<
>
Initiatives urbaines
#16
Clément Gillet,
un Rennais
que la Hollande inspire
RÉSUMÉ > Nous poursuivons une suite de portraits engagée il y a deux ans dans Place Publique en compagnie des architectes-urbanistes ayant exercé à la fois à Rennes et à Nantes. En prolongeant cette série, nous en modifions légèrement la focale : nous sommes toujours entre les deux métropoles, en nous intéressant plus particulièrement aux architectes dont l’activité est dominée par la construction. Des architectes entre 40 et 50 ans, disons dans “la force de l’âge”, et dûment domiciliés dans l’une des deux grandes villes de l’Ouest. La série débute avec le Rennais Clément Gillet, 42 ans.

     Janvier 2012, Chartres-de-Bretagne, l’agence est là, discrète, blottie parmi la rangée de pavillons qui bordent l’avenue Charles-de-Gaulle, à deux pas de l’usine PSA. Garée à l’entrée, la voiture siglée C(lément) G(illet) ARCHITECTES assiste une équipe cycliste. Elle manifeste l’une des formes qu’a pris son engagement dans la vie locale, l’architecte gardant ainsi le contact avec son sport favori. À l’intérieur, l’ambiance est calme et studieuse, une grosse dizaine de collaborateurs et associés.

     Nous engageons la conversation dans une pièce voisine avec ce « jeune » architecte bien conscient de « franchir en ce moment un palier ». Dans cet univers, jeune, on le reste en effet au moins jusqu’à 50 ans. Certains le sont même pour la vie… Mais sur le plateau idéal des invités réguliers des concours d’architecture, Gillet constate qu’il ne boxe déjà plus dans la catégorie « jeunes ». Revers de la médaille, « confirmé » désormais, il « vient de changer de paquet » pour affronter directement les « Parisiens ». En effet, dans les concours d’architecture, le monde se divise la plupart du temps en trois, trois « paquets »: les jeunes, les locaux aux reins solides et les « Parisiens »…
     La jeunesse n’est qu’un mot, a dit le sociologue Pierre Bourdieu, et celle de Gillet s’épuise en effet dans l’impressionnante série de réalisations qu’il vient de livrer depuis la création de son agence en 2001. Qu’on en juge: plus de vingt opérations de logements collectifs, la plupart en Ille-et- Vilaine, mais plusieurs aussi désormais à Nantes et dans sa périphérie, à Sainte-Luce notamment. Il faut y ajouter une quinzaine d’équipements, constructions ou extensions, de l’Ehpad à la salle de sports en passant par la salle de concerts ou la Maison des jeunes, auxquelles s’ajoutent une petite vingtaine de maisons, et des bureaux et locaux commerciaux à foison dans les ZAC rennaises, Atalante, Armorique… Les nouveaux commerces et la brasserie au pied des immeubles bordant le cours Kennedy à Villejean, c’est lui. Le supermarché Champion, aussi. Et l’usine de fabrication d’enduits à Vritz, récompensée en 2006 par le Prix d’architecture du CAUE3 du département voisin de Loire-Atlantique, c’était déjà lui.
     À nouveau remarquée pour un prix, sa résidence étudiante Languedoc vient d’obtenir celui des architectes bretons à la fin de l’année 2011. Son grand mur vert, gris anthracite et blanc ponctué de saillies et bow-windows marque désormais l’entrée dans Rennes par le quartier de Villejean . À Nantes, sur l’Île, les 43 logements de la Perle Noire ont ouvert l’an passé leurs portes le long de la nouvelle rue du Général de Bollardière. Avec son entresol ouvert, cette tourette a donné le signal de la mutation, à l’Est, du secteur dit des Gendarmes. Ou encore, tout près de l’hôtel de Rennes Métropole, ses logements offrent depuis un couple d’années de spectaculaires prolongements gris et violet vif en façade le long du boulevard de l’Yser. Trois opérations, trois promoteurs différents, respectivement Archipel Habitat, la SAMO à Nantes et le Groupe Launay, les trois principaux avec lesquels l’agence a désormais pris l’habitude de travailler.

