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Dossier
#17
RÉSUMÉ > Artiste, à la fois photographe et dessinateur, Emmanuel Reuzé pousse la réalité jusque dans ses limites et érige les villes et les immeubles dans un rêve de verticalité. À l’heure où la construction en hauteur revient sur le devant de la scène comme une possibilité future de l’habitat, le travail de Reuzé choisit dans les images présentées ici d’assumer le vertige, d’activer le surréel et d’offrir une vision céleste de nos villes

     Emmanuel Reuzé vit à Rennes. Originaire de Châtellerault, il a fait ses études aux beaux-arts de Poitiers puis de Limoges. D’abord connu comme photographe, il a émergé dans la bande dessinée avec une adaptation d’Ubu Roi, d’Alfred Jarry (2002). Adepte de l’humour, il est aussi l’auteur d’une biographie imaginaire, celle de l’architecte Jean-François-Thérèse Prieur (Filigranes, 2008). Une version officielle de la propre biographie d’Emmanuel Reuzé circule également, dont tout laisse à penser qu’il faille lui accorder crédit. La voici:


     « Emmanuel Reuzé naquit en 1874. Il fut un artiste touche-à-tout de génie et imposa son empreinte indélébile aux grands mouvements artistiques qui marquèrent le 20ème siècle. Avant sa naissance, il peignit de grandes fresques avant-gardistes sur les parois du ventre de sa mère. Pendant sa petite enfance, l’influence de son grand-père qui était dessinateur industriel chez un fabriquant de canons, détermina son destin artistique. À neuf ans, il suivit les cours de Friedrich et peignit des paysages composés de grand vent où un individu échevelé contemple les restes charbonneux d’un chêne que la foudre a calciné, un vague château lointain et des lapins tuberculeux : la Peinture orchestrée par Brahms. Il réalisa plus de 500 chefs-d’oeuvre qui disparurent dans un incendie provoqué par la foudre un jour de grand vent. Dès 14 ans, il se lança dans l’impressionnisme et exposa au salon des indépendants. Il dama le pion aux plus grands maîtres, se battit en duel avec Cézanne et poussa Van Gogh à la folie. A 17 ans, il entra au Bauhaus et horripila Kandinsky avec des théories révolutionnaires auxquelles personne ne comprenait rien. Il fut interné deux ans à Charenton pour divagations et troubles de la perception. André Breton le consacra “Génie du siècle”. Il connut ensuite le destin artistique que l’on sait... Lorsqu’il s’ennuie, Emmanuel Reuzé dessine des architectures absurdes, inutiles, inhabitables et parfois inconstructibles. »