reine d’Amérique
Passé le porche, la salle d’exposition présentait ce jour-là des affiches sur «Gender ou la question du genre » réalisée par Lisaa (L’institut supérieur des arts appliqués), juste à côté de l’auditorium de cent places qui l’avant-veille avait fait le plein pour une conférence consacrée à Simone de Beauvoir et l’existentialisme à New York.
C’est dans les étages que se situent les bureaux de l’IFA. Le parquet craque sous les hauts plafonds de la belle demeure où Liliane Kerjan, en maîtresse des lieux, nous reçoit dans une déco plutôt mode. Les affiches des expositions d’hier égrènent sur les murs le passé récent de cette institution vouée à la connaissance des États-Unis.
Vieille connaissance rennaise que cette Amérique amie. En cours de conversation, on apprendra qu’après-guerre, étaient installés ici-même les bureaux du Plan Marshall. Au-dessus de la cheminée, trône un grand portrait en noir et blanc de Marylin Monroe. Marilyn, une passion personnelle de la présidente. Un symbole aussi de l’Amérique énergique, artistique, cinéphile et passionnée qui, ici en Bretagne, a trouvé droit de cité dans les murs de l’Institut.
PLACE PUBLIQUE > Quelles sont vos origines géographiques ?
LILIANE KERJAN > Je suis bretonne, originaire de Lorient. J’ai fait mes études en Bretagne et presque toute ma carrière dans cette région. C’est un choix. Déjà, au sortir de l’agrégation d’anglais, mon rang faisait que je pouvais prétendre aller où je voulais. Mais j’ai choisi Nantes, et deux ans plus tard je suis arrivée ici à Rennes.
PLACE PUBLIQUE > Pourquoi, quand on a bourlingué comme vous en Amérique, ce choix de rester à Rennes?
LILIANE KERJAN > Parce que j’ai considéré que Rennes m’avait beaucoup apporté et qu’en retour il était légitime que j’apporte quelque chose à cette ville. De même mes séjours américains m’ayant beaucoup appris, j’ai considéré légitime de présider en retour l’Institut Franco- Américain de Rennes. C’est une manière de rendre. Je suis aussi restée à l’université de Rennes 2 parce que l’atmosphère était excellente. Dans le département d’anglais, nous étions une bande d’amis que je vois toujours. Grande solidarité, esprit d’innovation. Je pouvais faire des choses qu’on ne voyait pas ailleurs, sous l’oeil amusé, complice ou collaboratif de mes collègues, mais jamais de frein. On avait d’excellents résultats au Capes et à l’agrégation. Rennes avait les meilleurs résultats en anglais au côté de La Sorbonne nouvelle et de Lille. On parlait à l’époque d’une vraie « écurie » rennaise. Alors, à quoi bon devenir « turbo-prof » à Paris avec des étudiants dont je n’aurais rien su ?
PLACE PUBLIQUE > Comment est né votre goût pour la langue anglaise ?
LILIANE KERJAN > À Lorient, en classe de 4e ou de 3e, j’ai eu le prix décerné par les anciennes élèves du collège. Je me vois recevoir ce prix lors d’une séance solennelle et l’on me demande « Où voulez-vous aller ». Aussitôt je réponds Rome, parce que j’étais latiniste et que j’aimais la langue et l’histoire romaine. Consternation du professeur d’anglais qui, quelques jours plus tard me dit : tout est arrangé pour que vous alliez à Londres. J’y suis donc allée très jeune et j’y suis retournée tous les étés parce que la famille qui m’avait hébergée la première fois s’est prise d’amitié pour la jeune bretonne que j’étais. À partir de là, j’ai parlé et rédigé anglais couramment. Ensuite, quand je suis entrée à la fac de Rennes, j’étais toujours latinistehelléniste. Puis j’ai voulu faire philo, et finalement anglais. Je ne l’ai jamais regretté car l’anglais a fait que plus tard l’on m’a proposé des postes liés à l’international.
PLACE PUBLIQUE > Votre spécialisation dans le théâtre américain, comment cela est-il arrivé dans votre vie ?