     Rennes, Clément Gillet la trouve d’une manière générale bien trop préoccupée par Paris, et en particulier par l’influence de ses architectes. Pourquoi Paris, au fond? Un complexe, sans doute. Et pourquoi pas Londres, Bruxelles ou Rotterdam? Ces villes-là et leurs architectes auraient sans doute bien des choses à dire sur la situation rennaise. Il rêve en effet de voir y débarquer une signature internationale iconoclaste pour faire bouger la ville. Tiens, pourquoi pas les Hollandais de MVRDV ? Bordeaux les a déjà requis pour ses projets : à l’ombre des piles grandioses du pont d’Aquitaine, ils sont en charge depuis 2010 de la maîtrise d’oeuvre urbaine de la ZAC Bastide- Niel sur la rive droite de la Garonne. Mais il leur reste peut-être encore un peu de temps libre…
     Gillet vient de perdre un beau concours, au bout de l’esplanade des Champs Libres, pour une Cité internationale où il avait « cherché à faire entrer la ville dans le bâtiment ». Il s’était pour la circonstance allié avec un autre « enfant » de Rem Koolhaas, le jeune architecte belge Julien de Smedt. Koolhaas est en effet son lointain inspirateur. Il le reconnaît volontiers même s’il a rapidement perçu son « côté obscur ». Toujours par monts et par vaux autour du globe, Koolhaas a été le pionnier de la mondialisation chez les « starchitectes ». Mais lorsqu’il était à Rotterdam, il était « toujours le premier arrivé pour faire le café, adorable, puis endossant son costume austère à mesure que l’agence se remplissait des collaborateurs ».
     Par un concours de circonstances, une virée à Rotterdam entre potes de l’école d’archi, une entrée au culot dans les locaux du grand architecte batave attelé, au mitan des années 1990, à son projet d’Educatorium pour Utrecht, et puis le voilà embarqué pour un stage de six mois à l’OMA, comme un moment initiatique auprès de ce dialecticien décomplexé.
     Les origines modestes de Clément Gillet lui ont visiblement procuré une forme d’assurance, comme libéré de l’intimidation par l’héritage: allons-y, tentons le coup, nous verrons bien. En témoigne cette aventure qui le passionne en ce moment: des maisons-conteneurs, vieux rêve des architectes toujours un peu épris de modularité, et qui sont en train d’essaimer aux quatre coins de l’agglomération rennaise depuis la première maison-témoin de Pont-Péan où habite désormais son frère Josué, architecte lui aussi.

PLACE PUBLIQUE > Rennes, c’est votre ville, celle où vous avez obtenu votre diplôme d’architecte en 1996…

CLÉMENT GILLET >
C’est en effet là que j’ai fait mes premières armes, travaillant durant mes études, déjà, chez mes aînés enseignants, d’abord chez David Cras, dès ma première année d’inscription à l’ENSAB et par périodes jusqu’à la fin de mes études. Le diplôme en revanche me laisse un souvenir plus mitigé. Pablo Ortuzar, un architecte chilien charismatique, m’avait accompagné pour sa préparation. Mais Jean-Pierre Pranlas- Descours, qui faisait partie du jury, avait manifesté une franche opposition à mon travail. Déjà ! Nous ne parlions pas de la même chose, et puis le jury était clivé entre un camp « néo-moderne » adepte de l’architecture de Le Corbusier, et un camp « brutaliste » admirateur notamment de l’architecture de Jean Renaudie et qui comptait dans ses rangs l’historien de l’architecture Irénée Scalbert dont j’avais suivi l’enseignement à Londres.

PLACE PUBLIQUE > Quelque part entre le jeu de la lumière sur le béton matricé de vos façades et l’emploi fréquent des couleurs vives ?

CLÉMENT GILLET >
C’est un mélange de la culture hollandaise pour le collage, du chaos koolhaassien et de l’influence brutaliste.

