Votre ville est trop grande? Partez! À l’heure où la lutte contre la périurbanisation devient le maître-mot, Sydney incite ses habitants à déménager dans des villes périphériques afin d’améliorer leur qualité de vie et de dépenser moins. Un Sydneysider sur quatre serait prêt à déménager dans une municipalité proche de la ville la plus peuplée d’Australie. Albury, Armidale, Bathurst, Dubbo, Orange, Tamworth et Wagga Wagga, les sept Evocities visées par une campagne financée en partie par le gouvernement australien offriraient des prestations similaires à Sydney. Menée tambour battant, la campagne Evocities vise à montrer aux habitants de Sydney « l’abondance d’opportunités dans ces villes, avec un coût de la vie inférieur, la possibilité de poursuivre une carrière solide et un cadre de vie amélioré ». Mais oui: le polycentrisme pourrait bien être une autre manière de lutter contre l’étalement urbain…
La métropole n’est pas seule à faire face à la trop grande taille: un vaste débat s’est engagé en Indonésie sur l’opportunité de désigner une nouvelle capitale pour remplacer Jakarta, métropole tentaculaire de près de 30 millions d’habitants. L’idée de changer de capitale avait déjà été évoquée dans les années 1950 par le président Sukarno. Aujourd’hui, des embouteillages monstres paralysent le centre d’une ville qui deviendra totalement engorgée d’ici 2014, préviennent les experts. Chaque jour, plus de 550 nouvelles voitures et 1500 motos y sont immatriculées pour un réseau routier qui n’augmente que de 0,01 %. Trois options sont étudiées: maintenir Jakarta comme capitale en investissant massivement dans les infrastructures, changer de capitale comme on l’a fait à Brasilia, Ankara ou Islamabad ou encore transférer des administrations, Jakarta restant seulement siège du pouvoir. Cette dernière solution a été notamment choisie par la Malaisie voisine, qui a rassemblé une partie de son administration en 1999 à Putrajaya, à 25 km de Kuala Lumpur. Dans chacun des cas, des coûts colossaux: débat de taille, donc, on imagine…
Une impressionnante mobilisation vient de rassembler pas loin de 30000 personnes – et sous la pluie – à Stuttgart contre le gigantesque projet urbain Stuttgart 21, une semaine après en avoir réuni à peu près autant devant une des gares ferroviaire qui devra être détruite pour permettre la modernisation des liaisons ferroviaires dans la région. Le projet, un des plus importants en Europe et d’un coût de sept milliards d’euros sur neuf ans, prévoit notamment la construction de seize tunnels ferroviaires, de dix-huit ponts, la pose de 60 km de voies et la construction de trois nouvelles gares. Les travaux visent à faire de la ville un des principaux noeuds ferroviaires du pays et à y développer le trafic de trains rapides. Les manifestants, qui ont entamé une série d’actions de protestation il y a quelques semaines, sont notamment opposés au coût des travaux et aux nuisances qu’ils vont provoquer pendant des années. Ils s’opposent aussi à la destruction d’une grande partie de la gare centrale, un immeuble de l’entre-deux-guerres, et à son remplacement par des halls souterrains. Au total, pas loin de 100 000 personnes ont manifesté si on compte aussi les manifestations qui se sont déroulées sur les différents sites. Une mobilisation qui fait réfléchir alors que la protestation sociale a peiné chez nous à conserver son souffle…
Si les grandes religions ont su plus ou moins s’adapter aux changements sociétaux, exploitant médias et nouvelles technologies, leurs architectures ont toujours plus de difficulté en Europe comme en témoignent les récurrentes controverses de réaffectation d’anciens locaux religieux en salle de spectacle ou logements. D’où l’originalité de la chapelle en conteneurs dédiée aux marins et à tous les migrants, érigée à Loon- Plage près de Dunkerque sur des plans de l’architecte Jérôme Soissons. Peu banale, elle est réalisée avec trois conteneurs, deux à plat et un troisième de 12 m posé à la verticale. On lui trouverait presque une petite tonalité rétro, style cités d’urgence des années de la Reconstruction à la différence qu’elle est toute équipée d’isolation, de chauffage, d’électricité et qu’elle est flexible: oui, mobile en cas d’extension du port, ce qui en fait au final un projet des plus durables!
L’esprit du durable plane également en Alsace à Ansbach où une église vient d’être recouverte d’ardoises photovoltaïques. L’équipement sera rentable: produisant environ 35 000 kWh par an, la revente de l’électricité produite permettra de payer les travaux et peut-être d’économiser sur les quêtes… L’équipement est complété par une isolation de 40 cm en ouate de cellulose. Alors, il fait froid dans les églises en hiver?
Avouons-le: il fallait une bonne dose d’humour aux élus nantais pour avancer qu’« une ville apaisée roule plus lentement » à l’occasion de la parution de la comparaison réalisée par la société Tom Tom montrant que la ville de Nantes était championne des embouteillages! Certes, les résultats n’ont pas été du goût de tous, tout comme à Paris qui s’est réveillée quant à elle championne d’Europe des embouteillages d’après une étude réalisée cette fois par Inrix, société spécialiste de l’analyse du trafic routier. Sur les 109 agglomérations européennes passées à la loupe, Paris et sa région détiennent huit des dix points les plus congestionnés. Viennent ensuite Londres et le bassin de la Ruhr, en Allemagne. L’étude révèle que les conducteurs franciliens passent soixante-dix heures par an dans le trafic, soit beaucoup plus longtemps que les autres automobilistes d’Europe (cinquante-deux heures à Londres) et de l’Hexagone. À titre de comparaison avec les autres grandes villes françaises, les Lillois y passent cinquante heures par an, viennent ensuite les habitants de Lyon et Limoges (trente-quatre heures), et ceux de Grenoble (trente-trois heures).