LILIANE KERJAN > Au moment de préparer ma thèse, un de mes professeurs m’a dit : lisez cela pendant l’été et nous en reparlons à la rentrée. Dans la pile de livres, deux auteurs devinrent mes favoris : Norman Mailer et Edward Albee. J’ai hésité et ai opté pour Albee car Mailer était trop sombre.
PLACE PUBLIQUE > Vous aviez déjà une passion pour le théâtre
LILIANE KERJAN > Oui, à ce moment-là, j’avais fait une maîtrise sur le théâtre élisabéthain et j’allais régulièrement au théâtre à Rennes ou à Paris. Cela m’intéressait énormément. J’ai fait aussi une formation de théâtre aux États-Unis où l’on apprenait à la fois l’histoire du théâtre, du costume et de la mise en scène. Mais en plus, nous faisions des exercices de groupes, de cri, de danse, de mouvement. Nous étions supposés à la fin de l’année pouvoir présenter une séquence de West Side Story. Cela m’a beaucoup appris et m’a permis de faire ma thèse dans des conditions optimales car j’avais accès aux metteurs en scène, aux costumes, au budget… Si bien que mon travail sur Edward Albee n’était pas purement spéculatif mais lié à l’expérience, au vécu, à la pratique.
PLACE PUBLIQUE > Cette connaissance intime du théâtre s’est-elle appliquée à votre manière d’enseigner?
LILIANE KERJAN > Oui, à Rennes, mon expérience théâtrale m’a permis de donner des cours qui étaient très d’avant-garde à l’époque. Nous faisions du café-théâtre en anglais toutes les semaines. C’était le théâtre de ces années- là avec de l’absurde, genre Ionesco, un théâtre assez philosophique sur l’aliénation, sur l’autre, un théâtre intellectuel, voire militant. Pour les étudiants, c’était fantastique. Au bout du compte, ils décrochaient tous l’agrégation car ils savaient bouger, savaient lire et poser leur voix. Ils n’étaient pas tirebouchonnés ou bourrés de tics. Je me souviens aussi qu’Edward Albee ayant été mis au concours de l’agrégation, j’ai été amenée très jeune à enseigner à des agrégatifs qui avaient presque mon âge. J’avais acheté sur Broadway les deux 33 tours de Qui a peur de Virginia Woolf ? Un jour, je leur ai dit : venez chez moi et l’on a écouté la pièce pendant quatre heures. Tout cela autour d’un verre de bourbon. Ils m’en parlent encore !
PLACE PUBLIQUE > Ensuite, vous vous lancez dans des études de droit. Pourquoi ?
LILIANE KERJAN > À un certain moment, il y a eu une évolution dans les études anglo-américaines. Il s’agissait désormais de faire de la « civilisation américaine». Alors que beaucoup de mes collègues donnèrent des cours d’histoire, moi je décidai de faire des cours de droit. Pour acquérir une compétence, j’ai entrepris une licence de droit, ici, à la fac de droit de Rennes et j’ai passé toutes les épreuves. J’ai repris mon nom de jeune fille afin d’être incognito. Il me fallait jouer avec mon emploi du temps d’enseignante à Rennes 2. Mais je voulais le titre. Cela m’a permis d’aller à des séminaires et de poursuivre des études ailleurs, notamment à Yale aux États-Unis.
PLACE PUBLIQUE > Et vous êtes devenue une spécialiste du droit américain ?
LILIANE KERJAN > J’ai donné des cours sur la Cour suprême, sur le droit à la personne, sur la discrimination. J’ai aussi fait des livres, notamment sur les grands arrêts de la jurisprudence américaine, sur l’égalité. Cela m’a permis d’être utile aux étudiants. Et puis, quand je participais à un séminaire de juristes, mon autre culture, la littéraire, donnait une ouverture d’esprit. J’emmenais les juristes au théâtre. À l’inverse, j’apportais aux galopins de théâtre une ouverture sur le droit.
PLACE PUBLIQUE > Au-delà du théâtre et du droit, n’est-ce pas l’amour de la littérature, et de la littérature américaine, qui vous tient depuis le début ?
LILIANE KERJAN > Oui, depuis toujours. D’ailleurs j’assure toujours des chroniques dans La Quinzaine Littéraire. Le comité de rédaction sélectionne des oeuvres américaines et me les envoie. Libre à moi de ne pas parler de tel ou tel livre si cela me paraît sans intérêt. J’ai toujours l’enthousiasme d’un enfant quand je reçois un colis dans la boîte aux lettres en attendant de découvrir le livre qu’il contient.