PLACE PUBLIQUE > Des bâtiments sculptés, de fortes diagonales en façade, sur des motifs ou sur des volumes…

CLÉMENT GILLET >
Oui, mais il ne faut pas s’arrêter au design: c’est la réalité du projet qui prime et la proposition dans son ensemble. On doit privilégier à la fois le réalisme, le fonctionnel, et le design si l’on peut. Les équerres blanches d’Henri Ciriani et de ses petits-enfants ont traversé mes années d’étudiant, mais ce formalisme obsessionnel m’a rapidement lassé. Je n’ai pas aimé son côté décoratif et maniéré. Le PVC collé sur le vitrage pour sauvegarder la géométrie à tout prix, je ne supporte plus !

PLACE PUBLIQUE > Cette architecture « néo-moderne » a eu pourtant ses heures de gloire à Rennes…

CLÉMENT GILLET >
Quelques agences parisiennes ont en effet eu, un temps, une grande influence à Rennes. Mais à Nantes aussi ! À Rennes, je pense que nous y sommes encore, du moins dans la production courante.

PLACE PUBLIQUE > Comment vous êtes-vous inscrit au sein de cette scène rennaise?

CLÉMENT GILLET >
Mon père n’est pas architecte, mais ambulancier dans les Côtes-d’Armor, et je ne connaissais pas grand monde dans le « milieu », comme on dit. En revanche, l’expérience que j’ai pu tirer de ma collaboration avec David Cras a été déterminante. Et de fil en aiguille, d’autres agences ont fait appel à mes services pour des concours, Pascal Debard, Jean Guervilly… J’ai d’abord écumé les grosses agences bretonnes. Mais s’engager ainsi sur les concours, c’est épuisant. À la fin, je ne saisissais même plus la portée de mon apport, pris dans une sorte de mécanique dont j’avais perdu le sens. Par lassitude, je suis même allé jusqu’à demander une prime de victoire! J’arrivais au bout du processus.

PLACE PUBLIQUE > Comment avez-vous construit votre agence?

CLÉMENT GILLET >
Le tissage des relations avec la maîtrise d’ouvrage a été long et patient. Ma porte d’entrée: travailler sur le territoire rennais. C’est là que l’on a commencé à remarquer mon travail, mes dossiers de permis de construire étaient bien notés, c’était propre et carré, j’essayais d’être réactif… Ma collaboration avec Archipel Habitat a ainsi débuté avec des garages au pied d’un bâtiment qui devait être réhabilité. Et puis par la suite, les offres de service se sont progressivement inversées. Il est tout à fait courant qu’un promoteur fasse appel à vos services d’architecte parce qu’il a besoin, par votre biais, de reprendre pied dans le jeu rennais, par exemple au centre de la ville. Il s’agit, en somme, d’un échange de capitaux symboliques !

PLACE PUBLIQUE > Pour comprendre ce jeu, l’école ne délivre aucun mode d’emploi, pas de cours spécifique à ce sujet ! À ma connaissance du moins…

CLÉMENT GILLET >
Je l’ai compris progressivement, dans l’exercice de mon métier. Il faut aussi savoir saisir l’implicite dans les discours, comprendre qu’il y a des endroits où l’on ne doit pas aller – ou pas encore –, qu’il y a des limites et des cadres d’exercice avec leurs spécificités.

PLACE PUBLIQUE > Et Giboire? Vous travaillez en ce moment pour la première fois avec ce prestigieux promoteur rennais…

CLÉMENT GILLET >
Mon premier dossier en effet avec eux, c’est bien, très agréable de travailler avec eux. Ce promoteur a une force de frappe importante, et lorsqu’il décide de faire quelque chose, il le fait bien en y mettant les moyens.

PLACE PUBLIQUE > Existe-t-il, à votre avis, une hiérarchie semi-consciente des promoteurs rennais dans l’esprit des architectes ?

CLÉMENT GILLET >
Non, je pense plutôt que chaque promoteur agit au coup par coup, suivant les enjeux que porte chaque programme et suivant la position que luimême occupe à ce moment-là dans le jeu d’opportunités foncières qu’offre une scène métropolit aine.

