Le papier imprimé se retrouve partout dans la ville : sous forme de livres, de journaux, de tracts, d’affiches, de billets de banque… Même si les écrans numériques envahissent peu à peu notre quotidien, l’encre irrigue toujours nos rues et nos vies. À Rennes, cette histoire de papier a durablement marqué notre culture économique et urbaine. Imprimeries Oberthur, rotatives de Ouest- France, maisons d’édition des Presses Universitaires de Rennes ou d’Édilarge : la capitale bretonne apparaît à bien des égards comme une ville de l’écrit. C’est à la découverte de cet univers à la fois technique et sensible que vous invite le dossier de ce numéro 28 de Place Publique. De l’origine des premières presses à imprimer aux parcours des typographes, en passant par l’actualité de l’édition locale, cette plongée dans le « Rennes de papier » permet de mieux comprendre notre territoire. La présence du premier quotidien de France, du champion de l’almanach du facteur ou de l’un des leaders mondiaux du billet de banque contribue à perpétuer ce savoir-faire. Sans oublier l’activité, pionnière au niveau national, de recyclage du vieux papier avec la Feuille d’érable, née à Rennes il y a trente ans !
    L’invité de ce numéro, lui, vient tout droit du monde du numérique. Jocelyn Denis, le jeune fondateur et dirigeant de l’entreprise rennaise Digitaleo, propose à ses clients de solutions de marketing digital. Dans ce grand entretien, il commente son parcours de créateur, explique pourquoi il a choisi d’emménager ce mois-ci avec ses équipes dans une ancienne halle industrielle à la Courrouze, et comment il compte participer au développement de l’écosystème local.
    Notre rubrique patrimoine, quant à elle, s’attache à faire revivre la figure de Charles Foulon, dont la vie d’engagement(s) a traversé le siècle dernier. Elle s’intéresse également à l’oeuvre de l’architecte Jean-Gérard Carré, qui a réalisé de nombreux programmes de logements sociaux à Rennes durant une carrière de près de quarante ans.
    Parmi les contributions publiées dans cette édition, à noter l’interview croisée des présidents des deux universités Rennes 1 et Rennes 2, à la veille du vote de leurs conseils d’administration sur le principe d’une fusion. Ils défendent leur point de vue, sans éluder les critiques et sous-estimer les difficultés d’une telle entreprise.
    Afin de prolonger l’analyse des causes et conséquences de la crise bretonne et pour alimenter le débat, Alain Even et Yves Morvan, tous deux anciens présidents du Conseil économique et social de Bretagne, reviennent sur les origines du malaise régional mais ne se résignent pas à un défaitisme généralisé. Stimulant !
    La mémoire du professeur Jean Raux, disparu fin décembre, est également saluée par ses collègues et amis, dans un texte sobre et reconnaissant.
    Attentive aux débats dans la cité, Place Publique ne pouvait pas ignorer le formidable écho rencontré à Rennes par le documentaire Les jours heureux, sur le programme du Conseil national de la Résistance. Resté treize semaines à l’affiche, il a touché plus de 3 500 spectateurs engagés et passionnés. Les propositions collectées à l’issue des projections prouvent l’étonnante modernité de ce texte fondateur, écrit dans la clandestinité à la veille de la Libération. Les initiatives urbaines, d’ici et d’ailleurs, ne sont évidemment pas absentes de ce numéro. Elles abordent la question complexe du périurbain à l’heure de l’extension des frontières métropolitaines, elles revisitent la conservation patrimoniale en version québécoise, et questionnent l’habitat intergénérationnel à Gévezé, un programme couronné par un récent prix Architecture de Bretagne.
    Enfin, la rubrique « Rennes des écrivains » donne carte blanche à Gaëtan Lecoq, qui nous plonge dans la nostalgie de son quartier d’enfance, en plein Mai 68. Une nouvelle au délicieux parfum de Guerre des boutons, à l’ombre du clocher de Jeanne d’Arc. Bonne lecture !