voiture sera donc désormais possible, oui dans le noir – que c’est excitant ! – à Lyon dans le tunnel de la Croix-Rousse. Actuellement en pleine rénovation, il devait rouvrir à la circulation début septembre. Le tunnel sera doublé d’une galerie entièrement dédiée aux piétons, vélos et bus dans cet axe très important de la ville emprunté chaque jour par 47 500 véhicules. Des animations lumineuses y seront implantées, et l’ensemble du tunnel où se côtoieront voitures et transports cyclables ou piétons, sera limité à 50 km/h. Les cyclistes sortiront grands gagnants de ce passage qui leur permettra de traverser la ville en ligne droite et sans inquiétude sur près de 2 km.
La période estivale serait-elle propice au débordement urbain d’idées originales ? On peut se le demander quand on apprend que sur la presqu’île de Crozon (Finistère), on vend des poules pour picorer dans les poubelles. Tout à fait sérieuse, l’initiative de la communauté de communes consiste à proposer aux habitants d’acquérir des gallinacées à tarif préférentiel pour leu permettre de réaliser des économies sur leurs déchets organiques. Ces poules voraces peuvent éliminer jusqu’à 150 kg de détritus par an. Ce qui permet d’alléger d’autant la facture de traitement des déchets.
Après le plus haut gratte-ciel du monde, le plus haut immeuble résidentiel et l’hôtel le plus élevé, Dubaï compte désormais la plus-haute-tour-enforme- de-spirale de la planète : la tour Cayan. Cette structure métallique de 75 étages qui culmine à 310 mètres au dessus de la marina artificielle a coûté un milliard de dirhams (272 millions de dollars). Chaque niveau est décalé du précédent de 1,2 degré, ce qui apporte à la tour une rotation de 90 degrés. Selon son promoteur, 80 % des 495 appartements ont été vendus à des acheteurs de nationalités différentes, une diversité à l’image de la villeémirat. Les appartements ont vue sur la marina, la mer et Palm Jumeirah, l’île artificielle en forme de palmier. L’appartement le moins cher, un deux-pièces, coûte 544 000 dollars. La tour a commencé à être construite en 2006 mais son achèvement a été retardé par la crise financière qui a ébranlé l’émirat en 2009, ainsi que par des problèmes techniques.
De son côté, Istanbul se met aussi aux écoquartiers, sous l’égide de l’agence internationale L35, retenu pour aménager un quartier de la métropole turque. Le cabinet d’architecture a été sélectionné pour réaliser un complexe à usage mixte dans le quartier périphérique d’Ümraniye. Objectif : proposer des bureaux, des logements et des activités commerciales et de loisirs, organisés autour d’une grande place aménagée en espace vert. Les bâtiments seront simples afin de laisser toute la place aux espaces publics. Il s’agit là encore d’offrir une ambiance urbaine aux bâtiments résidentiels et professionnels et de moderniser cette partie de la ville actuellement occupée par un ancien centre commercial et un parking déserté.
Ces aléas ne paraissent pas impressionner la ville de Stockolm et son projet ébouriffant d’un immeuble chevelu. Le Cabinet Belatchew Arkitekter vient d’y proposer de surélever un immeuble existant tout en l’habillant de fibres aux propriétés piézoélectriques. La Söder Torn (page de droite) deviendrait ainsi une ferme éolienne urbaine qui n’engendrerait aucune nuisance sonore pour ses habitants et aucun risque pour les oiseaux. Baptisé Strawscraper, le projet présenté apporte une nouvelle vision des tours urbaines : productrices d’énergie renouvelables et respirantes ou mouvantes suivant la force du vent. Les architectes souhaitent surélever de 16 étages la Söder Torn, conçue par Henning Larsen et livrée en 1997. Mais ils veulent aussi habiller l’ensemble du bâtiment d’un réseau de pailles, qui constitueraient une sorte de postiche géant capable de produire de l’énergie grâce à l’action commune de la technologie piézoélectrique et du vent. De plus, les millions de pailles composant cet habillage et leur mise en lumière donneraient à la tour une allure fluctuante, qui pourrait varier de tonalité et de forme tel un champ d’herbes sous la brise ou la surface de la mer lors d’une tempête. Reste à savoir si cette chevelure ébouriffée saura convaincre les investisseurs…