PLACE PUBLIQUE > Quels auteurs américains aimez-vous ?
LILIANE KERJAN > J’aime Richard Ford, docteur honoris causa de Rennes 2, dont je suis la marraine. J’aime beaucoup le théâtre bien sûr : Miller, Williams, Albee, O’Neill. J’admire beaucoup Truman Capote, Nabokov, Fitzgerald, Steinbeck… Ce sont des classiques que tout le monde adore. Plus récemment des gens comme Cynthia Ozik ou des new-yorkais comme Jay Mc Inerney et son Trente ans et des poussières. C’est une ébullition à l’échelle d’un continent avec toujours une grande vigueur de style. En Amérique, les écrivains ne sont pas vénérés. Ils sont ébahis quand ils viennent en France de découvrir que l’on donne des noms de rue à des écrivains.
PLACE PUBLIQUE > C’est peut-être cette non-sacralisation de l’auteur qui fait de l’écrivain américain un homme sans pose ni affectation de style LILIANE KERJAN > Oui, l’Américain intellectualise moins. Il laisse place à l’action ou au paysage. Le roman français lui s’est beaucoup gâché avec l’introversion, le nombrilisme, le narcissisme et tout cela. L’Américain en est éloigné.
PLACE PUBLIQUE > Et le théâtre : Edward Albee, Arthur Miller, Tennessee Williams, toujours la même passion?
LILIANE KERJAN > Tennessee Williams, c’est remarquable. Je suis ravie car on continue de jouer régulièrement ces auteurs à Paris. Ils sont très différents. Williams est un homme du Sud, très flamboyant, très à fleur de peau, il est dans le désir et la transgression, alors que Miller est un militant : c’est la famille, la société, l’engagement, la trahison qui l’intéressent. Albee, c’est un intellectuel. Il fait moins parler de lui car moins extraverti que les autres. Williams à côté avait une aura internationale et puis le cinéma aussi a permis de le diffuser dans le monde. Les Oscars pleuvaient sur Un tramway nommé Désir.
PLACE PUBLIQUE > Vous venez de publier une biographie de Tennessee Williams, avez-vous d’autres projets de livres?
LILIANE KERJAN > J’ai toujours beaucoup publié. Après le Williams, je publie le 7 mai chez l’éditeur François Bourin un Ce que je sais d’Arthur Miller. Ce n’est pas une biographie chronologique mais thématique. Je travaille en ce moment sur une vie de Scott Fitzgerald. Et j’ai encore deux autres projets chez Albin Michel et Gallimard. Pour la biographie, il faut être en empathie avec la personne dont on parle, il faut de l’affectif pour qu’il y ait une chaleur, il faut aussi de l’estime, il faut aimer le style. C’est beaucoup de travail mais passionnant.
PLACE PUBLIQUE > Ces auteurs américains, vous les avez rencontrés?
LILIANE KERJAN > Oui, j’ai rencontré Arthur Miller pendant toute une soirée à l’issue d’une matinée de sa pièce Ils étaient tous mes fils, qui connaissait un énorme succès sur Broadway. Je rencontrais aussi les auteurs dans les séminaires de théâtre qui étaient une formule épatante. Cela se passait dans l’ancienne maison d’Eugène O’Neill, devenue une fondation. On était hébergés au pair, il y avait 6 critiques, 20 acteurs, 6 auteurs, et tous les jours on répétait. Nous, critiques, on chronométrait, on proposait de refaire telle scène, les auteurs travaillaient, tenaient le plus grand compte de nos remarques. A la fin du mois, les producteurs de théâtre venaient pour voir et éventuellement acheter le spectacle.
PLACE PUBLIQUE > Revenons à votre itinéraire professionnel. Vous avez eu des responsabilités ?
LILIANE KERJAN > Oui, très vite, je me suis vu investie d’une vice-présidence de l’université de Rennes 2. On m’a proposé ensuite les relations internationales, parce que je parlais anglais. Cela a pris essor considérable. Au total, j’ai été vice-présidente de Rennes 2 pendant treize ans. J’aimais et j’aime toujours cette université de Rennes 2.