PLACE PUBLIQUE > Les architectes ne sont donc pas tout à fait dupes des clés de ce jeu…

CLÉMENT GILLET >
Une partie des architectes n’a pas les moyens d’avoir accès à ces clés. Je vois bien pour ma part que plus mon crédit augmente, mieux je maîtrise ces clés. Je crois que le tournant se situe le jour où vous avez la possibilité de dire non. Là seulement vous commencez à avoir toutes les cartes en main.

PLACE PUBLIQUE > Et à Nantes ?

CLÉMENT GILLET >
J’ai pensé au milieu des années 2000 qu’il fallait que je diversifie mes terrains d’exercice, que je sorte un peu du champ rennais. Bref, changer d’air… J’ai alors répondu sur plusieurs dossiers nantais, Bottière-Chénaie, l’Île de Nantes… C’est la SNI qui m’a inscrit sur sa longue liste d’architectes pré-sélectionnés, et à l’issue d’un entretien, le courant est passé avec Alexandre Chemetoff qui conduisait alors le projet de l’Île. Je regrette d’ailleurs beaucoup son départ. Il avait su poser les bases d’un jeu ouvert où la discussion sur l’architecture était libre et sans concession. Mais jamais il ne se sera montré intrusif sur le projet lui-même, sur sa géométrie. Je tiens à le souligner. Son rôle consistait seulement – c’est beaucoup – à faire passer une ambition générale.

PLACE PUBLIQUE > Après la Perle Noire, vous poursuivez actuellement votre travail sur l’Île au sein du faubourg Mangin, avec des logements sociaux adossés au talus de la voie ferrée pour ICF Atlantique…

CLÉMENT GILLET >
C’est une autre Île de Nantes, une autre méthode et des règles du jeu différentes. Je sens, personnellement, une proximité moins forte avec ces nouvelles règles qui sont pourtant issues d’une culture que je connais bien, celle de l’urbanisme flamand: des volumes sobres, des percements répétitifs, une certaine neutralité des couleurs, plutôt un « urbanisme d’ensemble »… Pour l’heure, même si le projet que nous avançons a des qualités, je m’y retrouve moins. Mais j’attends que ces règles se précisent encore au fil des semaines à venir, cela m’intéresse. Et puis d’une manière générale, je relève un décalage, en ce moment, entre les urbanistes, chenus et chevronnés, presque tous âgés d’une soixantaine d’années ou plus, et la production parfois en rupture des architectes quadragénaires. C’est ainsi que je m’explique les échecs de deux de mes projets sur le secteur de la Courrouze à Rennes.

PLACE PUBLIQUE > Quelles sont les figures qui vous ont marqué sur ces deux scènes, rennaise et nantaise?

CLÉMENT GILLET >
Alexandre Chemetoff, sans hésiter, et je regrette d’être arrivé à maturité alors que les bords de Vilaine étaient déjà presque achevés. Je trouve que la scène nantaise est plus dynamique, plus concurrentielle aussi que la scène rennaise, avec les Barré-Lambot, Garo- Boixel, Tetrarc, Forma 6 parfois, et puis beaucoup d’équipes jeunes, DLW, Block, Guinée-Potin… La taille de la ville est plus importante et semble plus ouverte. Rennes apparaît a contrario plus réservée aux initiés.

PLACE PUBLIQUE > Pourtant Rennes dispose également d’une école d’architecture, d’une maison de l’architecture…

CLÉMENT GILLET >
Oui, mais à mon avis, l’école rennaise est plus sous l’emprise de Paris, moins autonome. Ceci dit, d’une manière générale, Rennes et Nantes ont toutes deux potentiellement une stature européenne, sinon internationale, et elles se sentent pourtant encore obligées d’en passer toujours par Paris! À l’échelle de nos agences, nous avons compris depuis longtemps que nos sites internet nous ouvraient le monde et que les revues parisiennes n’étaient plus des passages obligés, mais une voie parmi d’autres pour parler de notre travail. Mon tissu relationnel ne passe pas tout le temps par Paris, parfois seulement. Rennes est en revanche un camp de base idéal. Lorsque je me suis installé, je me suis demandé si les Côtes-d’Armor et mon village d’origine auraient offert une bonne localisation. J’aurais pu, je crois, y accéder rapidement à de petites commandes, mais très vite mon activité aurait stagné entre quelques maisons, une extension d’école… Je me suis dit qu’il fallait aller à la capitale, régionale, tout en pensant qu’il y serait moins difficile de sortir du lot qu’à Paris. Rennes est un excellent compromis et n’a aucunement besoin de Paris.

