effet de serres
Fermez les yeux. Rouvrez-les.
C’est un jeu. Où êtes-vous ? Sur quelle île vous a-t-on déposé ?
En quelle contrée de quelle jungle ? Sous quel tropique ?
Que reste-t-il ici de connu sinon des reflets de parapluie reflétant en rose, en rouge et en gris la pluie ? La preuve, s’il en est besoin, que l’île est moins tropicale, plus tempérée qu’il n’y paraît et que des gens y passent ou s’assoient. Les photos de Jacques Beun sont à regarder comme en songe. Tout est vrai dans un songe, rien ne ment. Le cadre est véridique, sauf que les épaisseurs du verre créent de ces champs et contre champs, de ces fonds de façade qui s’avèrent des rideaux d’arbres bordés d’horizon.
Le suspense a assez duré. Ce baroque photographié, tout est là, rien n’est faux, tout est vrai, sur un théâtre familier de tout Rennais.
Effet de serres au très bon sens du terme. Vous êtes au Thabor, promeneur solitaire à l’instar de Jacques Beun. Il regarde à différentes heures, à différents moments de saisons différentes, le même théâtre de lumière. Projecteurs naturels. Luxuriance rennaise, tropique sur Vilaine.
La preuve par le réverbère et son joli globe hors d’âge ! La preuve par le jeu d’eau des fontaines ou l’arrosoir, patent, prenant la pose. Le Thabor vu d’un autre pays, la Fantasmagorie !
Ici le candélabre signe l’appartenance et, dans cette unité de lieu et pas de temps, Jacques Beun surprend le zinc de l’arrosoir ou l’ombre des séquoias géants.
Leurs silhouettes sont de Corot, les ciels de Rembrandt, les jaillissements du Douanier Rousseau, partition Haendel (Water Music !) ou Vivaldi… Rennes est donc baroque et pas que dans ses chapelles ou sur les cimaises de son musée. La fontaine reflétée ouvre des portes sur d’autres qu’on dirait refermées : du miroir au miroitement !