PLACE PUBLIQUE > Quelle place tient ou devrait tenir l’université dans la ville ?
LILIANE KERJAN > Majeure. Je crois que la force de Rennes est d’être une ville universitaire. Le nombre d’étudiants et d’intellectuels dans la ville est considérable. C’est une ville de pouvoir, de décision, de réflexion. Finalement la richesse de l’offre culturelle de la ville, sa proximité de la campagne et de la mer, fait que c’est très agréable d’y vivre. Notre potentiel est excellent à Rennes. Toutefois, je trouve les universitaires trop discrets. Il faut qu’ils acceptent de descendre sur la place publique pour sensibiliser le grand public à la recherche, aux questions qui se posent aujourd’hui.
PLACE PUBLIQUE > Vous avez aussi été recteur d’académie ?
LILIANE KERJAN > Oui, sous la cohabitation à partir de 2000, j’ai été recteur de l’académie de Limoges pendant cinq ans. Un poste très intéressant parce que l’on voit vraiment toute la société, depuis la maternelle jusqu’à l’université. Il y avait aussi des arbitrages à rendre sur comment maintenir le service public, maintenir l’honneur de l’éducation et l’égalité de traitement des enfants. Ce sont des décisions à longue portée, fondamentales pour la société. Je voulais être proche du terrain et me faisais un point d’honneur d’être tous les mardis dans l’un des départements de mon académie. Rien de tel que de parler avec les gens, même si cela pouvait parfois signifier des manifestations hostiles. Normal, la carte scolaire reste un enjeu majeur. Ce poste m’a permis aussi d’apprécier l’identité d’une région, ce Limousin, extrêmement rural, sa forte tradition issue de la Résistance, son alliance inédite entre communistes et chiraquiens…
PLACE PUBLIQUE > Et l’on en arrive à l’Institut franco-américain de Rennes…
LILIANE KERJAN > Après Limoges, je suis revenue un moment à Rennes 2, puis j’ai arrêté. C’est alors, en 2007, que j’ai été élue présidente de l’Institut Franco-Américain. Lors de la visite protocolaire que j’ai faite auprès du maire Edmond Hervé, je lui ai demandé quelles étaient les missions de l’Institut auxquelles il tenait. Réponse : des conférences de haut niveau, pour faire réfléchir les Rennais, parce que nous sommes une ville universitaire, une ville de clercs. Cela veut dire organiser des débats de qualité sur des questions de société, de manière à ce qu’en échangeant des deux côtés de l’Atlantique chacun réfléchisse à des solutions. Et cela marche ! Avant-hier, nous avions une conférence sur Simone de Beauvoir et l’existentialisme à New York. Eh bien, il y avait 95 personnes !
PLACE PUBLIQUE > Le public rennais est-il toujours au rendez- vous ?
LILIANE KERJAN > C’est un lieu aimé des Rennais. La cour, l’auditorium, cela plaît. Et si tant est que l’on boive un peu de vin californien quand il y a des invités, les gens sont heureux d’être là. Au moment des élections américaines, c’est la folie. On va revivre cela à l’automne. Pour Obama, la dernière fois, à 6 heures du matin, il y avait la queue jusque sur les quais. Les gens se tombaient dans les bras. Toutes les radios et télés étaient là. C’était une effusion générale qui tenait aussi au caractère exceptionnel de l’élection d’un président noir.
PLACE PUBLIQUE > C’est aussi une affaire d’amitié entre les peuples
LILIANE KERJAN > Oui, par exemple, nous allons recevoir des étudiants. Nous avons des visiteurs de passage, récemment de Louisiane. Nous sommes en cheville avec le groupe Rochester-Rennes. Par ailleurs, nous avons des étudiants américains qui sont à la fac qui viennent ici comme bénévoles à la bibliothèque ou pour animer des groupes de conversation. Notre bibliothèque est entièrement en américain, des revues, des abonnements. Les gens viennent dans notre bibliothèque emprunter des livres, de la musique. Ils viennent ici lire le journal. Il y a des habitués. On pousse la porte, on prend un café, on parle avec des Américains qui passent par là. Le samedi, ce sont davantage des familles avec des enfants. Ils regardent, ils empruntent, ils rendent le samedi suivant. On propose aussi des spectacles pour enfants.
