Au fur et à mesure de l’expansion de Mordelles (7 400 habitants, à l’ouest de l’agglomération rennaise) et de l’augmentation de ses besoins, le centre technique municipal avait fait l’objet d’agrandissements successifs, mais sans réelle prise en compte de la diversité des tâches effectuées par les services techniques. « À l’issue d’un audit mené sur l’évolution des services municipaux, à partir de 2006, la commune a réalisé une étude de programmation et un diagnostic des bâtiments. Des visites de centres techniques municipaux neufs ou rénovés et une concertation avec les agents ont été organisées », commente Jean-Claude Berthelot, à l’époque adjoint chargé des travaux, de la vie quotidienne et du patrimoine. Les élus font alors le choix de construire de nouveaux bâtiments, en demeurant sur le même site et en assurant la continuité de l’activité. En 2008, un concours sélectionne trois équipes d’architectes et de bureaux d’études. Le cabinet DLW architectes (Nantes) est retenu en avril 2009. « Les contraintes en termes de développement durable étaient très pointues. De longue date, nous affichons à Mordelles notre volonté de construire autrement ». Le cahier des charges est précis : l’entretien et la maintenance des bâtiments doivent être facilités par une architecture simple. Le chantier doit être propre et limiter les déchets. Le recours à des écomatériaux – sans usage de bois exotique afin de lutter contre la disparition des forêts primaires – est préconisé. La gestion de l’eau pluviale doit être prise en compte par l’installation de citernes de récupération. L’éclairage naturel et la limitation de l’apport en chauffage doivent être privilégiés. Le cabinet DLW répond en tout point au cahier des charges et optimise les coûts de réalisation. Des économies qui permettent d’installer sur le hangar semi-ouvert des panneaux photovoltaïques pour une production d’électricité réinjectée dans le réseau public.
L’architecte Aurélien Lepoutre doit surmonter une difficulté : la non-constructibilité en partie centrale du site, en raison du passage en souterrain de la conduite d’eau potable alimentant la ville de Rennes. Cette zone est aménagée en accès principal pour desservir les différents ateliers, le garage, le remisage sous le hangar et les zones de stockage. Autre contrainte : les différentes phases nécessitées par l’activité municipale maintenue pendant la durée du chantier dans les anciens bâtiments. Ces derniers ont ensuite été démolis pour faire place à un aménagement extérieur.
Le programme est scindé en deux parties principales : le bâtiment qui amorce la profondeur du site héberge les locaux sociaux et administratifs réservés au personnel. Avec une approche thermique BBC (Bâtiment basse consommation), la qualité de l’ossature bois et les refends intérieurs en béton confèrent une bonne inertie thermique. Le bâtiment en front de rue sur 90 mètres de long héberge le secteur atelier et le remisage du matériel. « Étirer au maximum la façade sur la rue de la Croix- Ignon nous permettait, tout en affirmant le caractère urbain de cette architecture dans un contexte de zone artisanale, de profiter pleinement des apports solaires passifs », explique l’architecte. Les ateliers bénéficient d’une mezzanine qui offre des capacités de stockage en hauteur tout en dégageant en rez-de-chaussée des espaces de travail et de remisage des ateliers.
« Nous souhaitions offrir une identité singulière à l’écriture architecturale pour dégager une image positive de ce que peuvent être des bâtiments d’activité de ce type. » Pari réussi : l’usage intensif du bois, pin Douglas et bois massif collé, dessine avec élégance le squelette du bâti, recouvert d’une casquette jouant les débords pour une meilleure protection solaire.
« Nous travaillons en intercommunalité et quand nos collègues viennent nous voir, nous faisons des envieux », s’amuse Georges Cazouat, responsable du centre technique. Confortable, spacieuse, fonctionnelle, respectant les nouvelles normes environnementales, cette construction en bois semble plébiscitée par la vingtaine d’employés qui l’occupent. « Un an après, si c’était à refaire, je n’aurais vraiment pas grand-chose à changer », confirme Fabrice, le mécanicien. « Nous avons vraiment gagné en confort de travail. Cet hiver, c’est tellement bien isolé que je n’ai même pas eu besoin d’utiliser le chauffage ».
Le bâtiment administratif héberge en son coeur un pôle technique. L’aménagement en espace ouvert facilite le travail en synergie des responsables de la base logistique des services de la voirie, des bâtiments communaux et des espaces verts. Côté convivialité, une salle commune s’ouvre sur une petite terrasse aménagée, idéale pour les temps de pause. Les nouveaux vestiaires sont lumineux et ergonomiques.
Pour le secteur atelier, fini le temps où le mécanicien devait faire place nette tous les soirs pour rentrer les véhicules et où le matin, la mise en route était longue. « Avec ce nouvel équipement, en gagnant en confort, nous avons aussi gagné du temps. De plus, nous avons pu acquérir du matériel plus moderne. Nous avons rénové les mentalités ! », confirme le responsable du centre. Un changement bien maîtrisé dans la mesure où chaque employé a été dès le départ associé à la réflexion. « Nous avons été invités à nous projeter dans le « vivre ici ». Et le fait d’avoir cohabité avec le chantier nous a permis de découvrir sa progression et de mieux en saisir les enjeux techniques », explique le responsable du centre. L’équipe qui prend possession des lieux ne tarit pas d’éloges : « Arrivés ici, tous les gars nous ont dit : c’est noble et c’est chaleureux ! ».