PLACE PUBLIQUE > Dans ces deux capitales régionales, y at- il des élus qui vous ont particulièrement marqué?

CLÉMENT GILLET >
(hésitation) Eh bien, je dirais monsieur le maire de Nantes, qui est incontestablement très « pro ». Le montage des projets, la mécanique, la représentation, jusqu’au « plan com’», tout est réglé, huilé, rien n’est improvisé.

PLACE PUBLIQUE > Mais vous y avez travaillé sur l’Île, qui est un enjeu tout particulier…

CLÉMENT GILLET >
C’est vrai, mais c’est très intéressant. Sur le plan des ambitions architecturales, en revanche, on sent toujours un peu planer le couperet des prochaines élections, du vote qui ralentit sans cesse les politiques dans leur décision. Deux étages en moins si l’on veut éviter un recours des voisins ! Même si, morphologiquement, les deux étages supplémentaires auraient été bienvenus. Plus on a de crédit, plus on est écouté dans son domaine de compétence, mais parfois le couperet tombe malgré tout.

PLACE PUBLIQUE > Et même lorsqu’on travaille avec un promoteur dont l’objectif reste la rentabilité optimale de son investissement foncier…

CLÉMENT GILLET >
Peut-être plus encore à ce moment-là!

PLACE PUBLIQUE > Quels sont, à votre avis, les territoires de projets dans ces deux villes, les endroits d’où l’on peut deviner la manière dont la ville va se développer ?

CLÉMENT GILLET >
À Rennes, je sens venir de véritables projets, justes et ambitieux, dans le secteur de la gare. Eurorennes offre un espace de travail magnifique. Je suis très motivé par ce territoire où l’on va chercher à construire la ville sur la ville, en plein centre, avec une mixité de programmes tout en posant la question de la hauteur. Un territoire à part, où nous allons enfin sortir un peu des ZAC de première couronne où chacun doit passer sous la toise du R+3. La plaine de Baud m’intéresse également, un sujet différent. Un peu plus à l’est, audelà de l’avenue Chardonnet, j’hésite. Il est toujours risqué de faire la ville sur un espace vierge.

PLACE PUBLIQUE > On y implantera donc un écoquartier !

CLÉMENT GILLET >
(rires) Oui, c’est très délicat !

PLACE PUBLIQUE > Et à Nantes ?

CLÉMENT GILLET >
L’Île focalise beaucoup les regards, et laisse peu d’espace pour l’éclosion de territoires alternatifs vraiment stimulants.

PLACE PUBLIQUE > Et Malakoff, et Euronantes…

CLÉMENT GILLET >
Oui, mais tous ces territoires me semblent déjà finis, remplis… On y voit des réalisations achevées. Mais il est vrai que Malakoff est intéressant. Jusqu’ici, nous avons eu beaucoup de chance en ayant l’occasion de travailler le plus souvent en ville, sur des sites urbains denses, dans un contexte plutôt que dans de « nouveaux quartiers ». Je n’aime pas le plan de ZAC où tout est ficelé par avance. En cherchant à y déroger, même modestement, on court toujours le risque d’être disqualifié par avance.

PLACE PUBLIQUE > Cette sensation que l’on a, souvent, dans une ZAC d’entrer dans un « nouveau quartier » avec ses règles spécifiques est en effet très désagréable…

CLÉMENT GILLET >
La ZAC devient un projet en soi, où les urbanistes nous demandent explicitement d’être répétitifs, d’une architecture à l’autre, et de reprendre les caractéristiques du voisin. On s’y retrouve dans des conditions fort complexes, extrêmement contraints, alors que paradoxalement l’on y part d’une feuille blanche, ou presque. C’est fou, cette somme de contraintes que l’on se donne a priori ! Faites-nous un beau et un bon projet, voilà! Le programme devrait tenir en quelques pages. J’aime lancer des messages.