Les élections municipales auront lieu les 23 et 30 mars 2014. Dans les mois qui nous séparent de cette échéance, les équipes vont se constituer, les programmes s’élaborer, les rivalités s’exacerber. Dans cette perspective, Place Publique a choisi de consacrer le dossier de ce numéro à ce grand rendez-vous démocratique. À Nantes comme à Rennes, les deux revues urbaines ont cherché, chacune à leur manière, à explorer les ressorts de cette élection et à en identifier les enjeux principaux.
Des enjeux de pouvoir, d’abord. élections de proximité par excellence, les municipales n’échappent toutefois pas au contexte national du moment. Le rappel détaillé des résultats des six scrutins qui se sont déroulés dans l’Ouest depuis 1977 traduit bien cette ambivalence, entre le choix d’un homme (ou d’une femme !) et d’un programme, d’une part, et l’ombre portée de la conjoncture hexagonale d’autre part. A cet égard, l’édition 2014 apportera peut-être son lot de surprises.
Le « métier de maire », lui aussi, évolue. Les élus se professionnalisent, le pouvoir se déplace insensiblement de la commune vers l’intercommunalité, dessinant les contours inédits de nouveaux rapports de force territoriaux. Qui dit élection, dit participation - plus ou moins forte selon les éditions et le climat ambiant - et choix partisans. Depuis 1977, la gauche modérée semble avoir trouvé dans ces régions de l’Ouest un terreau fertile à son enracinement. La droite, elle, n’a pas réussi à redresser la tête. Fidèle à sa vocation de revue de débats et de réflexion, Place Publique analyse, met en perspective, sans prendre parti.
Nous avons également souhaité comprendre les ressorts de l’engagement en politique, à l’heure où celui-ci souffre d’un discrédit assez général. Les témoignages de militants, d’un ancien candidat, de deux « petits » maires et de l’épouse d’un homme politique de premier plan, éclairent avec force et sensibilité les mobiles des acteurs.
Plusieurs contributions viennent prolonger cette analyse, notamment une étude inédite de la richesse produite par les 38 communes de Rennes Métropole, et une présentation critique de la dynamique démographique dans le département d’Ille-et-Vilaine.
Il est aussi question d’économie, sociale et solidaire, celle-là, dans l’entretien que nous a accordé le rennais Antoine Pillet, un homme de conviction qui, à 86 ans, a toujours le mot innovation à la bouche !
De l’innovation, l’architecte Georges Maillols n’en manquait pas. À l’occasion de l’exposition que lui est consacrée à l’école d’architecture en novembre, un groupe d’étudiants a revisité l’oeuvre du père des Horizons. Un dialogue générationnel fécond.
Autre figure rennaise marquante, celle de l’anthropologue Jean Gagnepain, dont l’enseignement a fortement influencé les étudiants de Villejean dans les années 1980. Pour Place Publique, La psychanalyste rennaise Laurence Nadal- Arzel décrypte les arcanes d’une pensée complexe mais furieusement innovante. Avec sa théorie de la médiation, Gagnepain a en effet jeté les bases d’une nouvelle compréhension du langage. Enfin, la publication de la correspondance entre Albert Camus et Louis Guilloux a poussé notre chroniqueur littéraire Georges Guitton à retrouver les traces laissées en Bretagne par l’auteur de La peste. En août 1947, dix ans avant de recevoir le Nobel de littérature, Camus s’était rendu sur la tombe de son père, mort de ses blessures de guerre en novembre 1914 et enterré à Saint- Brieuc. Un voyage sombre et funèbre, dans une Bretagne qu’Albert Camus n’a pas aimée.
Dans sa diversité, ce 26e numéro de Place Publique fait ainsi la part belle à des femmes et des hommes engagés, aux convictions affirmées. Bonne lecture !