PLACE PUBLIQUE > Quelle est l’origine de l’Institut ?
LILIANE KERJAN > Cette origine est émouvante et historique. Rennes a été libérée par le général Patton et ses troupes. Les Rennais en ont conçu de la gratitude. La municipalité de l’époque continuait à penser que l’on devait beaucoup aux Américains. Cette idée a mis du temps, mais il y avait le QG du Plan Marshall ici, dans cet hôtel particulier. Le bâtiment a été acquis par la ville et l’ambassade des États-Unis pour y installer un Institut en 1961. Au début cela fonctionnait un peu comme une Alliance Française. En haut, il y avait les cours et puis ici, au premier l’administration, et en bas une bibliothèque. Il y a trois ans la Ville a souhaité séparer l’activité commerciale des cours qui pouvait être considérée comme une concurrence déloyale. Parallèlement, l’ambassade s’était aussi retirée de l’affaire patrimoniale. Il a été décidé de ne garder que l’aspect culturel : donc conférences, ciné-club ciné-débat, expositions, rencontres-signatures de livres, présence d’artistes, animations. Il y a des semaines où presque tous les soirs sont pris. Nous disposons de 105 places ici dans l’amphi et c’est entrée libre, sauf pour les concerts.
PLACE PUBLIQUE > Comment est organisé cet Institut francoaméricain ?
LILIANE KERJAN > C’est une structure légère et économe. Une bibliothécaire à temps complet, Marie de la Villès-brunne ; Adélaïde Minier s’occupe de l’administration et de la communication tandis qu’Émilie Le Gall, à temps partiel, est en charge de la maintenance. Je préside bénévolement le conseil d’administration, au côté d’un trésorier, d’un vice-président américain et d’administrateurs français et américains.
PLACE PUBLIQUE > Des projets pour l’Institut?
LILIANE KERJAN > Soyons immodestes, nous faisons venir et nous voulons faire venir les meilleurs spécialistes français de l’Amérique. Mon ambition est que cela devienne une référence que d’avoir été invité ici. Nous établissons un programme annuel, mais nous sommes capables de réagir vite à l’actualité. Littérature, art, politique, histoire, le champ est vaste : la présidentielle américaine, l’impressionnisme, Sacco et Vanzetti… Nous avons un partenariat avec Rennes 2. Cela fait partie du message : oui, il y a de gens de qualité venant la Sorbonne, mais d’ici aussi : des historiens de l’art, des littéraires, des civilisationnistes. Nous sommes le seul Institut Franco-Américain en France : une vraie fierté.
PLACE PUBLIQUE > Une question pour finir, vous écrivez aussi des romans?
LILIANE KERJAN > Oui. J’ai écrit et publié cinq romans policiers mais sous un autre nom que le mien, un nom de plume.
PLACE PUBLIQUE > Quel est votre nom de plume?
LILIANE KERJAN > Je ne le dis pas, sinon j’aurais publié sous mon nom. Ces romans, je trouve cela amusant à faire. Ils sont bien écrits selon l’avis de l’éditeur et des lecteurs. Mais, franchement, ce n’est pas ce que je sais faire de mieux. Et puis, ce n’est pas suffisamment violent pour le goût actuel des lecteurs.
PLACE PUBLIQUE > Vous voulez dire que c’est plutôt du genre Agatha Christie ?
LILIANE KERJAN > Oui, c’est cela. Agatha Christie et Simenon seraient plutôt mes modèles.
PLACE PUBLIQUE > L’action de ces polars se passe-t-elle en Bretagne ?
LILIANE KERJAN > Oui, il y en a qui se passent en Bretagne, cela faisait partie de la prescription de départ. Mais de là à dire que j’écrirai un roman, non. Je suis très admirative des nouvelles, oui, éventuellement. Je travaille de manière soutenue. Ce que je cherche à faire ce ne sont pas des livres universitaires, trop savants. Je les veux bien écrits et bien informés, sans trop de citations ni de notes. Partager un savoir, être à la portée de tout lecteur et être appréciée par les universitaires, cela me convient bien : une gageure et un vrai plaisir.