Toutes ces villes feraient mieux de prendre (ou pas!) exemple sur Segonzac qui, elle, assume fièrement le fait d’être la première ville lente de France avec plus ou moins de bon goût d’ailleurs (l’emblème de la ville est devenu l’escargot…). Dans le sillage du mouvement Slow Life qui questionne la tyrannie de la vitesse, c’est la première commune en France à avoir obtenu le label international Cittaslow (Villes lentes). Rappelons que le mouvement Cittaslow, créé en 1999 en Italie à la suite du mouvement Slow Food remet son label aux communes candidates après validation de plus de soixante critères couvrant en particulier la qualité de vie, la convivialité, la mobilité, l’équilibre alimentaire et l’environnement. Oui, mais problème: le label Villes lentes ne concerne que des villes de moins de 60 000 habitants!
Des oiseaux et des animaux envahissant par milliers un gratte-ciel: un scénario digne d’un film d’épouvante? Pourtant non, avec Eco-cliff, ce futur zoo vertical pour Buenos Aires. Le Buenos Aires Vertical Zoo Competition, concours d’architecture visant à construire un zoo vertical « d’au moins 100 m de haut » a donné lieu à des idées détonantes tel ce projet d’une tour placée sur le chemin des oiseaux migrateurs de la forêt boréale. La tour Eco-Cliff servirait également de perchoir pour une partie des 3,5 millions d’oiseaux qui passent chaque année dans le secteur. Construite autour d’une armature métallique habillée de filets et de câbles, la tour fait la part belle à l’éclairage et à la ventilation naturelle, ainsi qu’àux plantes grimpantes. Un milieu idéal pour les oiseaux, un véritable récif artificiel terrestre, qui bénéficierait de toutes les innovations technologiques durables (panneaux solaires…). Autre gain de taille et non des moindres: le gain de place, quand on réalise la superficie mobilisée par le zoo classique.
Moins en hauteur, une petite commune vient de battre un record… de sécurisation. Le conseil municipal de cette commune de 3 900 habitants vient en effet de décider l’installation de 37 caméras de vidéosurveillance, soit une caméra pour 100 habitants. La science-fiction devient réalité. De quoi rendre un brin soucieux les parents d’élèves désormais défendus par cinq caméras au stade de foot, six à la crèche, trois à l’école maternelle, six à l’école primaire… Avec ça, les enfants n’ont qu’à bien se tenir!
Assez du métro, des bus et des taxis, mais envie de bouger? Aucune difficulté: depuis la mi-septembre, une petite société propose, en partenariat avec la SNCF, de transporter les voyageurs entre les gares d’Austerlitz, Lyon et Bercy, avec des vélos à assistance électrique. Le gain de temps est impressionnant: les vélos effectuent les liaisons entre les gares en 5 à 10 min pour 5 €, quel que soit le nombre de passagers. Il était temps: les vélos taxis sont déjà présents à Rennes.
La pause-café, oui, mais jamais sans mon vélo! Et voilà le premier cafévélo de Londres qui ouvre ses portes, ou comment savourer une boisson chaude ou fraîche, selon l’humeur, tout en faisant réparer ses freins, ses pneus et ses garde-boue. Le concept fait fureur à Londres où le vélo est utilisé par plus de 800000 personnes chaque semaine. Le Look Mumm, No Hands! à Olid Street, une avenue branchée de l’est de Londres, est devenu une étape incontournable depuis son ouverture. L’initiative existe déjà en France, à Nice, avec Bic bar, vélo-café associatif qui propose des locations de vélo à l’heure ou à la journée tout en conviant les cyclistes à déguster la cuisine maison mais aussi aux Etats-Unis à San Francisco où le Vélo Rouge café propose des repas, des concerts, des jeux de société…
Décidément, que se passe-t-il dans le monde du jeu pour à ce point séduire les collectivités locales? Le marché des serious gammes est en pleine explosion. On connaissait l’indéboulonnable Sim City mais avec le programme City One réalisé par IBM, voici un tournant: ce programme de simulation permet à toutes les collectivités d’évaluer sérieusement les coûts de leurs choix de développement urbain, de gérer au mieux leurs programmes de déplacements, d’évaluer les émissions de CO2. A vocation informative, persuasive, idéologique, les jeux sérieux utilisent le ressort ludique du jeu vidéo pour faire passer des informations. Surfant sur la vague du développement durable, les villes et institutions publiques les plus innovantes se sont approprié cet outil pour sensibiliser leurs citoyens à l’environnement mais aussi pour communiquer une image plus verte. Ainsi, au Brésil: Citrin Building Sustainability est un projet commun interdisciplinaire entre les étudiants d’une université brésilienne, alliant les univers de Tetris et de SimCity. Le joueur tient le rôle du maire de la ville et doit prendre rapidement des décisions durables pour le confort de ses habitants et pouvoir prétendre conserver son siège le plus longtemps possible. Aux Etats-Unis, EnergyCity a été créé par The Jason Project en partenariat avec le National Geographic, le National Oceanic and Atmospheric Administration (Noaa) et la Nasa. Du sérieux, donc pour ce serious game où l’utilisateur doit imaginer les solutions énergétiques d’une ville, en prenant en compte les questions économiques, sociales et environnementales, tout en négociant avec toutes les parties prenantes pour pouvoir satisfaire les besoins énergétiques d’une population croissante au fur et à mesure du jeu. En France, le challenge de ClimCity est de réaliser un plan climat sur 50 ans et d’adapter la ville aux changements climatiques à venir. Dites, sérieusement, entre nous, rien ne vaut une bonne partie de Monopoly…